Le village de Duong Côc se trouve à 25 km du centre-ville de la capitale. Sa population vit majoritairement de la production agricole. Les villageois passent leur journée aux champs, mais lorsque la nuit tombe, certains deviennent de véritables acteurs. C'est chose courante dans ce village bien que ces deux aspects de la vie semblent n'avoir aucun rapport entre eux.
Selon Nguyên Van Ly, président du club des amateurs de tuông à Duong Côc, les villageois ont pris goût par hasard à ce genre théâtral. C'était en 1967, au plus fort de la guerre. Les acteurs du Théâtre central de tuông avaient été évacués à Duong Côc pour échapper aux bombardements. Et c'est à leur contact que les villageois se sont pris de passion pour cet art.
Au fur et à mesure, avec l'aide des acteurs du Théâtre, les villageois se sont perfectionnés et ont réussi à monter leur propre troupe qui a même fait des tournées en province. Aux festivals nationaux de tuông amateur, ses pièces, au nombre d'une quarantaine, ont été vivement applaudies. Des centaines de satisfecit et de médailles ont été décernées aux membres de la troupe et à la troupe elle-même.
Fin 2006, au Festival de tuông amateur, organisé dans la province de Binh Dinh (Centre), sa pièce Le soleil brille sur le ruisseau Pang Poi a reçu le premier prix.
Actuellement, la troupe de tuông de Duong Côc, vieille de 45 ans, ne compte plus que 24 acteurs et musiciens. Les artistes comme Nguyên Van Ly et le couple Nguyên Bich Hao-Nguyên Huy Thuong en constituent le noyau.
"Je suis passionné par le tuông depuis mon enfance. Lors que j'entends le son des tambours, j'arrête tout ce que je suis en train de faire et je cours vers la maison communale", a confié Mme Hao. Durant 40 ans, ce couple possède une belle collection de médailles d'or. "Nous espérons que nous pourrons transmettre cet art aux futures générations. Nous voulons que les jeunes reprennent le flambeau et se passionnent pour cet art", a-t-elle confié.
Chez les familles de Nguyên Ngoc Binh et Nguyên Huu Thiêt, on joue dans la troupe depuis trois générations. Maintenant, plusieurs sont septuagénaires et s'activent à transmettre le tuông aux jeunes. Des cours d'initiation sont organisés à leur intention. Afin de couvrir les dépenses courantes (accessoires, costumes, décors…), en dehors des crédits accordés par les villageois, les membres de la troupe apportent aussi leur part, et ce de leur propre gré. Par ailleurs, la troupe bénéficie de l'aide financière et technique des autorités locales ainsi que de celle du Théâtre central de tuông.
Perpétuant la tradition de leurs aînés, de jeunes pousses comme Nguyên Kim Huê ou Nguyên Van Huong se sont distingués lors de festivals.
Linh Thao/CVN