Une nouvelle journée démarre pour l’enseignante Nguyên Vân Dung, du Département de langue et de civilisation françaises de l’Université de langues étrangères - Université nationale de Hanoi (UNH). Bien qu’elle donne depuis longtemps des cours d’introduction à la culture française, elle prend toujours l’habitude de revoir documents et manuels avant d’entrer en classe. Elle se fait aussi un devoir d’être ponctuelle.
L’enseignante Nguyên Vân Dung reçoit l’insigne de Chevalier des arts et des lettres des mains de l’ambassadeur de France au Vietnam. |
Née dans une famille enseignante, Nguyên Vân Dung a hérité de l’amour pour le français de ses parents francophones. C’est tout naturellement qu’elle a décidé d’inscrire ses pas dans les leurs.
«Mon père a eu une grande incidence sur mon orientation professionnelle. À cette époque, il était enseignant au Département de français de l’École supérieure de langues étrangères. Le métier d’enseignant est ancré dans la tradition familiale, puisque mes deux sœurs ont aussi opté pour cette voie», confie le docteur en linguistique, professeur associé Nguyên Vân Dung.
Une enseignante dévouée et passionnée
Ayant hérité des expériences de son père, Vân Dung veut transmettre à son tour l’amour pour l’enseignement et la langue française.
«En plus de 30 ans de carrière, j’aime toujours autant mon métier. Bien que cette profession soit souvent critiquée par pas mal de gens, elle m’apporte beaucoup de satisfactions», poursuit-t-elle.
Nombre de ses étudiants font aujourd’hui une belle carrière. Certains sont devenus ses collègues au sein du Département de français. En parlant d’elle, ses étudiants et collègues expriment des sentiments les plus sincères.
Le couple Dung et Khuê lors d’un colloque scientifique en Allemagne. |
«Avoir des cours avec la professeur Nguyên Vân Dung est une grande chance pour nous. Elle a beaucoup d’expériences acquises tout au long de sa carrière mais aussi de ses nombreux voyages à l’étranger. À chaque cours, elle nous ouvre un nouveau monde», déclare l’étudiante Nguyên Thi Tu Linh.
Quant au Docteur Trinh Duc Thai, chef du Département de français de l’Université de langues étrangères, il a avoué : «Elle est une excellente collègue, un professeur qualifié de haut niveau capable d’assumer les formations universitaires et postuniversitaires. Elle a de bonnes relations dans notre département, et est à la fois une grande soeur, une amie, qui aide ses collègues en toutes circonstances».
Cela fait également une dizaine d’années qu’elle collabore avec l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) dans le rôle de coordinatrice du projet de français du Bureau d’Asie Pacifique de l’AUF. Ici, elle organise des activités extrascolaires pour les étudiants francophones au Vietnam et dans certains pays de la région. Avec ses compétences et expériences professionnelles, elle est très appréciée de ses collègues internationaux.
Une famille d’enseignants et francophone
«Mme Vân Dung a formé tous les francophones du Nord Vietnam. Et quand ce n’est pas elle, c’est son mari. C’est sa famille qui a permis d’installer cette francophonie. À l’Agence, elle a un rôle important parce qu’elle dirige le projet de français. Elle met en place les cours pour les étudiants, les professeurs, mais aussi des rassemblements régionaux comme l’université d’été des étudiants», dit Olivier Garo, directeur du bureau d’Asie Pacifique de l’AUF.
Ses contributions dans l’œuvre d’échange culturel et linguistique entre le Vietnam et la France ont été reconnues par les plus hautes sphères de l’État français, qui lui ont remis en 2005 l’insigne de Chevalier des arts et des lettres.
Outre l’héritage spirituel de son père, elle doit aussi cette réussite au soutien de son époux, Nguyên Thanh Khuê, lui-même enseignant de français au Département de français.
Rares sont les étudiants francophones à ne pas connaître cette famille enseignante. Malgré plus de 30 ans à dispenser des cours mais aussi à vivre ensemble, les professeurs Dung et Khuê communiquent toujours autant autour de leur travail, cette passion qui les a réunis, qui constitue leur vie.
Ils ont mené ensemble différents travaux de recherches scientifiques, un des derniers en date leur ayant valu une invitation en Allemagne pour un exposé.
Nguyên Vân Dung dirige également des thésards. Dans la maison familiale des professeurs Dung et Khuê, de nombreuses générations d’étudiants ont reçu la direction du couple. Parmi eux, nombre ont opté pour le métier d’enseignant et travaillent à l’UNH ou dans d’autres établissements éducatifs de la ville.
«J’ai aimé les professeurs Khuê et Vân Dung dès le début de mes études. Après la sortie de l’Université, je suis devenue leur collègue au Département de français. J’admire leur dévouement, leur sens moral. Quand je préparais ma thèse de doctorat sous la direction de Mme Vân Dung, j’ai particulièrement apprécié son esprit et la cohérence de ses idées», avoue Dô Bich Thuy, enseignante au Département de français.
Dans la famille de Mme Dung, le français se transmet de génération en génération. Pour preuve, sa fille et son gendre suivent des études post-universitaires en France.
«Comme nous sommes très attachés au français, nous enverrons nos petits-enfants suivre des cours de français. Bien que la société soit aujourd’hui quasi-exclusivement orientée vers l’anglais, le français reste un outil de choix. Nos petits-enfants apprendront les deux», dit M. Khuê.
On l’a bien compris, cette famille vit au quotidien avec la langue de Molière. Tous continuent à transmettre l’amour pour la culture et la langue françaises à la jeunesse. Un amour intemporel.
Cao Hoàng Hoa/CVN