Transport : la vapeur fait encore tourner des locomotives en Pologne

Quand elle fonce avec un sifflement strident à 130 km/h sur les rails de Pologne, laissant derrière elle un ciel couvert de vapeur blanche et de fumée noire, la Belle Hélène a de quoi impressionner les fous de trains à vapeur, petits et grands.

À 73 ans, elle est l'une des dernières locomotives à vapeur encore régulièrement exploitées en Europe. Elle circule sur des trajets au départ de Wolsztyn, une petite ville dans l'Ouest de la Pologne, qui accueille tous les ans une parade de trains à vapeur de plusieurs pays d'Europe.

"Wolsztyn est unique en Europe dans la mesure où les trains y opèrent sans interruption depuis 1907, c'est-à-dire depuis déjà 103 ans", explique Andrzej Jablonski, un responsable des chemins de fer polonais PKP Cargo, organisateur de l'événement.

Dans aucun autre pays de l'Union européenne, des trains à vapeur ne transportent des passagers au quotidien, selon les spécialistes : seule reste cette ligne de 80 km allant de Wolsztyn à Poznan, la capitale de la Grande Pologne, une région de l'Ouest du pays.

Vêtu d'un uniforme bleu marine et du képi traditionnel des cheminots polonais, M. Jablonski a les yeux qui brillent quand il parle de Piekna Helena (la Belle Hélène, en polonais), la star incontestable de la parade de Wolsztyn.

Dessinée par des ingénieurs polonais en 1936 et construite une année plus tard, la Belle Hélène, au moteur Pm 36-2, peut atteindre la vitesse de 130 km/h, laissant derrière elle les autres locomotives qui roulent à une vitesse moyenne de 90 km/h.

Son moteur de 2.000 chevaux atteint la même puissance maximale que les locomotives diesel et électriques qui ont progressivement pris la place en Pologne de la traction à vapeur, à partir des années 1950.

"Les trains à vapeur ont une âme, les autres locomotives, diesel ou électriques, à l'arrêt, sont froides. Les locomotives à vapeur en marche ou à l'arrêt ont une vraie âme", dit M. Jablonski.

"Une locomotive à vapeur, c'est beaucoup de travail", souligne Czeslaw Janus, 56 ans, en chargeant de charbon le foyer de l'engin où le combustible disparaît dans des flammes aux couleurs rouge et orange. Ce travail, il le fait depuis 37 ans déjà.

"Dans une locomotive électrique le mécanicien n'a qu'à s'asseoir et allumer le moteur. Dans une locomotive à vapeur, il faut charger plusieurs tonnes de charbon, c'est un dur travail physique mais c'est un vrai train", ajoute-il.

Plusieurs milliers de passionnés des trains à vapeur de Pologne et de l'étranger ont afflué à Wolsztyn pour admirer à la parade le week-end dernier 11 locomotives à vapeur, dont la Belle Hélène et sa rivale Mathilde venue de République tchèque, ainsi que d'autres locomotives de Hongrie et d'Allemagne.

Nées en Grande-Bretagne à l'époque de la Révolution industrielle du 19e siècle, elles étaient utilisées en Europe et dans le monde jusqu'en 1930, quand elles ont été remplacées l'une après l'autre par leurs petites soeurs électriques ou diesel.

"Il n'y a plus rien de la sorte en Angleterre", déplore Andrew Mullard, 40 ans, un cheminot anglais venu spécialement de Kidderminster, près de Birmingham (Centre de la Grande-Bretagne). Il en profite pour humer l'odeur du charbon et se réjouit de voir de près la gigantesque machine en acier. "Elle dégage une autre odeur, fait un autre bruit, elle vous transporte dans une autre époque", dit-il sur un ton rêveur. À Wolsztyn, les visiteurs peuvent monter dans les locomotives, les faire siffler, une expérience plus libre et interactive que dans d'autres manifestations de ce type en Grande-Bretagne ou ailleurs en Europe.

Assis dans les bras de son père, Pawelek, 3 ans, s'exclame au passage d'une locomotive : "c'est exactement comme dans un conte".

AFP/VNA/CVN

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