Pourriez-vous nous brosser un rapide tableau de l'évolution de la coopération entre les médecins vietnamiens et français depuis que l'HFH est devenu une joint-venture à 100% capital français en septembre 2000 ?
Au démarrage de l'hôpital, en 2000, l'équipe médicale était composée de médecins français organisés en collèges de spécialité (les orthopédistes, les pédiatres, etc.), venant travailler à Hanoi par rotations de 3 semaines ou d'un mois. Chaque spécialité était également représentée par un médecin vietnamien, francophone et permanent, travaillant conjointement avec le collègue français. Ce système a permis le démarrage de l'hôpital, il a fonctionné pendants quelques années mais il a évolué vers une organisation plus pérenne dans laquelle le confrère vietnamien a pris le rôle de chef de département et où les collègues français venaient compléter l'effectif et l'enrichir de leur pratique. Plusieurs médecins français ont également fait le choix de s'installer durablement à Hanoi où ils exercent tout au long de l'année.
À votre avis, comment faire pour que l'hôpital fonctionne comme une entreprise tout en continuant d'assurer sa mission de service de santé ?
Un hôpital, même privé, est avant tout une entreprise de service public avec la mission d'offrir des soins répondant aux besoins et aux attentes des patients. L'HFH a choisi dès le départ de pratiquer une double tarification (Vietnamiens/non Vietnamiens) afin de faciliter l'accès aux soins pour les personnes à revenus modestes et sans assurance médicale. Ainsi 80% de la patientèle de l'HFH est vietnamienne. La rentabilité d'une entreprise privée n'est pas en contradiction avec sa mission de service public : la compétitivité de l'offre de soins repose sur une gestion rigoureuse et sur des tarifs perçus comme "acceptables" en regard du service rendu. L'offre de soins privée est appelée à se développer au Vietnam, les tarifs et la qualité des services finissant par s'équilibrer entre les secteurs public et privé qui deviendront complémentaires.
Quels bénéfices les médecins vietnamiens et français retirent-ils en travaillant ensemble, notamment pour les cas graves et en chirurgie ?
La collaboration entre médecins vietnamiens et français a vraiment fonctionné à double sens au bénéfice des patients de l'hôpital. Les médecins français amènent à l'hôpital leur expérience de l'organisation et du fonctionnement de leur spécialité. Leurs homologues vietnamiens les familiarisent avec la pathologie et les spécificités de la pratique médicale au Vietnam. La pratique de la médecine s'enrichit toujours de l'apport d'expériences nouvelles et d'échanges entre professionnels. Tous les médecins exerçant à l'hôpital sont francophones (sauf rares exceptions) mais également anglophones. L'hôpital leur offre l'occasion de pratiquer une médecine cosmopolite qui demande de s'adapter à des patients de cultures différentes. Bonne communication verbale, disponibilité, sûreté des indications et nécessité de hisser notre pratique au niveau des attentes de nos patients, l'effort demandé est important mais également gratifiant.
Pourriez-vous nous en dire plus sur la stratégie de développement de l'hôpital dans les années à venir ? Comment comptez-vous faire pour qu'il continue d'avoir toute la confiance des patients vietnamiens et étrangers ?
L'HFH a encore de belles possibilités de développement, tant sur le plan de la qualité des services et de l'organisation que sur l'extension du nombre de lits. Une unité d'hospitalisation pédiatrique de 7 lits a été mise en service juste après le Têt. Depuis l'été 2006, un centre de consultation et de diagnostic " H Clinic Trung Hoa " fonctionne comme une annexe de consultation pour l'HFH.
L'Hôptal français de Hanoi (HFH) à l'honneur
Réalisé par Lê Hà/CVN
(27/02/2009)