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La Maître de conférences-Doctoresse Hoàng Thi Diêm Tuyêt. |
Entre juillet et août 2021, l’épidémie battait son plein dans la mégapole du Sud. Le nombre de cas était très important et les femmes enceintes n’étaient pas épargnées.
Les établissements médicaux fonctionnaient à pleine capacité pour traiter les patients. Spécialisé dans le domaine gynécologique et obstétrique, l’hôpital Hùng Vuong a accueilli de nombreuses femmes enceintes positives au COVID-19.
Tenir la vie
Sa directrice Hoàng Thi Diêm Tuyêt n’oubliera sans doute jamais ces jours difficiles où son personnel peinait à faire face à la crise sanitaire en soignant les femmes enceintes atteintes du coronavirus.
"Avant la résurgence de l’épidémie, nous nous occupions d’abord des problèmes obstétriques des femmes enceintes diagnostiquées positives au COVID-19 puis nous traitions ensuite les symptômes respiratoires. Mais lorsque le nombre de cas a explosé, nous avons décidé qu’il nous fallait traiter à la fois les maladies respiratoires et suivre strictement la grossesse des femmes".
Dévouée et responsable, la Maître de conférences-Doctoresse dirigeait chaque matin une réunion avec son personnel où les médecins consultaient et diagnostiquaient collectivement. "Tous les cas, surtout les plus graves, étaient analysés et discutés afin de déterminer les régimes de traitement optimaux pour chaque patiente". Tous les efforts étaient concentrés sur la survie des femmes et de leurs fœtus.
"Nous prenions en charge de manière intensive de nombreuses femmes enceintes, y compris celles en situation grave, nécessitant le respirateur. Au moment le plus critique, nous devions utiliser 300 bouteilles d’oxygène par jour pour soutenir la respiration des patientes". Mme Diêm Tuyêt ne cache pas ses émotions en se rappelant une mère enceinte de jumeaux, en insuffisance respiratoire sévère. Sa grossesse a dû être interrompue en raison des complications causées par le virus. Plus douloureux encore, son mari est décédé du COVID-19.
Après la mort de son mari et l’arrêt de sa grossesse, le seul bonheur de cette femme se reposait entièrement sur ses deux autres enfants vivant à Bac Liêu (Sud) qui attendaient son retour. "Nous avons donné à la patiente une petite somme d’argent pour qu’elle puisse retourner dans sa province natale. Sa douleur était si grande qu’elle ne pouvait pas rester à Hô Chi Minh-Ville. Je ne sais pas comment elle a surmonté ces dures épreuves..."
Lors de la crise sanitaire, un grand nombre de bébés se sont retrouvés orphelins du fait de la mort de leur mère. Avant l’épidémie, l’hôpital ne connaissait qu’un à deux décès en couches par an. Mais pendant les mois de la pandémie, le chiffre a été porté à huit. "Ce nombre restait plus bas que celui d’autres établissements médicaux dans la ville mais cela nous rendait quand même extrêmement tristes. L’état de certaines patientes s’est aggravé rapidement et nous ne pouvions rien faire".
Attentes positives
Mme Diêm Tuyêt (droite) et une agente médicale soignent des enfants dans le centre H.O.P.E. |
En août 2021, le ministère de la Santé et les autorités municipales ont recommandé à l’hôpital Hùng Vuong d’établir un centre pour les nouveau-nés. H.O.P.E (Have Only Positive Expectation en anglais) a été alors créé pour s’occuper des bébés dont les mères étaient atteintes du coronavirus.
"Nous surveillions les nouveau-nés pendant 72 heures après leur naissance. Si leur santé était bonne, ils étaient remis à leurs parents. Mais, nombreux de ceux-ci avaient contracté le COVID-19, ce qui les empêchait de prendre soin de leur bébé. C’est pour cela que nous devions nous en occuper à l’hôpital".
C’est ainsi que l’École maternelle Hoa Mi 2 à proximité de l’hôpital Hùng Vuong a été transformée en zone réservée aux soins des bébés. H.O.P.E a attiré des volontaires venus de nombreux arrondissements et districts de la ville. Ces personnes ont été formées aux compétences de base en matière de soins aux nouveau-nés. "Tout a été fait pour redonner de la force et de l’espoir aux mères qui, une fois rétablies, pourront s’occuper elles-mêmes de leur bébé en bonne santé".
Fin octobre 2021, le nombre de patients a diminué notablement. Mme Diêm Tuyêt a alors proposé aux autorités municipales de fermer le centre pour se focaliser sur un nouvel objectif : établir un centre de prise en charge des nouveau-nés prématurés conforme aux critères internationaux.
Durant ses six ans passés à la tête de l’hôpital Hùng Vuong, la médecin ne s’est jamais sentie aussi stressée que pendant la 4e vague épidémique en 2021. "Pendant ces mois difficiles, nous priions chaque jour pour que la pandémie prenne fin, que la vie reprenne son cours normal et que chaque famille arrête de subir des pertes et des douleurs".
Pour la Maître de conférences-Doctoresse Hoàng Thi Diêm Tuyêt, la solidarité, le sacrifice et l’amour pour les vies malchanceuses ont permis à toute l’équipe de son hôpital de trouver la force pour lutter contre l’épidémie.
Thu Hà Ngô/CVN