Attentats de Bruxelles
Mystère autour du troisième jihadiste de l'aéroport

La traque du troisième assaillant de l'aéroport de Bruxelles a repris de plus belle le 28 mars après la libération du principal suspect, près d'une semaine après les attentats qui ont fait 35 morts dans la capitale belge.

>>Attentats de Bruxelles : l'enquête se poursuit, veillée en mémoire des victimes

Capture d'une caméra surveillance diffusée par la police fédérale belge d'un suspect de l'attentat contre l'aéroport de Bruxelles le 22 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Après avoir été perturbés la veille par une manifestation nationaliste tendue, les hommages aux personnes tuées, d'une dizaine de nationalités, ont repris le 28 mars avec une veillée œcuménique à la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule.

Signe d'une menace toujours très élevée, les enquêtes contre les réseaux jihadistes prennent une tournure de plus en plus européenne, avec de nouvelles arrestations ces derniers jours en Belgique, en Italie et aux Pays-Bas.

Mais les investigations sur les attentats-suicides du 22 mars à Bruxelles, qui semblaient progresser, ont subi un revers. Fayçal Cheffou, 30 ans, seul inculpé dans ce dossier, notamment pour "assassinats terroristes", a été remis en liberté le 28 mars sans conditions.

"Les indices qui avaient entraîné l'arrestation du nommé Fayçal C. n'ont pas été confortés par l'évolution de l'instruction en cours", a annoncé le parquet fédéral belge. Une source proche de l'enquête a confirmé qu'il "n'est pas +l'homme au chapeau+".

Place de la Bourse à Bruxelles, le 27 mars, des hommages aux victimes des attentats

Depuis son arrestation le 24 mars, les enquêteurs tentaient de confirmer leur "hypothèse" selon laquelle cet homme qui se présente comme journaliste indépendant pouvait être le poseur de bombe de l'aéroport de Bruxelles-Zaventem qui a pris la fuite avant que ses deux complices ne se fassent exploser.

Le chauffeur de taxi qui a déposé les trois jihadistes à l'aéroport avait cru le reconnaître comme étant "l'homme au chapeau" repéré sur des images de vidéosurveillance à côté des deux kamikazes. La police a diffusé le 28 mars une nouvelle vidéo de ce troisième homme pour l'"identifier".

Nouvelle polémique

Seule certitude pour l'instant, les trois kamikazes - Ibrahim El Bakraoui et Najim Laachraoui à l'aéroport et Khalid El Bakraoui dans le métro bruxellois - sont directement liés aux commandos des attentats qui ont fait 130 morts le 13 novembre à Paris. Et notamment au suspect-clé Salah Abdeslam, arrêté le 18 mars à Bruxelles après plus de quatre mois de cavale au nez et à la barbe des autorités belges.

Les attentats de Paris et Bruxelles ont été revendiqués par le groupe jihadiste État islamique (EI), et les réseaux qui les ont commis s'imbriquent en un seul.

La Belgique demande ainsi l'extradition de Djamal Eddine Ouali, un Algérien arrêté le 26 mars en Italie, et soupçonné de fabrication de "faux documents" utilisés par certains "auteurs présumés des attentats de Paris et probablement aussi par Salah Abdeslam".

Parallèlement, la justice belge a annoncé le 28 mars l'inculpation de trois suspects arrêtés la veille dans une opération "antiterroriste" dans plusieurs villes de Belgique, mais sans lien direct avec les attentats.

Liste des auteurs et suspects des attentats de Paris et de Bruxelles.
Photo : AFP/VNA/CVN

Une autre enquête révèle de nouvelles ramifications européennes: celle sur un projet d'attentat que la France dit avoir mis "en échec" avec l'arrestation le 24 mars près de Paris de l'ex-braqueur français Reda Kriket. Un Français qui a séjourné en Syrie a été interpellé dimanche aux Pays-Bas, soupçonné d'avoir été mandaté par l'EI pour attaquer la France avec Kriket.

Deux hommes avaient déjà été inculpés en Belgique dans ce dossier, dont l'un, Abderamane A., né en Algérie, avait été condamné en 2005 en France à sept ans de prison et une interdiction définitive du territoire français pour soutien logistique aux assassins du commandant Massoud en Afghanistan.

À Bruxelles, les polémiques sur l'attitude des autorités ont été relancées par la manifestation tendue de 300 hooligans venus perturber le 27 mars les hommages aux victimes. Déjà critiqué pour le raté dans la surveillance du kamikaze Ibrahim El Bakraoui, qui n'avait pas été inquiété après avoir été arrêté en Turquie puis expulsé, le ministre de l'Intérieur, Jan Jambon, a été de nouveau pris à partie.

Le bourgmestre de Bruxelles, Yvan Mayeur, a ainsi accusé sur RTL le ministre de n'avoir "rien fait" pour empêcher que ces "hooligans d'extrême droite" viennent dans la capitale.

Plusieurs centaines de personnes se sont recueillies le 28 mars à la cathédrale de Bruxelles, en présence notamment de responsables musulmans et juifs. "Il n'y a pas un vrai vivre ensemble s'il n'y a pas un profond et sincère respect pour l'autre", a lancé Mgr Jozef De Kesel dans son homélie.

AFP/VNA/CVN

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