France
Un an après le drame de la rue d'Aubagne, des milliers de Marseillais dans la rue

"Il y a un an, on était sous le choc, maintenant on est révoltés" : samedi 9 novembre, comme des milliers d'autres Marseillais, Alice a crié sa colère, un an après l'effondrement de deux immeubles dans le centre populaire de la ville, qui a fait huit morts.

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Manifestation à Marseille, le 9 novembre 2019, un an après l'effondrement de deux immeubles insalubres ayant fait huit morts, rue d'Aubagne.
Photo : APF/VNA/CVN

Sous un grand soleil mais dans le froid, les manifestants se sont retrouvés dans une ambiance festive, au son des percussions. Certains portaient, en guise de couvre-chef, une maison ou un petit immeuble en carton.

Dans la foule, des militants des collectifs créés après la catastrophe, des syndicalistes et des familles du quartier et de tout Marseille se sont retrouvés, un an après la catastrophe.

Alice, 34 ans, travailleuse sociale, fait partie de ceux qui n'ont pas cessé de protester contre le mal-logement depuis le 5 novembre 2018 : "S'il y a une chose à retenir de ce drame, c'est la formidable mobilisation citoyenne qui a suivi".

"Ni oubli, ni pardon"

Quand le cortège s'ébranle en milieu d'après-midi en direction de la rue d'Aubagne, où a eu lieu le drame, les familles des victimes des effondrements en prennent la tête, derrière une grande banderole : "Ni oubli, ni pardon".

Les Marseillais manifestent un an après les effondrements de la rue d'Aubagne.
Photo : AFP/VNA/CVN

Sur la place Homère, au milieu de la longue rue d'Aubagne, des manifestants sortent de la marche pour allumer une bougie sur l'autel de fortune installé en pleine rue et surmonté des photos des victimes des effondrements.

"Ce qui est arrivé là, on n'oubliera jamais", assure Fayçal Oubada, venu manifester en famille. "Ça fait vraiment mal de se rendre compte qu'en un an, pas grand-chose n'a changé, si ce n'est qu'il y a encore plus de personnes à la rue". "En dehors des problèmes de logement, tout Marseille a réalisé avec ce drame qu'il faut un grand changement dans cette ville", renchérit le père de famille.

Un "grand changement" appelé de ses vœux aussi par Jean-Luc Mélenchon, le porte-parole de La France Insoumise et député du secteur, qui participait à la marche. "Marseille a été la face la plus visible et la plus violente d'une réalité qui est nationale", a déclaré M. Mélenchon lors d'un point presse. "Mais il est vrai qu'il y a une incurie locale qui est spectaculaire".

Sur les pancartes et dans les slogans, les attaques contre le maire Jean-Claude Gaudin, aux manettes de la ville depuis un quart de siècle, fusent: "Gaudin, assassin", "Mairie = incurie". "C'était pas la pluie !", scandent des manifestants, en référence aux premières réactions de la mairie, qui avait évoqué il y a un an, juste après la catastrophe, les pluies diluviennes des jours précédents pour expliquer - au moins en partie - le drame.

En début de soirée, alors que le cortège allait atteindre la mairie, Emmanuel Patris, membre du collectif Un Centre-ville pour tous, hurle au micro : "40.000 logements insalubres, 100.000 Marseillais qui vivent dans des taudis, mais la crise est résorbée, ont-ils dit !".

Sous les fenêtres du maire, sur le Vieux-Port, à la tombée de la nuit, l'ambiance se tend. Jets de projectile sur les forces de l'ordre, pétards et fumigènes, charge policière: le cortège se disperse progressivement. Qu'importe pour Kevin Vacher, du collectif du 5 novembre : "Gaudin, Vassal et leur clique resteront sourds, il ne faut pas se faire d'illusion. Depuis un an nous n'avons pas compté sur eux mais sur nos propres forces", tweete le militant.

La manifestation a rassemblé 15.000 à 20.000 personnes selon le collectif, 6.700 selon la police. Une dizaine de personnes ont été interpellées, et un policier a été blessé par un projectile qui l'a atteint à la gorge, selon une source policière.

AFP/VNA/CVN

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