La mère, dont l'identité n'a pas été révélée, est une Suédoise de 36 ans, qui, en raison d'une affection génétique, était née sans utérus, selon la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet, qui révèle samedi cette opération.
Ella a accouché en septembre d'un garçon en bonne santé pesant 1,775 kg, après 31 semaines de grossesse. La mère et l'enfant se portent bien, précise la revue.
Mats Brannstrom entouré des membres de son équipe Andreas G. Tzakis, Pernilla Dahm-Kähler, Michael Olausson et Liza Johannesson le 18 septembre 2012 à l'hôpital Sahlgrensk à Gothenburg |
Cette première a été réalisée par une équipe conduite par le professeur Mats Brännström, spécialiste de gynécologie obstétrique à l'université de Gothenburg, après plus de dix années de recherche.
Elle offre un espoir aux femmes qui ne peuvent pas avoir d'enfants parce qu'elles sont nées sans utérus ou qu'elles souffrent d'une malformation ou encore qu'elles ont subi une ablation de l'utérus en raison d'un cancer ou d'une hémorragie lors d'une précédente grossesse. Et pourrait éviter à certaines le recours à une mère porteuse.
L'absence d'utérus "était le seul type d'infertilité féminine jusque là considéré comme au delà des ressources thérapeutiques", soulignent les spécialistes à l'origine de cet exploit dans le Lancet. L'utérus qui a été transplanté sur la jeune femme provenait d'une amie de la famille âgée de 61 ans, ménopausée depuis sept ans lorsqu'elle a été opérée.
La mère est sortie de l'hôpital trois jours après l'accouchement et le bébé a quitté l'unité néonatale dix jours après sa naissance.
Accouchement par césarienne
Ce "succès est basé sur plus de dix ans de recherches intensives sur l'animal et d'entraînement chirurgical de notre équipe et il crée la possibilité de traiter bon nombre de jeunes femmes dans le monde qui souffrent d'infertilité utérine", explique dans la revue le Pr Brännström. "De surcroît, nous avons démontré la faisabilité de la transplantation de l'utérus d'une donneuse vivante, même lorsque cette dernière est ménopausée", souligne-t-il.
La jeune femme traitée, dont les ovaires étaient intacts, était capable de produire des ovules qui ont été fécondés par les techniques de fécondation in vitro (FIV) avant la greffe. Ce qui a permis d'avoir onze embryons congelés. Une année après la transplantation de l'utérus, les chercheurs ont transféré un seul embryon dans l'utérus greffé, obtenant ainsi une grossesse.
"Nous n'avons observé qu'un seul épisode de faible rejet durant la grossesse qui a été traité avec succès avec des corticostéroïdes, et la femme a travaillé à plein temps jusqu'à la veille de l'accouchement", a souligné le Pr Brännström.
La croissance du foetus et l'irrigation sanguine via les artères utérines et le cordon ombilical ont été normaux durant les 31 premières semaines de grossesse.
Mais la jeune femme a été hospitalisée à la 31e semaine en raison d'une pré-éclampsie (une pathologie marquée notamment par une hypertension et qui présente un risque pour le foetus) et a subi une césarienne.
La maman est l'une des neuf Suédoises qui avaient eu une greffe d'utérus de donneuse vivante en 2013. Elle était atteinte comme sept d'entre elles du syndrome MRKH, qui conduit à l'absence, totale ou partielle, du vagin et de l'utérus. Une condition qui touche une femme sur 5.000 à la naissance. Rien qu'au Royaume-Uni, on estime à plus de 12.000 le nombre de femmes en âge d'avoir des enfants, qui présentent des facteurs d'infertilité d'origine utérine, rappelle le Lancet.
Avant cette prouesse médicale, d'autres tentatives de greffes avaient été faites, avec des utérus provenant de donneuses vivantes ou non, mais s'étaient soldées par des échecs. La première, en Arabie saoudite en 2000, avait échoué au bout de trois mois, l'utérus de la patiente se nécrosant.
Une autre en Turquie en 2011, réalisée avec un utérus de donneuse décédée, avait permis un début de grossesse mais celui-ci s'était soldé par un avortement.
AFP/VNA/CVN