Danse traditionnelle des étudiants birmans à l’Université des sciences économiques de Dà Nang, le 17 juillet. Photo : AUF/CVN |
Pour la 6e année consécutive, l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), en partenariat avec le projet «Valorisation du français en Asie du Sud-Est» (VALOFRASE) a organisé une grande rencontre entre étudiants asiatiques tries sur le volet à l’Université des sciences économiques de Dà Nang, au Centre du Vietnam.
Parmi eux, 52 Vietnamiens, 29 Lao, 30 Cambodgiens, mais également des Chinois, Coréens, Indiens, Malaisiens et Thaïlandais. Leur point commun : la langue française. Pendant huit jours, ils ont participé à divers ateliers animés par des professionnels (Blogs, Carnets de voyage, Le français par la pub, Théâtre et Vidéo) et visité la région.
«La francophonie a besoin que les jeunes sachent qu’ils ne sont pas seuls. C’est l’un de nos principaux objectifs. De fait, les étudiants qui optent pour cette langue doivent sans cesse se justifier. C’est en tout cas ce qu’ils ressentent, car c’est loin d’être un choix évident. D’autant que l’anglais est plus facile à apprendre, indique Liana Berkowitz en charge de l’organisation. Il est de plus en plus tendance d’apprendre d’autres langues asiatiques. C’est un nouvel obstacle. Après l’anglais qui est le plus souvent choisi en première langue, les étudiants optent désormais plus volontiers pour une langue régionale que pour le français. En fait, on assiste à de véritables phénomènes de mode. Au Laos et au Cambodge, il y a quelques années, avec le succès des mangas, le japonais était à la mode. Aujourd’hui ils préfèrent le coréen. Le français de son côté a une image poussiéreuse et formelle, il n’a pas la cote. D’où la décision de donner à ces jeunes l’occasion de le pratiquer de manière ludique».
Le français, pas toujours un choix
Pourtant, certains optent bel et bien pour cette langue. «Les Chinois disent choisir le français par ambition économique, car le pays se tourne de plus en plus vers l’Afrique, qui est francophone. Les Cambodgiens de leur côté prennent plutôt cette option par tradition familiale, parce que leurs parents ou leurs grands-parents sont francophones. D’autres en revanche n’ont pas eu le luxe de choisir, ils ont pris le français par défaut et ont appris à l’aimer». Par la suite, quelque soit le cas, pour accéder à un niveau d’excellence dans une langue, il est d’abord nécessaire d’avoir un véritable feeling avec elle, et ensuite de persévérer. «Ceux qui s’obstinent font partie de l’élite», estime Liana.
Les étudiants de l’édition 2013, lors de la cérémonie d’ouverture de l’événement, le 17 juillet. Photo : AUF/CVN |
C’est d’ailleurs l’un des critères de référence de l’AUF pour sélectionner les étudiants participants, la plupart du temps issus de filières francophones : «Ils doivent avoir un niveau Delf B1 au minimum, afficher de bons résultats dans toutes les matières, être dynamiques et ouverts. Nous voulons récompenser ceux qui ont travaillé dur. Et on ne manque pas de candidatures. Au contraire. On doit en refuser», ajoute-t-elle. «La plupart viennent d’universités partenaires, mais on s’ouvre également à d’autres écoles. Cette année, nous avons ainsi accueilli pour la première fois des étudiants de l’Université nationale de Séoul, et nous espérons recevoir des jeunes japonais l’an prochain pour diversifier encore davantage nos promotions».
Une aventure humaine
L’AUF revendique avant tout l’aventure humaine que représente cet évènement annuel qui constitue une véritable rencontre entre différentes cultures. «Certains de ces jeunes n’ont jamais quitté leur pays, ni même leur ville. Et les préjugés sont nombreux sur leurs pays voisins. Ce stage leur ouvre donc une petite fenêtre sur l’extérieur. Il leur permet également de se constituer un réseau à l’international. Sur place, chaque année, les jeunes deviennent vite complices et le départ est souvent un déchirement». Une constatation qui nous est confirmée par les divers commentaires postés par les jeunes sur le forum dédié.
Le projet se poursuivra l’an prochain. Il pourrait accueillir plus d’étudiants si l’AUF décroche des financements. Reste donc aux étudiants qui ne sont pas encore partis de se faire remarquer par leurs résultats et leur niveau de français.
Eloïse Levesque/CVN