L'Europe divisée pour désigner son premier président

L'Union européenne (UE), très divisée, devait jouer sa crédibilité le 19 novembre à l'occasion d'un sommet délicat pour désigner son premier président et son futur chef de la diplomatie, appelés à mieux faire entendre la voix du continent dans le monde.

Les dirigeants des 27 pays membres de l'UE, à qui reviennent la décision, devaient aborder la réunion de Bruxelles très divisés, après plusieurs jours de tractations infructueuses pour tenter de trouver un consensus sur les noms. Seule la chancelière allemande, Angela Merkel, s'est dite persuadée qu'un accord serait trouvé rapidement. La réunion devait débuter vers 18h00 (17h00 GMT).

L'Europe pourrait donc revire le psychodrame de 2004, lorsque la désignation du président de la Commission européenne (CE) avait donné lieu à d'interminables tractations et une empoignade épique.

Soutenu par Paris et Berlin, mais bloqué par Londres, le Belge Guy Verhofstadt avait finalement laissé la place à un candidat surprise de dernière minute : José Manuel Barroso.

Un nouveau scénario de ce type serait préjudiciable à l'Europe au moment où elle entend avec le Traité de Lisbonne et son président prendre un nouveau départ pour exister davantage auprès de ses citoyens et sur la scène internationale.

Le premier président stable du Conseil européen doit en principe être une personnalité de la droite européenne, pour refléter sa domination sur l'échiquier politique du continent. Tandis que le poste de Haut représentant aux affaires étrangères est revendiqué par la gauche.

Le Premier ministre belge, Herman Van Rompuy, est toujours favori pour la présidence. Discret et prêt à se contenter d'un rôle de facilitateur de compromis, il présente l'avantage du point de vue de certains grands États de ne pas leur faire d'ombre. Il est en concurrence avec, entre autres, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, le Néerlandais Jan Peter Balkenende, voire même le Britannique Tony Blair, toujours soutenu bec et ongle par Londres, malgré de maigres chances de l'emporter.

Selon Martin Schultz, président du groupe socialiste au Parlement européen, Paris et Berlin sont d'accord pour soutenir un candidat du Benelux. "Mon impression est que tout va dans la direction de M. Van Rompuy ou de M. Juncker", a dit M. Schultz à une radio allemande. Mais d'autres noms pourraient sortir du chapeau, comme celui de l'ex-présidente lettone, Vaira Vike-Freiberga, 71 ans, qui surfe sur la vague "féministe" qui a déferlé ces derniers jours à Bruxelles et mène une campagne "à l'américaine". "Dans mon entourage de ministre des Affaires étrangères, il y a sans aucun doute une forme d'inquiétude qu'une partie des chefs de gouvernement tende à une solution minimale sur la question du président, qui réduirait nos possibilités d'avoir une voix claire dans le monde", a déploré le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt. Ce dernier a évoqué "une occasion manquée historique". La confusion est encore plus grande au sujet du Haut représentant qui sera également vice-président de la CE et sans doute la personnalité comptant le plus dans la nouvelle Europe.

Le chef de la diplomatie britannique, David Miliband, considéré longtemps comme favori, s'est retiré, mais son nom continue de circuler.

AFP/VNA/CVN

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