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"Depuis plusieurs années, un mouvement de défiance vis-à-vis de la vaccination s'est en effet développé en France", a reconnu le 12 janvier la ministre de la Santé, Marisol Touraine, en présentant un plan d'action "pour une rénovation de la politique vaccinale".
Principal objet du plan : "renforcer la confiance", "répondre à toutes les inquiétudes, à toutes les préoccupations" a-t-elle expliqué, évoquant quelques phénomènes "préoccupants".
Une infirmière vaccine un employé de l'hôpital Necker à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Elle a notamment cité la baisse du taux de couverture vaccinale contre la grippe qui a chuté de 13 points depuis 2008 et une "résurgence régulière" de cas de rougeole en raison d'une baisse de la vaccination chez les nourrissons.
"Il n'est pas normal qu'on meure de la rougeole en France" a-t-elle dit, tout en déplorant une "désinformation" autour du vaccin anti-papillomavirus, qui a abouti au dépôt de plusieurs plaintes, pour la plupart classées sans suite par la justice. Ce vaccin vise à prévenir des infections responsables des cancers du col de l'utérus.
Il est recommandé chez les jeunes filles entre 9 et 14 ans, avant leur première relation sexuelle mais le taux de vaccination n'atteint que 17% de cette population en France, selon Mme Touraine, contre plus de 80% dans d'autres pays.
Se fondant sur les recommandations du rapport de l'ancienne députée Sandrine Hurel, le plan d'action prévoit notamment une "grande concertation citoyenne" sur la vaccination menée sous la houlette du Pr Alain Fischer, professeur d'immunologie pédiatrique.
Elle débutera en mars avec la mise en place d'une plateforme web qui recueillera les contributions du public, des professionnels, associations et institutions.
Analysées par des jurys, elles seront soumises à un comité d'orientation qui devrait formuler, dès décembre 2016, des propositions d'évolution de la politique vaccinale, notamment en ce qui concerne le maintien ou non des vaccins obligatoires.
Empêcher les pénuries
La France reste en effet l'un des rares pays européens où coexistent des vaccins obligatoires (diphtérie, tétanos et poliomyélite ou DTP) à côté des vaccins recommandés alors que la plupart des pays se contentent de recommandations.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, à Paris. |
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, à Paris.Photo : AFP/VNA/CVN |
Mme Touraine a reconnu que cette coexistence était "source de confusion". Mais, il s'agit d'un "sujet trop sensible socialement" pour faire l'objet d'une décision hâtive qui risquerait de "diminuer significativement le taux de couverture vaccinale dans le contexte actuel de doutes et d'inquiétudes", a-t-elle prévenu.
"Pour l'instant, la France n'est pas dans une situation critique", a-t-elle ajouté, relevant qu'elle se situait au 1er rang des pays de l'OCDE pour les vaccins DTP et au 5 ou 6e pour les vaccins recommandés.
Un carnet de vaccination électronique sera également testé à partir du mois de mars dans cinq régions, et un site internet sur la vaccination sera mis en place pour informer le public et les professionnels de santé.
Concernant les pénuries de vaccins observées depuis plus d'un an (BCG, coqueluche), elle a invité les laboratoires qui les produisent à mettre en place des plans de gestion des pénuries, notamment en constituant des stocks réservés à la France, sous peine de sanctions financières.
"Nous sommes aujourd'hui dans une situation préoccupante s'agissant de l'approvisionnement de certains vaccins essentiels", a-t-elle dit, estimant que "cette situation n'est pas acceptable parce qu'elle suscite des inquiétudes, qu'elle entraine des suspicions".
La ministre va réunir les industriels avant la fin du mois "pour qu'ils fassent des propositions concrètes pour qu'il y ait assez de vaccins disponibles dans les pharmacies tout au long de l'année".
Les détracteurs de la vaccination, dont le cancérologue Henri Joyeux, à l'origine d'une pétition controversée sur ses dangers, avaient notamment dénoncé la pénurie de vaccins DTP l'été dernier, qui a obligé les parents à faire vacciner leurs enfants avec le seul produit disponible, contenant six vaccins au total.