Serbie : le Premier ministre Vucic veut s'imposer en patron

Le Premier ministre de la Serbie Aleksandar Vucic entend endosser dimanche 2 avril le costume de chef de l'État, au terme d'une campagne présidentielle qui a vu l'opposition crier à la dérive autoritaire du pouvoir.

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Aleksandar Vucic, Premier ministre de la Serbie et candidat à l'élection présidentielle à Belgrade, le 24 mars 2017.

À en croire les sondages, l'homme fort du pays, un ancien ultranationaliste de 47 ans converti au centrisme et au rapprochement avec l'Union européenne, peut espérer l'emporter dès le premier tour face à une opposition faible qui présente 10 candidats.

Avec Vucic, le poste de président, aujourd'hui honorifique, retrouverait l'importance qu'il avait sous Slobodan Milosevic (1989-1997) ou le libéral Boris Tadic (2004-2012), tant Aleksandar Vucic tient solidement les rênes de son pays et de son Parti du progrès (SNS), qui contrôle le Parlement. Le nouveau Premier ministre serait son obligé et son collaborateur.

Trouble-fête anticorruption

L'ultranationaliste Vojislav Seselj, qui se présente également, demande "que tout le pouvoir ne soit pas concentré dans les mains d'un seul homme, Aleksandar Vucic", Premier ministre depuis 2014.

C'est un point d'accord avec les candidats pro-européens et libéraux Vuk Jeremic et Sasa Jankovic. Tous espèrent forcer Aleksandar Vucic à un second tour le 16 avril. À moins que ce rôle n'échoit à un amuseur public, Luka Maksimovic, qui incarne un personnage fictif et loufoque, "Beli", créé pour moquer la corruption de la politique serbe.

Dans les sondages, il est crédité comme Jeremic, Jankovic et Seselj d'environ 10% des voix, signe pour beaucoup du désarroi de l'opposition et de la déliquescence de la vie publique dans ce pays de 7,1 millions d'habitants, candidat à l'adhésion à l'Union européenne.

Si la victoire finale semble hors d'atteinte, l'enjeu est d'importance, selon le cercle de réflexion Eurasia Group: le qualifié pour un second tour, qui serait un référendum pour ou contre Vucic, "pourrait y trouver suffisamment d'élan pour s'imposer" pour la suite comme la figure de proue de l'opposition.

Aleksandar Vucic a été accusé de dérive autoritaire, un reproche qui trouve un certain écho comme chez Mihajlo, un taxi de 59 ans qui ne veut "plus que le pouvoir soit entre les mains d'un seul politicien".

Domination médiatique

Moquant l'incapacité de l'opposition à remettre en cause son hégémonie, Aleksandar Vucic l'a attaquée durement, l'accusant par exemple de recevoir "des millions d'euros de certains pays étrangers".

"Les 10 qui s'unissent contre un seul (...) veulent arrêter le progrès de notre pays, le ramener au passé pour pouvoir se remplir les poches", a-t-il lancé en meeting.

Il a aussi vanté ses bons résultats économiques avec une croissance revenue à 2,8% en 2016, même si le revenu moyen reste un des plus faibles d'Europe à 330 euros. Au grand dam de l'opposition, il a aussi pu compter sur les médias. Selon une étude publiée cette semaine par le quotidien indépendant Danas, Aeksandar Vucic a bénéficié de 51% du temps d'antenne dédié à la campagne par les chaînes nationales. Ce pourcentage "monte à 67% si on y inclut ses apparitions télévisées en tant que Premier ministre", selon cette étude.

Le 30 mars, dernier jour de campagne, quasiment tous les quotidiens nationaux avaient les mêmes unes, des pages promotionnelles achetées: "Le 2 avril, donnez un vote décisif à Aleksandar Vucic".

Ancien médiateur de la République, ce qui lui a valu de devenir une figure respectée de la classe moyenne urbaine libérale, Sasa Jankovic assure que des citoyens ont été la cible d'intimidations pour les inciter à voter Aleksandar Vucic.

L'opposition met aussi en garde contre des fraudes électorales, notamment parmi la minorité serbe du Kosovo (120.000 personnes), dont les principaux responsables sont des obligés du SNS.

Quelque 6,7 millions de Serbes sont appelés aux urnes de 07h00 (05h00 GMT) à 20h00 (18h00 GMT). Les premiers résultats sont attendus avant minuit.


AFP/VNA/CVN

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