>>Syrie : la force anti-EI s'approche de la vieille ville de Raqa
Un combattant des Forces démocratiques syriennes marche devant un véhicule blindé dans un quartier de Raqa lors de l'offensive contre les jihadistes de l'EI, le 11 juin. |
À 13h30 GMT, à Genève, la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie fera le point sur l'évolution de la situation dans le pays au cours des quatre derniers mois, lors d'une conférence de presse, à l'issue d'un compte rendu oral devant le Conseil des droits de l'Homme.
À cette heure, les troupes antijihadistes soutenues par Washington seront peut-être enfin arrivées aux portes de la vieille ville de Raqa, le principal bastion du groupe État islamique en Syrie.
Mardi 13 juin, "Il y (avait) de violents combats contre Daech, qui a énormément recours aux mines et aux tireurs embusqués, et parfois aux voitures piégées", avait souligné la porte-parole de la campagne de Raqa, Jihan Cheikh Ahmad.
L'offensive est menée par les combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde engagée depuis novembre dans une campagne destinée à chasser l'EI de ce qui est depuis 2014 sa "capitale" en Syrie.
Après être entrées dans cette ville du Nord de la Syrie le 6 juin, les FDS se sont emparés d'un quartier dans l'est et d'un autre dans l'Ouest. Et depuis lundi 12 juin elles tentent de capturer le quartier d'al-Senaa, situé aux portes de la vieille ville où se trouvent d'importantes fortifications de l'organisation jihadiste la plus redoutée au monde.
Attaques répétées
Mais l'EI leur oppose une résistance farouche, malgré les nombreuses frappes des avions de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.
"Le quartier d'al-Senaa n'a pas encore été entièrement sécurisé en raison des attaques répétées des jihadistes", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un large réseau de sources à travers la Syrie.
D'après l'OSDH, la prise d'al-Senaa marquera le début de la véritable bataille pour Raqa, car les FDS s'attaqueront alors au centre, en commençant par la vieille ville.
"Le centre-ville sera la principale bataille à Raqa", a indiqué Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.
Des familles syriennes, qui ont fui les combats à Raqa, dans un camp de déplacés à Ain Issa, le 10 juin. |
Ce secteur comprend un "grand nombre de tunnels et de combattants jihadistes", selon lui.
Le centre est en outre densément peuplé, ce qui devrait compliquer les opérations, comme c'est le cas actuellement à Mossoul, le fief de l'EI en Irak, où les forces de Bagdad se heurtent à une forte résistance de l'EI.
Avant l'offensive Raqa comptait environ 300.000 habitants, dont 80.000 déplacés venus d'autres parties de la Syrie.
Après la fuite de milliers de personnes ces derniers mois, l'ONU estime à 160.000 le nombre d'habitants qui y vivent toujours, dans des conditions se détériorant de jour en jour.
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a d'ailleurs appelé mardi 13 juin à "un meilleur accès (...) aux dizaines de milliers de civils qui ont désespérément besoin d'assistance humanitaire", estimant à plus de 430.000 le nombre de personnes ayant besoin d'aide dans toute la province de Raqa.
"Jusqu'à présent, il n'y a aucune route viable disponible pour acheminer de l'aide", a déploré le HCR.
À Raqa même, les boulangeries sont fermées, faute de farine, selon des militants sur place. L'électricité est coupée et il y a d'importantes pénuries d'eau.
Selon l'OSDH, 88 civils dont 18 enfants ont été tués depuis le lancement de l'assaut sur la ville il y a une semaine.
L'ONG Human Rights Watch a appelé mardi 13 juin la coalition internationale antijihadistes et les FDS à "protéger les civils et à respecter les droits de l'homme en priorité dans l'offensive" de Raqa.