Phuong Son est un Vietnamien d’origine chinoise vivant dans la rue An Duong, à Hanoi. Avec sa chevelure blanche, sa longue barbe, son teint vermeil et sa carrure d’athlète, il rentre dans la catégorie des «dep lao» c’est-à-dire des «beaux vieillards», selon les critères vietnamiens.
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| M. Phuong Son lors d’un voyage. |
À 80 ans, on passe généralement plus son temps à se remémorer son passé qu’à échafauder des projets. Phuong Son, lui, des projets, il en a plein la tête. Des projets de voyage surtout, qu’il concocte le nez dans ses cartes routières. Voyager, cela a toujours été son rêve. Mais entre le travail et les contingences familiales, il n’a jamais pu le réaliser. Et puis, il y a trois ans, il a décidé de partir sur les routes, au guidon d’une de ses motos.
Jamais trop tard pour réaliser ses rêves
«J’ai trois motos mais le véhicule que je préfère est le side-car», confie-t-il. Les routes montagneuses du Nord-Est et du Nord-Ouest, il les connaît somme sa poche.
Et pourquoi voyager «à la dure», en moto, et pas en bus ou en voiture, confortablement assis ? «Voyager ainsi est plus sensitif. On se sent très petit lorsque l’on aborde des terres inconnues. Gravir les montagnes, sentir la brume, voir le panorama d’en haut, c’est inoubliable. Le pays a tant de lieux magnifiques à découvrir !», estime-t-il, les yeux pétillants.
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| M. Phuong Son n’a pas le temps de s’ennuyer. |
Son périple le plus mémorable a été le district de My Xuyên (Hà Giang), pour lequel il s’était mué en bon Samaritain, son side-car rempli de livres, de vêtements et de fournitures scolaires pour les élèves de l’école de Lao Chai. «Ce fut un voyage éprouvant. Moi et mon groupe avons dû emprunter des chemins tortueux et boueux. Mais la joie des enfants a effacé toute notre fatigue».
Phuong Son est un homme jovial, au caractère bien trempé. Lorsqu’il part en groupe, ce qui est souvent le cas, il se tient toujours en tête. On le suit en toute confiance. Ses compagnons, bien plus jeunes que lui, ne réaliseraient sûrement pas de tels périples sans cette présence rassurante à leurs côtés.
Ses secrets de santé
Mais comment fait cet octogénaire pour être aussi vaillant ? Selon lui, «la règle d’or c’est de vivre en oubliant son âge, la maladie et la rancune. Et chaque matin je pratique le +zazen+ (méditation du bouddhisme zen, ndlr). Cela me rend plus optimiste et plus positif dans la vie».
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| La collection de motos est une de ses passions. |
Si beaucoup de gens de la capitale le connaissent pour ses voyages et son amour des grosses motos, peu savent qu’il est aussi médecin traditionnel et maître d’arts martiaux. Phuong Son a en effet été en 40 ans médecin traditionnel. Concernant les arts martiaux, il apprend depuis près de 50 ans dans la maison communale (ou dinh) de Yên Phu, chaque mardi, jeudi et samedi. Il a aussi la photographie comme passion, que ses voyages lui permettent d’assouvir. Les Hanoïens voient en M. Son une sorte de poète et de vieux sage.
La semaine, il partage son temps entre la médecine traditionnelle, ses enfants et petits-enfants et les arts martiaux. Le week-end, il enfourche sa moto et met le cap vers le Nord, pour retrouver ses chères routes de montagnes.
Quê Anh/CVN