Une «Tour Eiffel» en Amazonie, à l’affût des changements du climat

Au cœur de la forêt amazonienne se dresse une structure métallique aussi haute que la Tour Eiffel : c’est un laboratoire destiné à étudier le changement climatique dans le poumon du monde au cours des 30 prochaines années.

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Blanc et orange, l’Observatoire de la Tour Haute d’Amazonie (ATTO) contraste avec le vert de la réserve écologique d’Uatuma, à 350 km de Manaus, la capitale de l’Amazonie brésilienne. On y parvient après des heures de voiture sur des pistes poussiéreuses et de navigation fluviale.

La structure métallique en forêt amazonienne.

Pas de réseau pour le téléphone ou internet. De la forêt à perte de vue où le chant monotone et strident des cigales se mélange à celui des oiseaux et au bourdonnement des insectes.

«Le fait d’être loin des villes et de l’influence de l’homme assure une collecte de données relativement vierges», explique Meinrat Andrae, directeur de l’Institut allemand Max Planck, à l’initiative du projet avec l’Institut de recherches d’Amazonie du Brésil (Inpa).

Avec ses 3.000 km d’Est en Ouest, la forêt amazonienne est la plus vaste forêt tropicale du monde, d’où son importance pour comprendre l’influence qu’elle a dans les processus climatiques et atmosphériques d’autres régions de la planète.

«Grâce à cette tour, nous allons mieux comprendre le rôle de l’Amazonie, son effet sur le climat local mais aussi sur le climat mondial», assure le professeur Antonio Ocimar Manzi, responsable du projet du côté brésilien.

Harnais obligatoire

Personne n’échappe à la chaleur moite de «l’enfer vert». Pour se rafraîchir on peut grimper sur la tour de 325 mètres - un de moins que la Tour Eiffel -, où souffle une brise constante. Mais il ne faut pas avoir le vertige.

Un harnais est obligatoire et il y a plus de 1.000 marches jusqu’à son sommet. L’accès est limité à 150 mètres de haut pour les journalistes. Cet observatoire climatique, le plus haut du monde, a été inauguré le 22 août mais n’est pas encore opérationnel.

Des tests ont été effectués mais c’est d’ici à la fin de l’année qu’il sera doté des instruments nécessaires à sa mission, prévue pour durer 30 ans, permettant une véritable étude sur le long terme. Les forêts tropicales contribuent à l’équilibre climatique de la planète en raison de leur capacité à gagner ou perdre de grandes quantités de carbone.

La station scientifique d’Uatuma dans l’état brésilien de l’Amazonas
Photo : AFP/VNA/CVN

Mais avec l’augmentation de 1,5 fois des émissions de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, les scientifiques veulent savoir ce que la jungle fait de cet excès de CO2.

Il y a déjà deux autres tours de 50 et 80 mètres de haut dans la réserve d’Uatuma qui analysent l’interaction de la forêt et de l’atmosphère, dans un rayon de 10 mètres. Mais avec ATTO, le rayon sera élargi à un kilomètre.

L’exemple de la Sibérie

Le responsable allemand, Jurgen Kesselmeier, raconte que l’idée de la tour a surgi lors d’une pause café. «On discutait à l’institut (Max Planck) quand Andrae a dit que ce serait parfait d’avoir une tour comme l’observatoire de Zotino (ZOTTO) en Sibérie, dans la région amazonienne. Je lui ai répondu, excellent!, mais qui va payer?».

La ZOTTO fonctionne depuis 2003 et étudie les concentrations de CO2, méthane et autres gaz à effet de serre, dans la taïga sibérienne.

ATTO a coûté 26 millions de réais (7,4 millions de dollars au change actuel) et a été financé à parts égales par l’Allemagne et le Brésil. Cette tour de 142 tonnes a été construite dans le Sud du Brésil. Il a fallu 15 jours pour transporter ses 15.000 pièces en Amazonie, un trajet de 4.000 km.

Kesselmeier est impatient de connaître les données quotidiennes qu’elle va fournir : celles-ci permettront non seulement de mieux connaître l’Amazonie, mais aussi de formuler des recommandations aux gouvernements sur le changement climatique, l’un des défis du XXIe siècle.

AFP/VNA/CVN

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