Les sacs en plastique sont présents partout dans notre quotidien. |
Chaque année, environ 300 millions de tonnes de déchets plastiques sont déversés dans la nature - une quantité équivalente au poids de l’ensemble de la population mondiale -, et plus de la moitié sont des produits plastiques à usage unique. Les déchets plastiques laissés dans la nature déteriorent les milieux naturels et in fine impactent négativement la santé et la qualité de vie des êtres humains. Le problème fondamental est qu’ils sont très difficiles à décomposer.
1,8 million de tonnes de déchets plastiques par an
Une grande partie de ces déchets se retrouve dans les océans, endommageant les systèmes coralliens, modifiant les habitats et intoxiquant les espèces marines. Pour avoir une idée concrète de l’impact de ces déchets, il faut prendre conscience qu’actuellement, les "océans d’ordures" tuent 1,5 million d’animaux chaque année.
Même enterrés dans le sol, ces déchets continueront d’exister encore pour des centaines, voire des milliers d’années. Ils modifient les propriétés physiques du sol et provoquent son érosion, le rendant incapable de retenir l’eau et les nutriments. Ils empêchent également l’oxygène de traverser le sol, affectant la croissance des plantes, entravant le développement de toute la faune et la flore.
Lorsqu’ils sont brûlés, ils produisent des émissions contenant des dioxines et des furannes - des substances toxiques.
Ce sont ainsi plus de 9,1 milliards de tonnes de déchets plastiques qui se sont accumulés sur la planète. Ils conduisent l’humanité au désastre de la "pollution blanche", détruisant progressivement la vie. De ce désastre, l’humanité entière est responsable. Chaque pays doit aujourd’hui prendre ses responsabilités pour limiter ce fléau. Le Vietnam y compris.
Selon les données d’Ipsos, une entreprise de sondages française et une société internationale de marketing d’opinion, chaque année, les Vietnamiens jettent environ 1,8 million de tonnes de déchets plastiques, dont plus de 30 milliards de sacs plastiques. Ces derniers sont aujourd’hui présents partout dans notre quotidien, que ce soit en zone urbaine ou rurale, en plaine ou en montagne. Chaque ménage vietnamien utilise environ 1 kg de sacs en plastique par mois. Plus de 80% d’entre eux sont jetés après une seule utilisation, et leur destination finale n’est malheureusement pas les installations de recyclage ou de traitement, mais les mers et les océans.
Cette situation fait qu’il est temps de sensibiliser la population à changer les comportements, notamment dans l’utilisation de ces sacs. Actuellement, bon nombre d’organisations et d’individus se sont lancés dans cette mission, mais la prise de conscience reste insuffisante.
Dire "non" aux déchets plastiques…
Des légumes enveloppés dans des feuilles de bananier à Hô Chi Minh-Ville. |
"Si vous ne pouvez pas les réutiliser, refusez de les utiliser !", scande Erik Solheim, chef de l’Agence des Nations unies pour l’environnement, en appelant les États du monde entier à prendre des mesures pour réduire la pollution plastique. Le problème vient du fait qu’à l’heure actuelle, aucun autre matériau ne peut clairement faire concurrence au plastique. Avec ses avantages de durabilité, de résistance, de commodité et de faible coût, l’usage des produits en plastique, dont les sacs, fait aujourd’hui partie des habitudes de la majorité de la population.
La première étape pour limiter la pollution est de réutiliser les objets plastiques, comme l’encouragent les agences environnementales. Cela pourra déjà réduire la quantité de déchets jetés dans la nature. Il est possible ensuite de favoriser l’achat et l’utilisation de produits reyclés. On peut voir de plus en plus de magasins, fondés notamment par la jeune génération, proposer des produits fabriqués à partir de matériaux recyclés.
… et les recycler
Et aujourd’hui, la grande distribution semble aussi prendre conscience et en faire un argument marketing. En témoigne par exemple la campagne "Dites non aux sacs plastiques" de certains supermarchés qui s’est rendue très populaire auprès des consommateurs.
D’autres enseignes, offrant des produits bio et de qualité, s’impliquent davantage encore. On peut ainsi voir revenir dans les rayons les feuilles de bananier pour emballer les produits.
Un poisson fabriqué avec des matières recyclées installé sur la plage de My Khê, à Dà Nang (Centre), destiné à recueillir les bouiteilles usagées. |
Le travail d’emballage prend plus de temps pour les employés des magasins bio "Bac Tôm" mais cela les rend heureux de participer au changement. Trân Minh Duc, propriétaire de ces magasins, souligne que "l’emballage en feuilles de bananier coûte plus d’argent, mais cela apporte de grands avantages et nous allons continuer dans cette voie". On voit que les clients sont de plus en plus sensibles à ces démarches éco-responsables et répondent favorablement : "En tant que consommatrice, je veux essayer de minimiser les impacts négatifs sur l’environnement et j’ai donc choisi ce magasin. Je suis heureuse car moins de sacs en plastique sont rejetés dans la nature", partage une cliente des magasins.
Outre la responsabilité du consommateur, le citoyen peut aussi trouver dans le recyclage un moyen créatif de s’impliquer dans la protection de l’environnement.
C’est le cas de Vo Trong Dinh et de ses amis vivant dans le 3e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville et qui ont mis en place un projet intitulé "Ecobricks". Ils consacrent une partie de leur temps libre à ramasser des sacs et bouteilles en plastique usagés pour en faire des briques écologiques (écobricks). Ces jeunes ne sont pas les seuls à avoir eu cette idée. Dans la province de Quang Ngai (Centre), un moine boudhiste, Thich Hanh Nhân, a lui aussi créé des briques à partir de bouteilles en plastique usagées. Il a même réussi à édifier une maison dans une pagode.
En peu de temps, les produits en plastique se sont rendus indispensables dans nos vies, sans que nous nous inquiétons du traitement de leurs déchets. Or, aujourd’hui la pollution est telle qu’il y a urgence à agir. Tous ensemble.