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Le président Nicolas Maduro voit la Cour suprême vénézuélienne revenir sur sa décision de s'attribuer les pouvoirs du parlement. |
Le Parlement, dominé depuis décembre 2015 par l'opposition de centre droit au président socialiste, a déclaré que ce recul était insuffisant, estimant que se poursuivait un "coup d'État" voulu par M. Maduro pour renforcer son pouvoir.
La haute juridiction, considérée comme favorable au président, a d'abord annoncé qu'elle revenait sur sa décision du 29 mars de s'arroger les pouvoirs législatifs, qui avait déclenché une vague de réprobation internationale.
L'Organisation des États américains (OEA) avait été jusqu'à dénoncer un "coup d'État". La Cour suprême est également revenue sur sa décision de priver les députés de leur immunité. Elle a aussi annulé les pouvoirs élargis qu'elle avait conférés précédemment au président Maduro afin de lui permettre de réviser les lois sur le crime organisé, le financement du terrorisme, ainsi que le code pénal et celui de la justice militaire.
Ce recul est intervenu après un Conseil de défense réunissant des représentants des principales institutions du pays, convoqué par M. Maduro, qui s'est fait conciliant face à ce qu'il a lui-même qualifié "d'impasse" dans la crise politique que traverse le Venezuela.
Le président a offert de renouer le dialogue avec la coalition d'opposition de centre droit, la Table de l'unité démocratique (MUD), suspendu depuis décembre. Le camp de M. Maduro est engagé dans un bras de fer avec l'opposition antichaviste (du nom de Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013) depuis qu'elle a largement remporté les législatives de décembre 2015.
Elle réclame le départ de M. Maduro du pouvoir, des élections anticipées, et, renforcée par la pression internationale, a appelé à descendre massivement dans la rue.
"Nous allons planifier des actions de protestation, lancer un immense mouvement de pression citoyenne et de résistance", a promis le chef des députés de l'opposition, Stalin Gonzalez.
Une manifestation a eu lieu samedi sur une place de Caracas, où un millier de personnes, en présence de parlementaires de l'opposition, ont réclamé des élections générales anticipées.
"Des élections générales, pas de dialogue", a déclaré à l'AFP Eugenia Salazar, une retraitée âgée de 67 ans, qui participait au rassemblement. "Ils ont violé la Constitution en tentant d'annuler le Parlement et maintenant ils reculent, mais nous sommes toujours en dictature", a-t-elle dit. Les forces de sécurité ont par la suite dispersé les manifestants à l'aide de gaz lacrymogène.
Critiques dans le camp Maduro
M. Maduro est sous une forte pression internationale - États-Unis, Union européenne, Nations unies et une dizaine de pays d'Amérique latine - qui ont critiqué le non-respect de la Constitution.
Une réunion d'urgence a été convoquée par l'Organisation des États américains (OEA) lundi 27 mars à Washington.
Six pays d'Amérique du Sud avaient également condamné vendredi 31 mars la rupture de "l'ordre démocratique" au Venezuela, et réclamé "son rétablissement rapide", dans une déclaration conjointe publiée à Buenos Aires.
Vendredi 31 mars, la Cour avait été critiquée pour la première fois dans le camp même de M. Maduro. Une haute responsable, Luisa Ortega, la chef du parquet au niveau national, considérée comme affiliée au camp présidentiel, avait dénoncé une "rupture de l'ordre constitutionnel".
M. Maduro a eu samedi 31 mars une entrevue avec Mme Ortega. Le gouvernement a diffusé une vidéo de la rencontre, qui a eu lieu en présence notamment du maire de Caracas, Jorge Rodriguez. Mais aucun des participants n'a fait de déclaration à la presse pendant ou après la réunion.
Outre la profonde crise politique en cours, le Venezuela, pays pétrolier qui a connu trois tentatives de coup d'État depuis 1992, est frappé par une pénurie qui concerne 68% des produits de base, et l'inflation y est devenue incontrôlable (1.660% fin 2017, selon une prévision du FMI).
Mais M. Maduro a fermement mis en garde ses adversaires, dénonçant une nouvelle fois un complot ourdi par les Etats-Unis, au travers de l'OEA, pour le destituer. "Que personne ne tente de profiter des circonstances pour (se lancer dans) des aventures, car la volonté de contrer des aventures putschistes est totale", a-t-il averti.