Syrie : retrait total des combattants kurdes d'une ville 

Les combattants kurdes ont quitté dimanche 20 octobre la ville syrienne de Ras al-Aïn, assiégée par les forces turques, un retrait qui devrait accélérer leur départ d'une zone frontalière de la Turquie, condition d'un accord de trêve négocié par Washington à Ankara.

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Un convoi transportant des blessés, de dépouilles et de combattants kurdes quitte la ville syrienne de Ras al-Aïn, le 20 octobre. 

Annoncé jeudi 17 octobre, l'accord  de trêve négocié par Washington prévoit la suspension pour 120 heures de l'offensive lancée le 9 octobre par la Turquie pour permettre un retrait des combattants kurdes de zones frontalières du Nord syrien.

Outre ce retrait, l'accord prévoit la mise en place d'une "zone de sécurité" de 32 kilomètres de profondeur pour séparer la Turquie des territoires tenus par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Les Kurdes ont accepté de se retirer de secteurs conquis par les forces turques entre les villes de Tal Abyad et Ras al-Aïn, distantes de 120 km. Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a régulièrement évoqué une longueur d'environ 450 km.

Dimanche 20 octobre, un convoi transportant des blessés, des dépouilles et des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les YPG, a quitté Ras al-Aïn, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Plus de 50 véhicules, dont des ambulances, ont quitté la ville, a-t-il constaté, affirmant avoir ensuite vu des flammes s'élever de l'hôpital.

Les FDS et la Turquie ont confirmé le retrait total des combattants kurdes de la ville.

C'est la première fois que des combattants des FDS sortent de Ras al-Aïn. Samedi 19 octobre, l'OSDH avait rapporté l'évacuation de 30 blessés et de quatre dépouilles.

Youyous 

Le convoi est arrivé à Tal Tamr, plus au sud, où des habitants les ont accueillis par des youyous et slogans de soutien aux FDS, selon un correspondant de l'AFP.

Une fillette syrienne est assise dans les rues de Tal Abyad après avoir été soignée, le 20 octobre en Syrie. 

Samira, 45 ans, attendait le convoi. "Je n'arrive pas à croire que Sari Kani est tombée", a-t-elle dit, utilisant le nom kurde de Ras al-Aïn. "Nous saluons nos combattants qui nous ont défendus, même si les grandes puissances ont trahi notre peuple."

M. Erdogan a réitéré que l'offensive reprendrait si les forces kurdes ne se retiraient pas totalement de secteurs frontaliers et a affirmé que la Turquie "assurerait la protection de la zone de sécurité" qu'il souhaite établir. Il a aussi exhorté les Etats-Unis à "tenir leurs promesses".

"Les États-Unis ont l'obligation de faciliter le retrait des YPG", a indiqué Fahrettin Altun, porte-parole de la présidence turque.

Le président américain Donald Trump a affirmé que "le cessez-le-feu tient très bien", dans un tweet citant son ministre de la Défense, Mark Esper. "Il y a eu des accrochages mineurs (...) Les Kurdes se réinstallent dans de nouvelles zones", selon M. Esper.

Les autorités kurdes syrienne ont exprimé leur "perplexité" face à la déclaration de Trump sur la trêve. "La Turquie et ses mercenaires n'ont absolument pas respecté et ont à plusieurs reprises violé" la trêve, ont-elles déclaré dans un communiqué.

Le fait que "Trump dise que les Kurdes se sont réinstallés dans de nouvelles zones a ouvert la voie au nettoyage ethnique", ont elles ajouté, appelant à une protection internationale des personnes déplacées.

La trêve est ponctuée de combats et bombardements sporadiques dans l'Ouest et le Nord-Ouest de Ras al-Aïn, d'après l'OSDH. Depuis jeudi 17 octobre, les forces kurdes et Ankara s'accusent mutuellement de la violer.

Dans la zone de Tal Abyad, à l'ouest, un soldat turc a été tué et un autre blessé, selon le ministère de la Défense turc.

Dimanche 20 octobre, l'OSDH a par ailleurs rapporté que des combattants proturcs avaient exécuté trois civils qui se cachaient dans des zones industrielles de Ras al-Aïn.

Retrait américain 

L'offensive turque a été lancée après un retrait le 7 octobre des soldats américains de secteurs frontaliers.

Et le 13 octobre, les États-Unis ont annoncé le retrait de quelque 1.000 militaires américains déployés dans le Nord et l'Est de la Syrie.

Dimanche 20 octobre, plus de 70 véhicules blindés arborant un drapeau américain et transportant du matériel militaire ont traversé Tal Tamr, escortés par des hélicoptères, a constaté le correspondant de l'AFP.

Selon l'OSDH, le convoi s'est retiré de la base de Sarrine, près de la ville de Kobané, et s'est dirigé vers la province de Hassaké plus à l'est.

"Il s'agit de la plus grande base militaire américaine dans le Nord et du quatrième départ des forces américaines d'une base en Syrie", a indiqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Ces derniers jours, les Américains se sont retirés de trois autres bases, dont celle de Minbej et une autre près de Kobané.

Désormais, toutes les bases dans les provinces de Raqa et d'Alep "sont vides de toute présence militaire américaine", a précisé M. Abdel Rahmane. Les États-Unis conservent encore des positions dans les provinces de Deir Ezzor et de Hassaké, selon lui.

"On ramène les soldats chez nous", a déclaré M. Trump dans un tweet.

L'offensive turque a tué 114 civils et déplacé 300.000 autres, selon l'OSDH. Les combats et les bombardements ont tué 256 membres des FDS et 196 combattants pro-Ankara.

L'offensive a ouvert un nouveau front dans le conflit syrien qui dure depuis 2011.

AFP/VNA/CVN

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