Attentats de Paris
Un possible atelier de confection des bombes découvert à Bruxelles

Des traces d'explosif similaire à celui utilisé à Paris, trois ceintures "confectionnées à la main" et une empreinte de Salah Abdeslam : une habitation bruxelloise semble avoir servi d'atelier aux auteurs des attaques du 13 novembre 2015, et peut-être de cache au principal suspect toujours en fuite.

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Des journalistes dans la rue Berger dans le quartier de Schaerbeek à Bruxelles, le 8 janvier 2016, après la publication d'informations selon lesquelles une habitation bruxelloise aurait servi d'atelier aux auteurs des attaques du 13 novembre 2015.

"Mon opinion personnelle, c'est que les ceintures explosives utilisées par les assaillants venus de Belgique ont été fabriquées dans cet appartement", a indiqué vendredi 8 janvier une source proche de l'enquête.

Le logement est au troisième étage d'une habitation de la rue Henri Berger à Schaerbeek, une commune où réside, comme dans le quartier voisin de Molenbeek, une nombreuse population d'origine marocaine et turque. Perquisitionnée le 10 décembre, elle est à présent occupée par des personnes qui n'ont "rien à voir" avec les attentats, selon la source proche de l'enquête.

Une empreinte de Salah Abdeslam, un suspect clé toujours introuvable qui selon l'enquête a convoyé les kamikazes du Stade de France, y a été retrouvée. "Mais nous n'avons pas idée de quand elle a été laissée. Peut-être y est-il allé pour prendre sa ceinture (avant les attaques), ou bien il y est allé après", a dit un porte-parole du parquet, Eric Van Der Sypt.

Du "matériel destiné à la préparation d'explosifs, ainsi que des traces de TATP", le peroxyde d'acétone, un explosif utilisé lors des attentats du 13 novembre, ont aussi été découverts dans cet appartement, selon le parquet, qui avait tenu ces informations secrètes avant qu'elles ne fassent l'objet de fuites dans la presse vendredi 8 janvier.

"Trois ceintures confectionnées à la main et qui pourraient avoir été destinées à transporter des explosifs ont également été découvertes", selon la même source.

La piste s'arrête à Schaerbeek

La rue Berger dans le quartier de Schaerbeek à Bruxelles, le 8 janvier 2016.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ces nouveaux éléments confortent le scénario selon lequel les attentats qui ont fait 130 morts ont été préparés dans la capitale belge. Plusieurs assaillants, dont le présumé logisticien Abdelhamid Abaaoud, tué dans l'assaut de Saint-Denis (banlieue parisienne), Salah Abdeslam et son frère Brahim, qui s'est fait exploser boulevard Voltaire à Paris, étaient originaires de Molenbeek.

"Cet appartement avait été loué sous une fausse identité, laquelle pourrait avoir été utilisée par une personne actuellement placée sous mandat d'arrêt" -inculpée et placée en détention provisoire-, a expliqué le parquet.

Selon la télévision publique RTBF, l'homme serait Mohamed Bakkali, interpellé à Bruxelles fin novembre et déjà suspecté d'être le locataire d'une maison dans la région de Namur (Sud), dont les enquêteurs pensent qu'elle a aussi servi de planque.

Depuis les attentats, la justice belge a inculpé 10 hommes pour terrorisme, dont neuf sont maintenus en détention. Ils sont soupçonnés d'avoir aidé Salah Abdeslam dans sa cavale ou d'avoir participé aux préparatifs des attaques.

Salah Abdeslam reste lui introuvable : sa piste s'arrête le samedi 14 novembre à Schaerbeek, où l'un des inculpés a reconnu l'avoir déposé au lendemain des attentats.

Donneurs d'ordres toujours recherchés

Les enquêteurs cherchent par ailleurs toujours à déterminer qui étaient les personnes en contact téléphonique depuis Bruxelles avec les assaillants et qui pourraient être les donneurs d'ordres.

Il pourrait s'agir des deux hommes contrôlés en septembre avec Salah Abdeslam à la frontière entre l'Autriche et la Hongrie en possession de fausses cartes d'identité belges au nom de Samir Bouzid et Soufiane Kayal. Ils sont activement recherchés. "Il n'est toujours pas prouvé que ces deux-là étaient en contact avec les gens à Paris. C'est une piste", a expliqué le porte-parole du parquet.

Un autre homme, Mohamed Abrini, soupçonné d'avoir participé aux repérages et toujours en fuite, pourrait tout aussi bien être le destinataire des SMS envoyés vers un numéro belge le soir des attentats.

D'autres questions cruciales demeurent: l'origine des armes, les liens précis des jihadistes avec l'organisation État islamique, selon une source proche de l'enquête pour qui il reste "beaucoup de travail".

Les autorités ont décidé vendredi 8 janvier de maintenir à 3, sur une échelle de 4, le niveau de la menace terroriste en Belgique, à une semaine du premier anniversaire du démantèlement à Verviers (Est) d'une cellule liée à Abdelhamid Abaaoud qui, selon la justice, s'apprêtait à passer à l'attaque. Deux présumés jihadistes avaient été tués lors de l'assaut, le 15 janvier 2015.


AFP/VNA/CVN

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