Pamplemousses de Nam Phuong Tiên, un produit OCOP de Hanoï. |
Photo : VNP/CVN |
À partir d’un projet pilote déployé dans la province de Quang Ninh (Nord), en mai 2018, le Premier ministre de l’époque Nguyên Xuân Phuc a publié une décision approuvant la mise en œuvre du programme "À chaque commune son produit" (One commune One product - OCOP en anglais) au niveau national.
Promouvoir les produits du terroir
Le programme OCOP a pour but de promouvoir les produits locaux de chaque commune rurale, de mettre en valeur les fabrications artisanales faites main, et ce pour les faire connaître plus largement auprès des consommateurs. Il prône les productions respectueuses de l’environnement et la préservation des valeurs culturelles traditionnelles, permettant d’améliorer le niveau de vie de la population rurale et d’endiguer l’exode rural.
Le programme implique six catégories de produits : aliments, boissons, produits à base de plantes médicinales, tissu-habillement, objets de souvenir et de décoration, et services touristiques ruraux. Pour être labellisé OCOP, un produit doit satisfaire à des critères d’évaluation stricts liés au processus de production, à la qualité et l’originalité, à l’influence sur la communauté, à la capacité de commercialisation, de distribution et d’exportation, etc. À propos du classement, plus il répond à ces critères, plus il reçoit d’étoiles (d’une à cinq).
D’après les récentes données communiquées par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR), trois ans après son lancement, le programme OCOP a enregistré plus de 6.200 produits du terroir, parmi lesquels 4.469 ont reçu des notes allant de 3 à 5 étoiles, soit 1,86 fois plus que l’objectif fixé pour la période 2018-2020. Les localités ont organisé jusqu’à présent 70 foires dédiées
à la promotion de ces produits, à travers lesquelles plus d’un millier de contrats ont été conclus.
"Le programme a mobilisé la participation de nombreux villages artisanaux traditionnels et coopé-ratives agricoles, contribuant ainsi à une redynamisation de l’économie rurale", a estimé le vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Trân Thành Nam, lors d’une conférence-bilan qui s’est tenue en mars dernier à Hanoï. Le vice-Premier ministre Trinh Đinh Dung a, quant à lui, déclaré que l’OCOP avait immédiatement suscité l’enthousiasme des métiers d’artisanat traditionnels.
Riz Séng Cù, produit du terroir 4 étoiles de la province de Lào Cai (Nord). |
Photo : DT/CVN |
Grâce aux résultats encourageants des débuts, le programme s’est étendu rapidement dans l’ensemble du pays, valorisant le rôle des coopératives agricoles et reliant étroitement ces dernières aux entreprises distributrices. De nouveaux emplois ont été créés, aidant les habitants des zones rurales à augmenter leurs revenus.
Quang Ninh, Bac Giang, Hà Nam, Lào Cai, Son La, Hà Giang, Bac Kan, Thai Nguyên (Nord), Hà Tinh, Quang Nam (Centre), Bên Tre, An Giang, Soc Trang (Sud)... sont parmi les villes et provinces les plus dynamiques au sein de ce programme. Grâce à des politiques de soutien à la production et à la commercialisation, ces localités ont su valoriser très vite leurs produits locaux. On peut citer par exemple le thé Shan tuyêt de Hoàng Su Phi (Hà Giang), le thé de Tân Cuong (Thai Nguyên), le café Bich Thao de Son La, le riz de Soc Trang et d’An Giang, etc. Ces produits sont de plus en plus connus des consommateurs vietnamiens et même étrangers.
Lào Cai a enregistré plusieurs produits sous l’appellation "spécialités locales OCOP". Ce sont le thé de Ban Liên, le chayote de Sa Pa, le vermicelle de Ban Xèo, le pamplemousse de Múc ou encore le riz Séng Cù de Muong Khuong. La province recense actuellement 69 entreprises et coopératives participant au programme, avec une production totale s’étendant sur environ 10.600 ha de cultures et impliquant pas moins de 21.500 familles. L’an passé, malgré le COVID-19, les chiffres d’affaires des produits labellisés OCOP ont augmenté d’entre 10% et 30% par rapport à l’année précédente quand ils n’étaient pas encore reconnus "produits du terroir". On voit ainsi l’impact positif qu’a la labellisation sur la commercialisation d’un produit.
De nouvelles opportunités pour l’exportation
Avec une note de 5 étoiles, les produits sont autorisés à être exportés. C’est le cas par exemple des vermicelles de la coopérative Tài Hoan de Bac Kan, du café Bich Thao de Son La, du sucre de palme Palmania d’An Giang, etc. Un représentant des supermarchés MM Mega Market informe que ces trois dernières années, ce réseau a exporté plus de 3.000 tonnes de produits agricoles vietnamiens, dont quantité de nouveaux produits du terroir, vers la Thaïlande, Singapour, Hong Kong et Taïwan (Chine).
Le succès de la coopérative Tài Hoan témoigne de l’effet que peut avoir le label sur la commercialisation d’un produit. Spécialisée dans les vermicelles d’arrow-root (racines à flèche) depuis 1965, la structure avait du mal à écouler ses produits, manquant de visibilité. Depuis son adhésion au programme OCOP en 2019, ses ventes se sont nettement améliorées. Tài Hoan a réuni 360 familles issues d’ethnies minoritaires travaillant sur plus de 40 ha, pour une récolte de 2.400 tonnes de tubercules par an.
En 2020, elle a même commencé à exporter son produit vers la République tchèque, avec un premier lot de 5,3 tonnes de vermicelles d’une valeur de près de 15.000 d’USD. Ce succès rapide donnant confiance, la coopérative vient d’investir 8 milliards de dôngs dans la modernisation de sa chaîne de fabrication, qui pourrait lui permettre de produire 2 tonnes de vermicelles par jour et d’embaucher jusqu’à 500 familles de cultivateurs travaillant sur 70 ha.
Le "nuoc mam" (saumure de poisson) de Phú Quôc, province de Kiên Giang (Sud), est déjà très connu sur le marché étranger. |
Photo : Vietnam+/CVN |
D’ici 2025, 10.000 produits de 3 à 5 étoiles
D’après le MADR, entre 2021 et 2025, le programme OCOP ambitionne d’atteindre 10.000 produits du terroir 3 étoiles et plus, dont 3% classés 5 étoiles. Autre objectif : 50% des villages de métiers des régions rurales auront au moins un produit classé. Cependant, pour parvenir à ces objectifs, de nombreux défis restent à relever dont "le manque de conscience de localités sur l’importance du programme, ce qui les empêche de choisir raisonnablement les produits à mettre en valeur, de proposer des politiques de soutien efficaces et de lancer des activités de promotion commerciale pertinentes", observe le Docteur Trân Van On, chef du Département des végétaux de l’Université de pharmacie de Hanoï.
En effet, certaines localités ont mis du temps à voir les opportunités de développement que leur offrait le programme. C’est le cas par exemple de la province de Vinh Phuc (Nord) qui n’a vraiment commencé à mettre des actions de promotion qu’en 2020. Il semble que beaucoup de localités aient encore trop peu d’informations sur le programme, ce qui les empêche de communiquer auprès de leurs populations. Pour pallier à cela, les autorités centrales s’engagent à soutenir encore davantage ce programme permettant de valoriser les territoires ruraux.
Afin d’améliorer la compétitivité des produits OCOP, le ministère de l’Industrie et du Commerce coopèrera étroitement avec de nombreuses localités pour fournir les connaissances nécessaires sur les critères d’OCOP, mais aussi en formant dans les domaines du marketing, de l’e-commerce et de la conception d’emballage, etc. Le ministère des Sciences et des Technologies promet aussi d’aider les localités à appliquer les technologies dans la production et à soutenir les agriculteurs dans les questions liées à la propriété intellectuelle et à l’établissement des indications géographiques.
"Le gouvernement élaborera et mettra en œuvre les politiques pour continuer de soutenir les localités en matière de finances, de foncier, de fiscalité et de technologies", a déclaré le vice-Premier ministre Trinh Đinh Dung.
Il est certain qu’au cours des cinq prochaines années, le programme OCOP continuera de contribuer largement au développement de l’économie des régions rurales grâce à la valorisation des produits du terroir.
Linh Thao/CVN