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Des rebelles syriens proturcs photographiés près de la ville de Ras al-Aïn, dans le Nord de la Syrie près de la frontière avec la Turquie, le 19 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Annoncé jeudi 17 octobre, l'accord de trêve négocié par Washington implique un retrait des forces kurdes d'une région frontalière de la Turquie, en échange de l'arrêt de l'offensive turque lancée contre elles le 9 octobre.
En quelques jours, les forces turques et leurs supplétifs syriens ont conquis une bande frontalière de près de 120 km, allant de la ville de Tal Abyad à Ras al-Aïn, ville où les forces kurdes opposaient cette semaine une farouche résistance avant l'annonce de la trêve.
Des centaines de personnes ont été tuées et 300.000 autres ont été déplacées depuis le 9 octobre selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Mazloum Abdi, le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance dominée par les Kurdes, a accusé samedi 19 octobre la Turquie de saboter l'accord en empêchant le retrait des combattants de la ville assiégée de Ras al-Aïn.
"Fausses informations"
De la fumée au-dessus de la ville syrienne de Ras al-Ain, lors de l'offensive des forces turques, le 18 octobre. |
L'accord stipule "l'ouverture d'un couloir sous le parrainage des États-Unis", a-t-il affirmé, dans un entretien avec l'AFP.
Mais les "Turcs entravent le retrait du secteur de Ras al-Aïn, empêchant la sortie de nos forces, des blessés et des civils", a-t-il ajouté.
Il a assuré que les FDS étaient engagées à se retirer, comme le stipule selon eux l'accord, d'une zone frontalière de 120 km de longueur entre Ras al-Aïn et Tal Abyad --région à majorité arabe--, dès que les Turcs les laisseront sortir de Ras al-Aïn.
Ankara a aussitôt démenti avoir bloqué le retrait des forces kurdes, s'insurgeant contre de "fausses informations pour saboter l'accord turco-américain".
L'armée turque a "fourni des informations détaillées aux Américains (...) pour faciliter le retrait" des forces kurdes, a déclaré un haut responsable turc.
La Turquie a en outre appelé Washington à user de son "influence" auprès des forces kurdes pour qu'elles effectuent leur retrait "sans incidents".
"Dès que le délai de 120 heures expire, nous reprendrons là où nous nous étions arrêtés et continuerons à écraser les têtes des terroristes", a déclaré le président turc Recep Tayip Erdogan dans un discours, en référence aux forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), principale composante des FDS et considérées comme "terroristes" par Ankara.
La Turquie a accusé les forces kurdes de violer la trêve, avec "14 attaques" menées "dans les dernières 36 heures".
"Les forces armées turques respectent totalement l'accord", a assuré le ministère turc de la Défense dans un communiqué.
Outre le retrait des forces kurdes, l'accord de trêve négocié prévoit la mise en place d'une "zone de sécurité" de 32 km de profondeur en territoire syrien, même si la longueur de cette bande, que le président turc veut à terme étendre sur près de 450 km, reste pour l'instant à définir.
L'objectif est d'éloigner de la frontière les combattants kurdes, mais aussi d'y installer une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens vivant en Turquie.
Sur le terrain, Ras al-Aïn a connu un calme relatif samedi, avec des pilonnages sporadiques de la part de supplétifs syriens proturcs, tandis que les secteurs voisins ont été la cible de violents bombardements, selon l'OSDH.
L'ONG a rapporté l'évacuation par un convoi médical de 30 blessés de Ras al-Aïn, ainsi que de quatre personnes ayant succombé à leurs blessures.
Dilkash Fatmi, un responsable du Croissant-rouge kurde, a indiqué que seuls les blessés de l'hôpital de Ras al-Aïn avaient pu être évacués.
"On nous a dit qu'il y avait beaucoup de blessés et de personnes sous les décombres mais nous ne pouvions pas circuler dans la ville", a-t-il dit.
Les blessés ont été transportés à Qamichli (Est), selon un correspondant de l'AFP.
"Responsabilité américaine"
Des femmes pleurent la mort de civils et de combattants kurdes, tués lors de bombardements turcs dans le nord de la Syrie, à Tal Tamr, le 19 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les forces kurdes, alliées pendant plusieurs années à Washington dans leur combat contre le groupe jihadiste État islamique (EI), ont accusé les États-Unis de les avoir abandonnées lorsque Donald Trump a pris la décision de retirer les soldats américains du Nord de la Syrie.
Les FDS ont défait le "califat" de l'EI en mars, mais des cellules dormantes demeurent dans l'est de la Syrie.
M. Abdi a affirmé à ce sujet la reprise des opérations anti-EI des FDS avec les forces de la coalition dirigée par Washington, à Deir Ezzor (Est), trois jours après avoir annoncé leur suspension.
L'offensive lancée par Ankara le 9 octobre a ouvert un nouveau front dans la Syrie en guerre depuis 2011, et a rebattu les cartes dans le Nord du pays.
À la faveur d'un accord avec les forces kurdes, le régime de Damas est revenu dans des régions qui lui échappaient depuis des années et Moscou a commencé à remplir le vide laissé par le retrait des forces américaines.
AFP/VNA/CVN