Singapour serre la vis aux trottinettes électriques après des accidents

Singapour avait d'abord accueilli à bras ouverts l'arrivée des trottinettes électriques, mais des accidents mortels et des incendies liés aux chargeurs ont poussé les autorités à imposer des limitations drastiques aux conducteurs de ces deux roues, qui risquent des peines de prison.

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Photo : AFP/VNA/CVN

Dans de nombreuses villes dans le monde, l'apparition de ces nouveaux engins silencieux a vite été perçue comme une menace par les piétons et les pouvoirs publics ont commencé à vouloir les réguler.

Dans la cité-État d'Asie du Sud-Est toujours friande de nouvelles technologies, des dizaines de milliers de trottinettes ont envahi les trottoirs. Les salariés les ont adopté pour se rendre à leur travail et les livreurs pour apporter des repas.

Mais des incendies d'appartements attribués à des chargeurs défectueux et la mort d'un cycliste âgé après une collision avec une trottinette en septembre a déclenché une vague de colère.

La semaine dernière, les autorités de Singapour ont décrété l'interdiction des trottinettes électriques sur les trottoirs, alors qu'elles étaient déjà interdites de circulation sur les routes. Seul leur usage sur les pistes cyclables et les voies reliant des parcs reste autorisé.

Les usagers contrevenants seront dans un premier temps punis par des avertissements et à partir de début janvier ils risqueront une peine de prison allant jusqu'à deux mois et une amende maximum de 2.000 dollars singapouriens (1.200 euros).

Cette sévérité a surpris, alors qu'un panel d'experts avait recommandé des mesures plus douces, comme un test théorique obligatoire. Et elle a provoqué des protestations chez les aficionados des trottinettes.

"C'est vraiment un abus de réglementation", objecte Venkata Goruganthu, qui utilise sa trottinette électrique pour se rendre de chez lui à son bureau tous les jours.

"Il y a aussi des accidents de voiture et des gens qui meurent, mais est-ce qu'on va aussi interdire les voitures maintenant ?", demande-t-il, interrogé par l'AFP.

Ce technicien de 41 ans doit maintenant prendre les transports publics pour se rendre à son travail, ce qui double son temps de trajet à 45 minutes.

Conducteurs "imprudents"

De nombreux autres habitants approuvent pourtant cette initiative qui vise à limiter l'usage des trottinettes dans la ville où l'espace est rare. La cité-État compte quelque 100.000 trottinettes pour 5,7 millions d'habitants.

"Les gens ne sont pas raisonnables, ils sont imprudents", observe Vasukie Mayandi, une employée de banque de 51 ans.

Singapour a décidé à son tour de serrer la vis aux trottinettes électriques, qui servent notamment aux livraisons de repas, après des accidents.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Ils veulent se rendre quelque part très vite mais ils ne pensent pas que d'autres gens utilisent aussi les mêmes voies".

Les utilisateurs de trottinettes pourront encore rouler sur quelque 440 kilomètres de pistes cyclables, appelées à se développer, mais les 5.500 kilomètres de voies piétonnières leur sont interdites.

En réponse, le géant sud-est asiatique du VTC Grab a annoncé suspendre son offre de location de trottinettes et le gouvernement a indiqué qu'il n'autoriserait pas d'autres compagnies à proposer des offres similaires.

Nouvelles réglementations

Les mesures de régulation des trottinettes électriques se multiplient dans le monde. La semaine dernière, la France a limité leur vitesse à 25 km/h, interdit leur circulation sur les trottoirs, et imposé un âge minimum de 12 ans pour les conduire.

L'Allemagne bannit ces engins des trottoirs tandis que Londres a l'approche la plus stricte des villes européennes en n'autorisant que les utilisateurs de trottinettes dûment munis d'un permis de conduire, d'une assurance, d'un casque et d'une plaque d'immatriculation.

À Singapour, ceux qui déplorent le plus la nouvelle réglementation sont le très nombreux contingent de livreurs de repas, via les applications Deliveroo ou Grab.

Ces travailleurs indépendants ont rencontré un ministre jeudi 7 novembre pour exprimer leur inquiétude et suggérer des alternatives, comme l'instauration d'un permis ou d'un âge limite de 18 ans, a rapporté le quotidien local Straits Times.

L'un de ces livreurs, Benjamin Goh, a dû enfourcher un vélo pour continuer à faire des livraisons.

Mais dans le climat chaud et humide de Singapour, "c'est très fatiguant pour moi d'aller à vélo", explique le père célibataire de 26 ans en soulignant qu'il fera moins de courses et rapportera moins d'argent à la maison sans trottinette.

Il estime que les livreurs sont punis à cause du mauvais exemple de quelques conducteurs de trottinette du dimanche 10 novembre irresponsables.

AFP/VNA/CVN

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