Turquie : quand les nouvelles technologies renforcent la répression

Les autorités turques ont recours à divers outils technologiques pour limiter les manifestations qui ont éclaté après l’arrestation du maire d’Istanbul pour "corruption". Depuis le 19 mars, près de 2.000 personnes ont été arrêtées, certaines identifiées grâce à la reconnaissance faciale. Des journalistes couvrant ces événements ont également été interpellés.

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Des manifestants masqués protestent à Istanbul contre l'arrestation du maire de la ville, le 23 mars 2025. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Selon Orhan Sener, spécialiste des technologies numériques, la capacité des forces de l’ordre en matière de surveillance s’est considérablement renforcée depuis le mouvement de Gezi en 2013. Désormais, la reconnaissance faciale croise les images captées lors des manifestations avec les profils sur les réseaux sociaux.

Face à cette surveillance, de nombreux manifestants dissimulent leur visage. À Istanbul, la police a demandé à plusieurs reprises aux participants de se découvrir, suscitant une inquiétude grandissante. Arif Kosar, expert en nouvelles technologies, anticipe une adaptation des manifestants via des vêtements et accessoires capables de perturber la reconnaissance faciale.

Outre ces technologies, la diffusion d’informations visant à discréditer le mouvement est également un facteur de pression. Le président Erdogan a accusé les manifestants de vandalisme, des affirmations rejetées par l’opposition. Orhan Sener souligne que les autorités ne se contentent plus de censurer Internet, mais l’exploitent également à des fins de communication.

Dans ce contexte, les restrictions d’accès au web ont été renforcées : après l’arrestation du maire d’Istanbul, la bande passante a été réduite pendant 42 heures et plus de 700 comptes d’opposants ont été bloqués sur X.

Selon Yaman Akdeniz, spécialiste de la liberté d’expression, ces mesures sont appliquées sans décision judiciaire. Il évoque par ailleurs une réglementation en préparation qui obligerait les messageries à transmettre les informations de leurs utilisateurs aux autorités.

Depuis 2020, les fournisseurs d’accès doivent communiquer certaines données à l’Autorité turque des technologies de l’information (BTK), censées être conservées deux ans. Toutefois, des informations vieilles de dix ans ont été utilisées dans l’enquête sur le maire d’Istanbul, soulevant des questions sur la gestion de ces données.

Orhan Sener résume ainsi la situation : l’État cherche à dissuader la participation aux manifestations en combinant surveillance physique et contrôle des réseaux sociaux.

AFP/VNA/CVN

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