>>À Venise, des "gondolières" vous apprennent à ramer
>>Inondations en Sicile: douze morts, dont une famille de neuf Italiens
Un salon du Gritti Palace, un des hôtels de luxe de Venise, le 12 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous sommes en train d'affronter une marée plus qu'exceptionnelle. Tout le monde est mobilisé pour gérer l'urgence", a tweeté le maire de Venise, Luigi Brugnaro.
"Demain 13 novembre, nous demanderons l'état de catastrophe naturelle parce que les coûts (des dégâts) seront probablement importants et nous nous attendons toujours à ce que le niveau de l'eau remonte", a ajouté M. Brugnaro.
"Nous avons besoin que tout le monde nous aide à faire face à ce qui est clairement les effets du changement climatique", a ajouté le maire présent, sur une barque, sur la célèbre place Saint-Marc en fin de soirée.
Vers 23h30, le Centre des marées indiquait une hauteur de marée à 1,87m, soit la plus importante "acqua alta" depuis le record enregistré le 4 novembre 1966. Le niveau de marées est enregistré à Venise depuis 1923.
Un niveau de 1,87m qui ne signifie pas pour autant que la Cité des Doges se trouve immergée sous près de deux mètres d'eau.
Il faut en effet retrancher de cette hauteur le niveau moyen de la ville qui se trouve entre un mètre et 1,30m.
Des journalistes de l'AFP-TV se trouvant dans les ruelles de la cité lacustre ont déclaré avoir mesuré le niveau de l'eau "à environ 1,20 m à certains endroits".
"On était au courant du phénomène mais on a pris un bus en se disant que ça allait être cool, on va boire un petit verre, et voilà....", a déclaré à l'AFT-TV une touriste française, faisant partie d'un groupe, surprise par la montée exceptionnelle des eaux.
"On s'est dit +on est des filles courageuses+ et puis il y a avait les pontons donc ça allait", a-t-elle ajouté.
Phénomène plus fréquent
Evénement rare lui aussi, le vestibule (narthex) de la basilique Saint-Marc, joyau de la Sérénissime, a été inondé mardi et le procurateur de l’édifice Pierpaolo Campostrini (autorité locale) avait prévu des tours de garde dans la nuit pour surveiller la montée du niveau des eaux.
Selon M. Campostrini, une inondation comme celle de mardi s'est seulement produite cinq fois dans l'histoire de la basilique -érigée en 828 et reconstruite après un incendie en 1063-, la donnée la plus préoccupante étant que sur ces cinq précédents, trois ont été constatés au cours des 20 dernières années, dont une fois en 2018.
Venise est régulièrement concernée par le phénomène des "acque alte", pics de marées particulièrement prononcés qui provoquent la submersion d'une partie plus ou moins grande de la zone urbaine insulaire.
L'acqua alta inonde souvent les parties basses de la ville, dont la place Saint-Marc et peut être amplifiée par le sirocco, comme cela a été le cas dans la soirée de mardi 12 novembre.
Pour protéger la ville de cette calamité qui altère chaque fois un peu plus son patrimoine artistique, le projet M.O.S.E. (acronyme de Module expérimental électromécanique, et signifiant Moïse en italien) est en cours de construction depuis 2003 mais le surcoût et les malfaçons ont entraîné de nombreux retards.
Le projet consiste à installer 78 digues flottantes qui se lèveraient pour fermer la lagune en cas de montée de la mer Adriatique.
"Venise continue d'être affligée par des eaux exceptionnellement hautes. L'année dernière, cette année, c'est la même chose", a déploré Luigi Brugnaro.
"Nous demandons au gouvernement de participer et d'expliquer où en est l'organisation du M.O.S.E., parce qu'on risque de bientôt ne plus arriver à faire face", a ajouté le maire.