Le G20 lie investissements en Afrique et frein aux migrations

La chancelière allemande Angela Merkel, profitant de sa présidence du G20, a lancé lundi 12 juin, aux côtés de dirigeants africains, un appel à investir en Afrique pour notamment limiter l'émigration vers l'Europe.

>>À Berlin, le G20 veut soutenir l'économie africaine, pour endiguer les migrations

La chancellière allemande Angela Merkel s'exprime lors du G20 Afrique, le 12 juin à Berlin.
Photo : AFP/VNA/CVN

"S'il y a trop de désespoir en Afrique, alors évidemment des jeunes vont se dire qu'ils vont aller chercher une nouvelle vie ailleurs", a déclaré Angela Merkel, appelant à la fois à "un partenariat économique avec l'Afrique" et à œuvrer à la paix et la sécurité sur le continent.

La dirigeante allemande a donné ainsi le coup d'envoi à deux jours de conférence, où responsables africains et investisseurs sont censés œuvrer de concert pour stimuler l'investissement privé dans le cadre d'une initiative du G20 baptisée "Compact with Africa".

"C'est l'opportunité de mieux identifier les mesures adéquates et surmonter ainsi les obstacles à une croissance économique durable et de créer des flux d'investissements plus importants et plus stables", a mis en avant le président guinéen Alpha Condé, à la tête de l'Union africaine.

En mars, lors d'un sommet du G20 Finances, les grands argentiers des principales économies du monde avaient déjà convié leurs homologues de Côte d'Ivoire, du Maroc, du Rwanda et de Tunisie.

Appel à un "Plan Merkel"

Cette fois-ci, dans une démarche qui se veut ouverte "à tous les pays africains", le Ghana et l'Éthiopie se sont joints à cette initiative et les dirigeants du Niger, d'Égypte ou encore du Mali sont aussi venus s'exprimer à Berlin devant une centaine d'investisseurs.

Le président de la Guinée et de l'Union africaine, Alpha Condé, s'exprime lors du G20 Afrique, le 12 juin à Berlin.
Photo : AFP/VNA/CVN

Si le ministère allemand du Développement a annoncé lundi 12 juin 300 millions d'euros d'aides supplémentaires aux pays notamment soucieux de lutter contre la corruption, la priorité à l'Afrique voulue par Mme Merkel ne se veut pas un plan d'aide.

Il s'agit plutôt de rendre les pays africains plus attirants à l'investissement par le biais du soutien politique des pays du G20 et technique des institutions financières internationales.

Le ministère allemand des Finances Wolfgang Schäuble a souligné que "les États africains vont décider eux-mêmes de la façon dont ils veulent travailler".

Cela n'a pas empêché plusieurs dirigeants africains d'appeler de leurs vœux un "plan Merkel" en référence au "plan Marshall" de prêts américains qui avait aidé à la reconstruction de l'Europe d'après-guerre.

"L'Afrique a besoin de l'Europe qui a à son tour a besoin de l'Afrique. Il est donc normal que les deux continents investissent dans un avenir commun, cela nécessitera des efforts de part et d'autres dans le cadre d'un partenariat gagnant-gagnant", a réclamé Mahamadou Issoufou, le président du Niger.

Mais selon le président rwandais, Paul Kagame, "si l'aide traditionnelle est utile, elle ne va jamais être suffisante pour un développement durable" et pour cela "le secteur privé est absolument essentiel".

Réduire les migrations

Derrière ce souhait d'un développement économique d'un continent dont la croissance démographique explose, se trouve l'idée de s'attaquer aux causes de la migration.

Le sujet est d'autant plus important pour l'Union européenne qu'elle ne semble pas en mesure de stopper l'afflux des migrants, pour beaucoup subsahariens, rejoignant les côtes italiennes depuis l'instable Libye.

"Pour efficacement s'attaquer au problème des déplacements forcés et des migrations, nous devons soutenir un développement durable et stimuler les investissements dans les pays d'origine", a insisté Paolo Gentiloni, dirigeant de l'Italie et actuel président du G7.

"En réalité, les Africains et les jeunes Africains surtout se sentiront mieux en Afrique qu'ailleurs", a assuré Alassane Ouattara, président de Côte d'Ivoire, mais cela passe par "la création massive d'emplois".

Pour Friederike Röder de l'ONG One, l'initiative allemande est à saluer mais "cela nécessite des actions et des investissements" considérables, d'autant que d'ici à 50 ans, le continent africain comptera plus de jeunes que tous les pays du G20 réunis.

"Pour garantir un partenariat gagnant-gagnant (...), l'investissement privé est crucial mais l'investissement public l'est tout autant", a ajouté Mme Röder, appelant à des contributions concrètes lors du sommet du G20 qui se déroulera début juillet à Hambourg (Nord).


AFP/VNA/CVN

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