>>Merkel maintient le cap sur les réfugiés malgré une déroute électorale
Des milliers de migrants affluent vers l'Allemagne depuis la Hongrie via l'Autriche. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À 200 mètres à peine du magasin de luxe berlinois KaDeWe, Turkia Lina Ismail cohabite avec quatre autres familles qui ont fui la Syrie pour l'Allemagne en septembre dernier, dans un petit appartement deux pièces équipé d'un mobilier simple.
Pour fuir la guerre civile en Syrie, Mme Ismail et sa famille ont dû abandonner leur train de vie plutôt aisé et leur grande maison à Damas.
Pourtant, la famille de Mme Ismail reste privilégiée par rapport aux milliers d'autres réfugiés vivant dans le plus grand camp de réfugiés de Berlin à l'aéroport Tempelhof, où chaque réfugié ne dispose que de 2 m² d'espace.
Dans un allemand incertain, Mme Ismail a expliqué que sa famille avait atteint les rives grecques en quittant la côte turque à bord de bateaux en plastique, risquant leur vie dans cette traversée.
Après 15 jours de "douleur physique et spirituelle", la famille est finalement arrivée à Berlin, sa destination finale.
Toutefois, il n'est pas facile de commencer une nouvelle vie en Allemagne pour les réfugiés.
Un réfugié n'arrive pas à retenir ses larmes devant l'accueil de volontaires allemands à son arrivée en gare de Dortmund |
Des centaines de milliers de migrants ont afflué massivement en Allemagne après les propos de la chancelière allemande Angela Merkel déclarant que le pays avait le devoir de fournir assistance à ceux qui fuient la guerre.
Toutefois, en raison de ce nombre massif, la plupart des réfugiés doivent attendre jusqu'à un an sans rien faire le temps que leur demande soit traitée.
Pour de nombreux demandeurs d'asile, il faut des mois juste pour obtenir un rendez-vous avec le Bureau fédéral des migrations et réfugiés.
Même si la demande d'asile est approuvée, il reste un grand nombre d'obstacles pour refaire sa vie en Allemagne.
Seuls 9% des Syriens vivant en Allemagne avaient un travail en fin 2015, selon les chiffres de l'Institut pour la recherche d'emploi.
Du fait de la barrière de la langue, le mari de Mme Ismail ne peut pas encore travailler en Allemagne, et leurs enfants ne peuvent pas étudier à l'école. La famille vit actuellement d'aides sociales.
"J'ai fait quelques nouveaux amis en Allemagne, mais mes nouveaux amis ne sont pas Allemands", explique Odai, le fils de 14 ans de Mme Ismail, ajoutant qu'il s'ennuie dans cette nouvelle vie à Berlin. "Je veux retourner en Syrie. Ce qui me manque le plus c'est notre grande et belle maison en Syrie".
L'Allemagne, qui a reçu environ 1,1 million de demandeurs d'asile en 2015, voit la multiplication des violences contre eux, surtout après les agressions sexuelles survenues sur la Saint-Sylvestre, à Cologne, lesquelles ont été attribuées en grande partie aux étrangers.
Plus de 1.000 attaques visant les réfugiés ont eu lieu en Allemagne l'année dernière, soit près de cinq fois le nombre d'incidents similaires en 2014, selon les données publiées par l'Office fédéral de police criminelle.
Dans un dernier sondage du magazine allemand Stern, près de la moitié des Allemands déclarent que le nombre actuel des étrangers et des réfugiés est assez élevé et ne devrait pas encore augmenter.
Mme Ismail a déclaré que sa famille était "très chanceuse" pour pouvoir venir de Damas à Berlin indemne. Cependant, pour de nombreux réfugiés syriens qui ont atteint leur destination finale en Allemagne, tout comme la famille de Ismail, leur vie future est au point mort.