Crise politique en Italie : verdict "dans les prochaines heures"

Le président italien Sergio Mattarella a laissé entendre qu'il désignerait "dans les prochaines heures" un nouveau chef du gouvernement après la démission de Matteo Renzi, qui sera probablement chargé de réviser la loi électorale avant des élections.

>>Le président italien consulte pour trouver une issue à la crise

>>Italie: Renzi démissionne, pour mieux revenir ?

>>Italie : Matteo Renzi en sursis de quelques jours

Le président italien Sergio Mattarella, le 10 décembre 2016 à Rome.
Le président italien Sergio Mattarella, le 10 décembre 2016 à Rome.

À l'issue de trois jours de consultations intenses avec l'ensemble des forces politiques représentées au Parlement, le chef de l'État italien a déclaré samedi soir 10 décembre qu'il rendrait son verdict "dans les prochaines heures", sans préciser si une annonce pourrait intervenir avant dimanche matin 11 décembre.

Écartant d'emblée une dissolution du Parlement, défendue par les populistes du Mouvement Cinq Etoiles et de la Ligue du Nord, M. Mattarella a prévenu que l'Italie avait au contraire besoin au plus vite d'un gouvernement "dans la plénitude de ses fonctions", au moment où la crise bancaire refait surface dans la troisième économie de la zone euro.

Et l'une de ses tâches essentielles pourrait être de trouver un accord au Parlement pour "harmoniser" les lois électorales en vigueur, faute de quoi l'Italie risquerait la paralysie en cas d'élections anticipées. Une loi votée en mai 2015, baptisée Italicum, prévoit le recours au scrutin majoritaire pour élire la Chambre des députés, alors que le Sénat l'est à la proportionnelle, ce qui éloigne la possibilité de former une coalition stable, au risque de rendre le pays ingouvernable.

Ce n'est qu'une fois cette loi électorale harmonisée, probablement vers davantage de proportionnelle compte tenu du rapport des forces politiques, que des élections pourraient avoir lieu. C'est le voeu exprimé par le Parti démocrate de Matteo Renzi (PD, centre gauche). "L'objectif est d'aller aux élections dans le délai le plus bref possible", a dit samedi soir 10 décembre le chef du groupe du PD au Sénat, après sa rencontre avec le chef de l'État.

Mais ce délai pourrait être assez long, le temps pour les forces politiques de se mettre d'accord, au grand dam du Mouvement Cinq Etoiles (M5S). Ce dernier a plaidé samedi pour un vote dès le début de l'année prochaine, sans attendre une nouvelle loi électorale. Le M5S considère que la Cour constitutionnelle rectifiera fin janvier la loi électorale en vigueur pour désigner les membres de la Chambre, permettant ainsi des élections sans attendre d'interminables tractations parlementaires.

"Il est impensable que, face au désaveu exprimé par les citoyens italiens à l'encontre de cette classe politique (...), celle-ci puisse encore dilapider l'argent du contribuable dans le but de rediscuter d'une nouvelle loi électorale", a déclaré Giulia Grillo, chef du groupe parlementaire Cinq Etoiles au Sénat, après son entrevue avec M. Mattarella.

L'ancien Premier ministre italien Matteo Renzi, le 5 décembre 2016 à Rome.
L'ancien Premier ministre italien Matteo Renzi, le 5 décembre 2016 à Rome.

Solution de continuité

Le Parti démocrate, premier parti au Parlement, joue un rôle pivot et aucune solution ne sera trouvée sans son accord, à commencer par le nom du prochain Premier ministre. Samedi 10 décembre, le ministre de l'Intérieur Angelino Alfano, chef d'un petit parti de centre droit membre de la majorité, le NCD, avait défendu le maintien du gouvernement actuel.

Le gouvernement italien "n'est pas un yaourt avec une date de péremption", avait-il déclaré à l'issue de son entretien avec le chef de l'État. Un Renzi-bis semble néanmoins peu probable. Le chef du gouvernement sortant, nettement battu à l'occasion du récent référendum constitutionnel, semble peu disposé à rester au Palais Chigi, le siège du gouvernement en Italie.

Cette solution de continuité avait, selon la presse italienne, les faveurs du chef de l'État, qui a souligné samedi la nécessité d'avoir un gouvernement pour permettre à l'Italie de faire face à tous ses "engagements et ses échéances" européenne et internationale. D'autant que la situation délicate dans laquelle se trouve depuis vendredi la BMPS, la troisième banque italienne et la plus ancienne de la planète, a accentué la nervosité sur les marchés.

La Banque centrale européenne (BCE) lui a refusé le délai qu'elle lui demandait avant de procéder à une augmentation de capital, ce qui pourrait la contraindre à se tourner vers le gouvernement démissionnaire pour se sortir d'affaires. Un conseil d'administration de la banque est prévu pour dimanche après-midi afin de décider de la marche à suivre.

Dans ce contexte, la cote du ministre des Finances Pier Carlo Padoan, déjà favori dans les journaux, pourrait remonter, mais la plupart des commentateurs italiens pariaient samedi sur son collègue des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, un fidèle de Matteo Renzi, pour prendre la tête du gouvernement. L'ancien magistrat devenu président du Sénat Pietro Grasso est également évoqué.


AFP/VNA/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top