Bolivie
Élections disputées pour Morales, l'opposition appelle au vote sanction

Les Boliviens décident dimanche 20 octobre s'ils prolongent jusqu'en 2025 Evo Morales, au pouvoir depuis 13 ans, ou s'ils tournent le dos au premier président indigène et de gauche du pays, déçus par la corruption et le virage autoritaire du pouvoir.

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Le président bolivien Evo Morales, candidat à un 4e mandat, lors d'un meeting de campagne, le 16 octobre à El Alto.

Cette fois, contrairement aux trois dernières élections depuis 2006, pas de victoire écrasante en vue au premier tour. Un des derniers sondages, celui de l'université publique, donne Morales en tête (32,3%) mais suivi de près par son principal adversaire, le centriste Carlos Mesa (27%), ce qui forcerait le plus ancien président en exercice d'Amérique latine à un second tour inédit en Bolivie.Mesa est le seul des huit adversaires à Morales en lice à pouvoir le faire trébucher, une partie de l'opposition appelant les électeurs au "vote sanction" face au "vote sûr" avec lequel le chef de l'État tente de séduire les électeurs.

À quelques heures de l'ouverture du scrutin, le chef de l'État s'est rendu samedi 19 octobre dans son fief du Chaparé (Centre), une des région de production de coca, où il doit voter tôt dimanche 20 octobre. Evo Morales a appelé sur Twitter ses compatriotes à "participer pacifiquement et activement" aux élections.

"Nous sommes certains que ce sera une fête démocratique grâce à la conscience et la maturité des électeurs. La Bolivie sera un nouvel exemple pour les délégations et observateurs qui nous rendent visite", a-t-il ajouté.

De son côté, Carlos Mesa, 66 ans, a rencontré les observateurs de l'Organisation des États américains (OEA), a qui il a fait part de ses doutes concernant la neutralité des autorités électorales. Dans un entretien, le journaliste et ancien président (2003-2005) a dit craindre des fraudes car le parti de Morales "contrôle tous les organes de l'État".

"Le pouvoir a remplacé les politiques destinées à toute la population par d'autres qui ne servent les intérêts que de certains secteurs. Des leaders de l'opposition ont été persécutés. Tout cela a provoqué un malaise citoyen et donné l'impression que la démocratie était en danger", a déclaré Maria Teresa Zegada, politologue bolivienne.

Appel à la "rébellion"

En outre, la décision de Morales de briguer un quatrième mandat est très mal vue par une partie des Boliviens et fortement critiquée par l'opposition, qui estime que le pays pourrait verser dans l'autocratie en cas de nouvelle victoire du président indigène de 59 ans.

Le 21 février 2016, les Boliviens lui avait dit "non" lors d'un référendum pour changer la Constitution -qui n'autorise que deux mandats- pour lui permettre de se représenter. Un an plus tard, il était passé outre grâce à une décision contestée de la Cour constitutionnelle. Motif avancé par les magistrats : sa candidature relevait de son "droit humain".

Tant les partisans du Mouvement vers le socialisme (MAS) de Morales que ceux de l'opposition, dont certains secteurs ont appelé à la "rébellion", ont promis de descendre dans la rue en cas de victoire du camp adverse.

Enfin, les gigantesques incendies qui ont ravagé en août et septembre une zone presque de la taille de la Suisse ont provoqué l'indignation des peuples indigènes qui accusent Evo Morales d'avoir sacrifié la Pachamama, la Terre mère en langue quechua, pour étendre les terres agricoles et augmenter la production de viande destinée à la Chine.

Les défenseurs de l'environnement mettent en cause une récente loi autorisant une augmentation de 5 à 20 hectares de la déforestation par brûlis.

De son côté, Morales a fait campagne en insistant sur sa réussite économique (maintien d'une croissance économique élevée, forte réduction de la pauvreté, niveau record de réserves internationales) qui a fait de la Bolivie un des pays avec le meilleur taux de croissance de la région.

Mais "le modèle économique bolivien (basé sur l'exploitation des matières premières), qui a fonctionné durant des années, n'est plus tenable", prévient Michael Shifter président du groupe de réflexion Dialogue interaméricain à Washington.

Les 7,3 millions d'électeurs boliviens choisissent, outre leur prochain président et vice-président, leurs 136 parlementaires. Les bureaux de vote ouvrent à 08h00 (12h00 GMT) et ferment à 16h00 locales (20h00 GMT).

AFP/VNA/CVN

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