Algérie
Trente-huit morts dont des familles entières dans des incendies désormais "sous contrôle"

Les pompiers en Algérie sont parvenus jeudi soir 18 août à maîtriser la plupart des incendies ayant fait au moins 38 morts depuis mercredi dont plusieurs familles prises au piège dans un autocar près d'un zoo.

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Des arbres calcinés après des feux de forêts près d'El Tarf, le 18 août dans l'extrême est de l'Algérie.

Il y avait encore "16 foyers actifs dans 7 wilayas (préfectures) à 16 heures locales" (17h00 GMT), a déclaré le colonel Farouk Achour, de la protection civile, tout en assurant que les incendies des zones les plus touchées d'"El Tarf et Souk Ahras sont sous contrôle".

Le bilan provisoire reste de 38 morts avec 30 victimes dont 11 enfants et 6 femmes à El Tarf dans l'extrême est, près de la frontière avec la Tunisie. Les autres ont été enregistrés à Souk Ahras et Guelma (Est) et à Sétif (Nord), selon la protection civile et des médias locaux qui ont aussi fait état de plus de 200 blessés dont 10 pompiers.

Le ministère de la Justice a ouvert une enquête pour déterminer si les feux déclenchés mercredi 17 août étaient d'origine criminelle. Le parquet de Souk Ahras où une famille entière a péri dans les flammes et a été enterrée jeudi 18 août, a annoncé l'arrestation d'un pyromane dans une forêt à proximité de cette ville de 500.000 habitants.

Les télévisions ont montré mercredi 17 août des habitants paniqués fuyant leurs logements dont au moins 350 familles, et un hôpital proche d'une zone boisée a dû être évacué. Trois hommes ont aussi été interpellés par la gendarmerie près d'El-Tarf. Ils sont accusés d'avoir mis le feu aux récoltes agricoles d'un voisin. Mais les autorités n'ont pas précisé s'ils peuvent avoir déclenché les terribles incendies des deux derniers jours.

Tous les ans, le Nord de l'Algérie est touché par des feux de forêt, mais ce phénomène a été accentué par le changement climatique, qui augmente la probabilité des canicules et des sécheresses. Il faisait environ 48 degrés Celsius mercredi 17 août à El Tarf, Guelma et Souk Ahras.

Sur la route vers El Kala, près d'El Tarf, localité de 100.000 habitants, une équipe de l'AFP a vu des arbres calcinés, des véhicules brûlés, des gens aux yeux hagards dans des fermes où des moutons et des poules ont été brûlés vifs.

"Un parc encerclé par les flammes"

"Une tornade de feu" a embrasé un parc animalier à El Kala, et une douzaine de personnes ont péri après avoir été "prises au piège dans un autocar", devant le zoo, selon des témoins. "On a essayé d'aider les familles à s'échapper. Personne ne nous est venu en aide, ni les pompiers ni personne d'autre. Ce sont les employés qui ont cherché à sortir les gens du parc qui était encerclé par les flammes", a dit, Takyeddine, 22 ans, un employé, dont l'un des collègues est décédé.

Le Premier ministre Aymen Benabderrahmane qui a rendu visite à des blessés à l'hôpital d'El Tarf, a expliqué à sa sortie qu'avec des rafales de vent de plus de 90 km/h, "il était très difficile de combattre ces feux". Un avis partagé par un expert en aéronautique consulté par l'AFP. Un tel vent rend pratiquement "impossible le travail des hélicoptères bombardiers d'eau qui doivent larguer au plus près du feu".

Un bus calciné où une douzaine de personnes ont péri après avoir été piégées par flammes dans un bus à El Kala dans l'extrême Est du pays, le 18 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

Toutes les activités artistiques du pays ont été reportées après le drame. Des collectes de vêtements, de médicaments et de nourriture ont démarré au profit des victimes. Ces incendies ont ravivé le débat sur le manque de bombardiers d'eau, qui avait agité le pays en 2021 quand au moins 90 personnes avaient péri dans le Nord, notamment en Kabylie, dans les pires incendies de l'histoire moderne algérienne.

Ces derniers jours, les autorités ont mobilisé un bombardier d'eau russe Beriev BE 200, qui est tombé en panne et ne sera pas opérationnel avant samedi 20 août, a dit le ministre de l'Intérieur, Kamel Beldjoud.

"Forêt grignotée"

L'Algérie a récemment annulé un contrat pour l'affrètement de sept bombardiers d'eau à une société espagnole, après une brouille diplomatique avec Madrid sur le dossier du Sahara occidental. Selon M. Benabderrahmane, l'Algérie a commandé quatre bombardiers d'eau, dont le premier sera réceptionné en décembre.

Déplorant l'absence d'un "dispositif national de lutte" anti-incendies, un expert a rappelé son existence dans les années 80, quand l'Algérie disposait de "22 appareils de type Grumman" qui "ont été vendus au dinar symbolique sans qu'aucune solution de rechange ne soit proposée".

Sur les réseaux sociaux, l'universitaire Rafik Baba-Ahmed a pointé du doigt aussi une mauvaise gestion de zones boisées envahies par les activités humaines. "Aujourd'hui la forêt est affaiblie, grignotée." Pays le plus étendu d'Afrique, l'Algérie compte une surface forestière limitée de 4,1 millions d'hectares, avec un maigre taux de reboisement de 1,76%.


AFP/VNA/CVN

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