Annoncé comme difficile en raison de divisions apparues ces derniers jours entre pays européens, le choix a été finalement plus facile que prévu.
M. Van Rompuy, qui partait favori grâce au soutien de la France et de l'Allemagne, a suscité rapidement un consensus des chefs de gouvernement de l'UE réunis à Bruxelles. "Il fera un excellent président", a assuré le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt. "J'ai toujours pensé qu'il fallait un président fort", a pour sa part déclaré le président français Nicolas Sarkozy, soulignant que "d'autres solutions" avaient été envisagées, "notamment celle de Tony Blair". "Mais je suis persuadé que Herman Van Rompuy pourra négocier, portera fièrement le drapeau de l'Europe", a-t-il ajouté, "ce n'est pas du tout un choix par défaut".
L'objectif initial du Traité de Lisbonne, qui créé la fonction de président du Conseil européen, était de permettre à l'Europe de mieux faire entendre sa voir sur la scène internationale, face aux États-Unis et aux puissances émergentes.
La Maison Blanche a salué la nomination, y voyant la promesse d'un partenariat renforcé entre l'Europe et les États-Unis. Mais en choisissant 2 personnalités peu connues, les dirigeants européens semblent avoir clairement revu en baisse leurs ambitions.
Pour les élus Verts du Parlement européen, les grands États pourront rester maîtres des opérations en Europe.
M. Van Rompuy, 62 ans, avec sa présidence stable pour un mandat de 2 ans et demi renouvelable une fois, va remplacer le système actuel de présidence tournante tous les 6 mois, qui donnait le tournis.
Ce chrétien-démocrate flamand, dirige le gouvernement belge depuis un peu moins d'un an. Il s'est fait une réputation dans son pays par sa capacité à nouer des compromis entre les différentes communautés linguistiques. Mais ses opinions sur les questions européennes sont encore peu connues.
Dans sa première déclaration, il a certes affirmé que l'Europe devait jouer "un rôle important" dans le monde, mais a dressé un profil de sa fonction très modeste. Il a indiqué vouloir rester "discret", et se concentrer sur un rôle de facilitateur de compromis entre pays.
M. Van Rompuy passe pour être plutôt un fédéraliste européen. Il a évoqué la semaine dernière l'idée d'un impôt vert européen, pour alimenter le budget de l'UE, s'attirant immédiatement les foudres de la presse eurosceptique britannique.
Le choix de Catherine Ashton a en revanche surpris car elle est une novice en diplomatie. À 53 ans, elle occupe aujourd'hui le poste de commissaire européenne britannique, chargée des dossiers commerciaux. "Je ne prétends pas être un expert" mais "jugez-moi sur mes actes", s'est-elle défendue.
Mme Ashton semble avoir bénéficié de 2 facteurs : la volonté de nommer un sujet de sa Majesté, pour envoyer un "signal" positif au Royaume-Uni alors qu'un retour au pouvoir des conservateurs britanniques eurosceptiques se profile au printemps 2010. Elle a aussi été portée par la volonté de nombreux pays de nommer une femme.
AFP/VNA/CVN