Des lentilles de contact représentant un drapeau allemand et un ballon de football, photographiées à Munich le 6 février. Une paire de +lentilles magiques+ comme celles-ci coûte 45 euros (54 dollars). |
Photo : Reuters/VNA/CVN |
Les ingénieurs en chimie de l'Université de Stanford (Californie) ont conçu une machine reposant sur de nouvelles données concernant les propriétés mécaniques du film lacrymal à la surface de l'œil.
Plus de 30 millions de personnes portent des lentilles de contact actuellement aux États-Unis, mais la moitié d'entre elles retournent rapidement aux lunettes car les effets désagréables des lentilles, tels que sécheresse de l'œil et irritation, surpassent leurs avantages pratiques.
"J'ai dû arrêter de porter des lentilles à cause de l'inconfort", raconte Saad Bhamla, étudiant postdoctoral en bioingénierie à l'université de Stanford, qui a effectué ce travail dans le cadre de ses études et a rédigé en tant que directeur d'ouvrage une étude publiée en mars dans le journal Investigative Ophthalmology & Visual Science (IOVS).
M. Bhamla et ses collègues soupçonnaient que l'essentiel de l'inconfort lié au porte de lentilles était causé par la perturbation du film lacrymal, une couche humide entourant l'œil, dans un processus appelé déshumidification.
Dans cette étude, les chercheurs identifient deux fonctions de la couche lipidique, une couche grasse à la surface du film lacrymal. La première est d'apporter de la force mécanique au film lacrymal. Les lipides ont des propriétés viscoélastiques qui leur permettent de s'étirer et de soutenir la couche aqueuse en dessous.
La couche lipidique évite aussi l'évaporation du film lacrymal. La température des yeux est d'environ 95 degrés Fahrenheit, ou 35 degrés Celsius, soit généralement plus que la température ambiante. Comme pour tout liquide situé sur une surface chaude, l'œil réchauffe constamment sa couche liquide et perd de l'humidité au profit de l'air.
"Nous avons pris conscience très tôt que les réponses mécaniques des fluides de la couche lipidique étaient aussi importantes que leur rôle généralement admis de contrôle de l'évaporation", explique Gerald Fuller, professeur d'ingénierie chimique à Stanford. "Et il a été gratifiant de constater que la combinaison de ces deux rôles est désormais une réalité admise".
Pour résoudre ce problème, MM. Bhamla et Fuller ont construit un appareil, baptisé Interfacial Dewetting and Drainage Optical Platform, ou i-DDrOP, destiné à reproduire un film lacrymal sur la surface d'une lentille de contact, et permettant aux fabricants de gérer une grande quantité de variables affectant ce film, tels que température, différentes substances, humidité ou encore action de la gravité sur une surface incurvée.
Avec la capacité de recréer de manière fiable un film lacrymal sur la surface de la lentille de contact et de tester sa vitesse de décomposition, les fabricants disposent désormais de tous les outils pour produire des lentilles plus confortables.