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Le géant des télécoms américains AT&T est en discussion "avancée" pour racheter son compatriote Time Warner, propriétaire des chaînes de télévision CNN et HBO. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'annonce de cette méga-fusion, qui pourrait dépasser 90 milliards de dollars, devrait intervenir d'ici lundi 24 octobre, a ajouté cette source, sous couvert d'anonymat.
Selon elle, les deux parties ont avancé sur de nombreux points mais les négociations tournent encore sur le prix final de la transaction et sur l'indemnité de rupture que verserait AT&T à Time Warner en cas de veto des régulateurs.
Elle a ajouté qu'une proposition autour de 110 dollars par action Time Warner, soit un montant total avoisinant les 90 milliards de dollars, était probable.
Un mariage AT&T-Time Warner devrait être examiné de près par les autorités de la concurrence car la nouvelle entité pèserait à elle seule plus de 300 milliards de dollars en Bourse, avec des activités allant du téléphone aux médias en passant par le câble et l'internet.
AT&T était valorisé 230,6 milliards de dollars vendredi 21 octobre et Time Warner 69,6 milliards de dollars.
Si cette méga-fusion se confirmait, ce serait l'un des plus gros mariages entre un fournisseur d'accès aux chaînes payantes et un fournisseur de contenus depuis le rachat en 2011 de NBCUniversal par Comcast.
La transaction se ferait en cash et en échanges d'actions, selon la source. Et il n'est pas exclu que d'autres acquéreurs se manifestent, notamment le géant informatique Apple regarderait de près l'évolution du dossier, d'après le Wall Street Journal.
AT&T et Time Warner n'ont pas réagi officiellement.
Obstacles
Des traders travaillent à la Bourse de New York, le 7 octobre 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les spéculations ont dopé le cours de Bourse de ce dernier.
L'action du groupe de médias, qui avait déjà gagné presque 5% jeudi 20 octobre, a clôturé vendredi 21 octobre sur un bond de 7,82% à 89,48 dollars. Elle a même franchi en séance les 90 dollars, une première fois en quinze ans.
Ce rapprochement complèterait le recentrage stratégique vers la vidéo impulsé ces dernières années par AT&T.
L'une des opérations les plus "transformatrices" pour l'opérateur de télécoms avait été l'achat à près de 50 milliards de dollars (sans la dette) de DirecTV, bouclé l'été dernier, qui a fait du groupe l'un des plus gros acteurs sur le marché américain de la diffusion télévisée payante.
Avec Time Warner, propriétaire des studios Warner Bros ainsi que des chaînes de télévision HBO et CNN, AT&T mettrait cette fois la main sur un important catalogue de contenus recherchés dans le sport, le cinéma et les séries télévisées.
Plusieurs analystes prévenaient toutefois qu'un tel mariage risquait de se heurter à des objections des régulateurs américains.
"Nous pensons qu'un long examen antitrust (...) avec un résultat incertain pourrait donner aux deux parties de quoi réfléchir avant de proposer une transaction", note Credit Suisse, rappelant l'examen approfondi qu'avait dû subir le mariage Comcast-NBCUniversal.
Il y a deux ans, Time Warner avait rejeté une offre à plus de 75 milliards de dollars de 21st Century Fox, son rival contrôlé par la famille Murdoch, car le prix proposé était jugé insuffisant. Il faudrait sans doute cette fois-ci une prime importante pour convaincre les actionnaires.
Time Warner a en outre déjà fait dans le passé une tentative de mariage malheureuse, avec le groupe internet américain AOL en 2000. Cela s'était soldé par un divorce en 2009.
Dans tous les cas, l'intérêt autour de Time Warner "démontre la valeur des médias pour divers distributeurs (télécoms)", ce qui devrait soutenir leurs cours de Bourse à moyen terme, relève RBC Capital Markets.
Et de souligner que Time Warner représente dans le secteur un morceau de choix, en raison des contenus de valeur dont il est propriétaire, mais aussi de la structure relativement simple de son actionnariat, avec une seule classe d'actions.
Beaucoup d'autres grands groupes de médias américains sont en effet protégés par un actionnaire majoritaire verrouillant une large partie des droits de vote, comme la famille Murdoch avec 21st Century Fox ou les Redstone avec Viacom et CBS.
"Cela ne laisse fondamentalement que Disney, qui serait une opération impossible avec une capitalisation boursière de près de 150 milliards de dollars", ajoute RBC.
AFP/VNA/CVN