Au total, 191 membres de l'Assemblée nationale ont voté en faveur du général Prayut Chan-O-Cha, unique prétendant au poste, contre seulement trois abstentions, lors d'un rapide vote diffusé à la télévision.
Le général Prayut Chan-O-Cha, chef de la junte militaire arrivée au pouvoir par un coup d'État en mai en Thaïlande, le 18 août à Bangkok |
"Le général Prayut est élu Premier ministre", s'est félicité Pornpetch Wichitcholchai, président de cette assemblée dont les membres ont été nommés par les militaires, lesquels ont fortement réduit les libertés civiques depuis leur renversement du dernier gouvernement civil élu, le 22 mai.
Cette élection de l'homme fort de la junte doit être rapidement soumise à l'approbation du roi de Thaïlande, Bhumibol, âgé de 86 ans, qui n'apparaît quasiment plus jamais en public. "Il a réalisé un coup d'État. Il doit prendre la responsabilité de résoudre tous les problèmes par lui-même. En devenant Premier ministre, il aura tous les pouvoirs", avait déclaré un responsable de la junte, sous couvert de l'anonymat, à la veille de cette élection sans surprise.
Le général Prayut, qui s'adresse à la Nation lors d'une grand-messe télévisée hebdomadaire baptisée "Rendre le bonheur au peuple", ne faisait pas mystère depuis des semaines de ses ambitions.
En troquant son habituel uniforme kaki pour un costume cravate, il avait donné l'impression dès lundi 18 août d'endosser les habits de Premier ministre lors de sa présentation du budget 2015 devant cette même Assemblée nationale.
Homme à poigne, il n'avait pas hésité ces dernières années à se mêler de politique, justifiant ses interventions par la défense de la Nation et de la monarchie. Ce passage au poste de Premier ministre intervient à un moment clef, alors que Prayut devait prendre sa retraite de chef de l'armée de terre en septembre 2014.
Les militaires ont prévenu que la junte serait maintenue en parallèle au gouvernement, alors que toute élection est repoussée à fin 2015 au mieux. L'armée a expliqué avoir pris le pouvoir pour mettre un terme à sept mois de manifestations meurtrières contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, soeur de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.
Mais certains accusent la junte d'avoir utilisé cette situation comme prétexte pour se débarrasser de l'influence de Thaksin, renversé par le précédent putsch en 2006 et qui reste malgré son exil la figure de division du royaume. Il est considéré par les élites traditionnelles, dont l'armée, comme une menace à la royauté, selon les experts.
AFP/VNA/CVN