>>L'envoyé de l'ONU : le statut futur de Jérusalem doit faire l'objet de négociations
>>Donald Trump va reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël
Donald Trump a annoncé qu'il reconnaissait Jérusalem capitale d'Israël, depuis la Maison Blanche le 6 décembre. |
Avec cette décision historique qui marquera son mandat, le 45e président des États-Unis tient l'une de ses promesses emblématiques de campagne. Mais il s'isole sur la scène internationale et prend le risque de saboter les timides espoirs de reprise des négociations, au point mort depuis trois ans.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a vivement réagi, jugeant que les États-Unis sapaient "délibérément tous les efforts de paix" et abandonnaient leur rôle historique de "sponsor du processus de paix". Le mouvement islamiste palestinien Hamas de son côté a jugé que cette annonce ouvrait "les portes de l'enfer" pour les intérêts américains dans la région.
Les dirigeants palestiniens revendiquent Jérusalem-Est, occupée puis annexée par Israël en 1967, comme la capitale de l'État auquel ils aspirent. Israël proclame tout Jérusalem, Ouest et Est, comme sa capitale "éternelle et indivisible".
La Jordanie, la Turquie, mais aussi la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Union européenne ont ouvertement regretté cette décision du locataire de la Maison Blanche.
"Il est temps d'officiellement reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël", a lancé M. Trump lors d'une brève allocution au cours de laquelle il a revendiqué "une nouvelle approche" sur ce dossier épineux et la nécessité de "reconnaître une réalité".
"Les États-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties", a-t-il martelé, s'efforçant d'adopter une tonalité conciliante après cette décision extrêmement controversée.
"J'ai l'intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à sceller un tel accord", a encore dit, debout devant un portrait de George Washington, l'ancien homme d'affaires de New York qui vante régulièrement ses qualités de négociateur.
Décision « irresponsable »
Il a par ailleurs ordonné de préparer le transfert de l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, sans fixer de calendrier pour ce déménagement qui devrait prendre des années.
Défendant une décision qui aurait dû être prise depuis longtemps, M. Trump a aussi égratigné ses prédécesseurs qui ont selon lui manqué de "courage".
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à la tête du gouvernement considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël, a salué un jour "historique" réaffirmant par ailleurs l'engagement israélien à maintenir le "statu quo" sur les lieux saints à Jérusalem.
La Jordanie, pays gardien des lieux saints musulmans à Jérusalem, a dénoncé "une violation du droit international" et de la charte des Nations unies.
La Turquie a stigmatisé une décision "irresponsable". Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait déjà annoncé son intention de réunir un sommet des dirigeants des principaux pays musulmans le 13 décembre à Istanbul.
L'Iran, bête noire de M. Trump, a jugé que la décision américaine provoquerait une "nouvelle Intifada".
Le président français Emmanuel Macron à Alger, le 6 décembre |
Le président français Emmanuel Macron à Alger, le 6 décembre. Photo : AFP/VNA/CVN |
Le président français Emmanuel Macron a qualifié cette décision de "regrettable" et appelé à éviter à tout prix les violences. "Nous ne sommes pas d'accord avec la décision américaine", a déclaré la Première ministre britannique Theresa May, tandis que l'UE faisait part de sa "sérieuse préoccupation".
Avant même son discours, des dirigeants du monde entier avaient appelé Donald Trump à peser ses mots et mesurer les conséquences de ses actes, tant Jérusalem est un chaudron diplomatique.
- « Profonde inquiétude »
"Je ne peux taire ma profonde inquiétude", a déclaré le pape François qui ne peut qu'accorder un intérêt tout particulier à la ville qui abrite les lieux les plus saints des trois grandes religions monothéistes, y compris le Saint-Sépulcre.
"J'adresse un appel vibrant pour que tous s'engagent à respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les résolutions pertinentes de l'ONU", a ajouté le souverain pontife.
Reconnaissant que son annonce était loin de faire l'unanimité, M. Trump a lancé un appel "au calme et à la modération", espérant que "les voix de la tolérance l'emportent sur les pourvoyeurs de haine".
Dans un apparent souci d'apaiser les Palestiniens, M. Trump s'est dit prêt à soutenir "une solution à deux États" si les deux parties tombent d'accord, sans pour autant en faire une condition préalable à toute négociation.
À la grande frustration des Palestiniens, le président des États-Unis s'est jusqu'ici gardé d'adhérer à l'idée d'un État palestinien indépendant, solution référence de la communauté internationale.
Pour Richard Haass, président du Council on Foreign Relations, le risque de reconnaître Jérusalem comme capitale n'est en réalité pas de faire dérailler un processus de paix de tout façon moribond. "Le risque est que cela exacerbe les tensions et mène à la violence à un moment où il y a plus qu'assez de tension et de violence dans le monde".