Théâtre populaire : les paysans chantent pour mieux récolter

La province de Thai Binh, à 110 kilomètres au sud-est de Hanoi, est réputée non seulement pour ses rizières de rendement élevé mais aussi pour ses villages de chèo (théâtre populaire).

Sous l'ombre des haies touffues de bambou, le village d’An Phu dans la commune de Quynh Hai, district de Quynh Phu, est souvent animée par des airs de chèo. Après les travaux des champs, les agriculteurs montent sur scène, même les plus jeunes.

Le village d’An Phu possède en effet sa propre scène de chèo dans la maison commune pouvant accueillir un millier de spectateurs. Tous les villageois sont réjouis, à commencer, bien sûr, par les artistes agriculteurs qui possèdent leur espace spécifique pour donner leurs représentations. Le groupe d'agriculteurs qui chantent du chèo a été recréé en 2003 par des amoureux de cet art traditionnel. Comprenant 28 personnes, il fonctionne comme un vrai théâtre.

Avec une passion sans borne, après le travail, les agriculteurs qui ont le chèo dans le sang se transforment en artistes professionnels. Hông Nhan est une de ces personnes. Chaque jour, cette dame va au marché vendre en gros des légumes. Le soir, en revenant de celui-ci avec ses deux gros paniers vides sur son vélo, elle se dirige vers la maison commune pour s'entraîner avec ses amis, et ne rentre chez elle que la nuit proche. Selon Nguyên Xuân Luu, artiste de la Troupe de chèo de la province de Thai Binh, un enfant du village d’An Phu et réalisateur de pièces de chèo pour le groupe des artistes-agriculteurs de ce village, Mme Nhan possède de réels dons. Elle peut apprendre rapidement les airs, et chante le chèo avec passion, même quand elle travaille dans les champs ou au marché.

Le couple Khoat-Chiên est tout aussi représentatif : tous deux chantent du chèo depuis plus d'une quarantaine d'années et sont aujourd'hui les piliers du groupe d'artistes du village. Manh Thiên, un maçon expérimenté de An Phu également, est aussi amoureux du chèo. Il s'entraîne tous les soirs malgré le travail abattu dans la journée, sans négliger de s'alimenter afin de cultiver sa voix.

Grâce à un entraînement sans concession, le groupe d'artistes agriculteurs d’An Phu a pu représenter des dizaines de pièces telles que Quan Am Thi Kinh, Luu Binh Duong Lê, ou encore Tâm Cam, et transmettent leur amour de cet art aux jeunes générations du village.

Berceau du chèo

Jadis, Thai Binh, un grenier à riz du Nord, possédait déjà plusieurs villages de chèo réputés comme Hà Xa (district de Hung Hà), Khuôc (district de Dông Hung), Sao Dên (district de Vu Thu), et An Phu (district de Quynh Phu).

Actuellement, plusieurs autres villages créent de nouveaux groupes de chèo tels que Dông Kinh, Nguyên Xa, Phong Châu, Hông Viêt… (district de Dông Hung), Thuy Duyên, Thuy Trinh, Thuy Binh, Thai Son… (district de Thai Thuy), An Vinh, Quynh Hai (district de Quynh Phu). Selon une enquête, les paysans-acteurs de chèo sont omniprésents dans les communes et les villages.

Certains en ont quelques personnes, d'autres en revanche ont des centaines. Rien qu'à An Phu, écouter du chèo est devenu aussi courant que de manger et boire...

En outre, pour attirer les gens et, en particulier, les enfants vers la scène de chèo, certains de ces artistes agriculteurs cherchent à toucher le cœur du public en chantant n'importe où et à n'importe quelle occasion. Autant dire que la passion du chèo vient aux jeunes dès leur enfance, et une fois plus grands, elle ne fait que se renforcer. Ne rapportant aucune rémunération, la passion pour le chèo se transmet continuellement de génération en génération. Malgré les difficultés, les agriculteurs d’An Phu travaillent dans les champs et montent sur la scène.

Thu Trang/CVN

30/12/2010

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