Syrie : des chars turcs ouvrent un nouveau front

La Turquie a envoyé de nouveaux chars samedi 3 septembre dans le village syrien d'Al-Rai pour combattre les jihadistes du groupe État islamique, ouvrant un autre front depuis le début de son intervention en août contre l'EI.

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Des soldats turcs dans la ville syrienne de Jarablous à la frontière avec la Turquie, le 2 septembre 2016.
Photo : AFP/VNA/CVN

Une vingtaine de chars sont entrés peu après midi dans le village depuis la province frontalière de Kilis, pour soutenir militairement des rebelles de l'opposition syrienne, après avoir déjà chassé les jihadistes de plusieurs villages du nord de la Syrie, selon l'agence de presse progouvernementale Anatolie.

Au cours des derniers jours, les rebelles avaient progressé rapidement, reprenant à l'EI plusieurs zones frontalières, avec le soutien de l'artillerie turque et des frappes aériennes de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.

Au moins 20 chars turcs, cinq blindés de transport de troupes, des camions et autres véhicules blindés ont franchi la frontière, a précisé l'agence privée Dogan.

Pendant cette nouvelle opération terrestre, des cibles de l'EI étaient visées par des tirs d'obus, selon Dogan. Et des avions de chasse turcs ont détruit deux cibles de l'EI au sud d'Al-Rai dans la matinée, a annoncé le chef d'état-major turc dans un communiqué cité par la télévision NTV. Il précise également que deux villages et un aéroport autour d'Al-Rai ont été repris par les rebelles soutenus par Ankara.

Ces derniers mois, le village d'Al-Rai a régulièrement été pris et repris successivement par l'EI et les rebelles. Le 24 août, à 60 km de là, des rebelles syriens pro-Ankara avaient repris Jarablous à l'EI à la faveur d'une offensive éclair lancée dans le cadre de "Bouclier de l'Euphrate".

Cette opération, la plus ambitieuse menée par Ankara en Syrie depuis le déclenchement du conflit il y a cinq ans, vise à la fois à neutraliser le groupe jihadiste et à empêcher l'avancée des milices kurdes, notamment les YPG (Unités de protection du peuple kurde). Ankara les qualifie de "terroristes" liés aux séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) du sud-est de la Turquie.

"Débarrasser la frontière de l'EI "

Des chars turcs près de la frontière syrienne, le 3 septembre 2016.
Photo : AFP/VNA/CVN

De leur côté, les forces américaines ont frappé des cibles jihadistes dans la nuit du 2 au 3 septembre à l'aide d'un système de roquettes mobile "nouvellement déployé" près de la frontière turco-syrienne, a annoncé sur Twitter l'envoyé spécial du président Barack Obama pour la coalition anti-EI, Brett McGurk.

Le dispositif de lance-roquettes à haute mobilité (HIMARS) de l'armée américaine a visé et atteint une unité tactique et un bâtiment appartenant à l'EI, a précisé le major Josh Jacques, porte-parole du Commandement central des États-Unis (Centcom), à l'AFP.

L'ambassade des États-Unis à Ankara a indiqué qu'il s'agissait là de la "dernière mesure de la coopération américano-turque dans le combat contre l'EI".

Ahmed Othman, un commandant du groupe rebelle pro-turc Sultan Murad, a affirmé à l'AFP que son groupe était actuellement "positionné sur deux fronts à Al-Rai, au sud et à l'est du village, afin d'avancer vers les villages qui ont été libérés de l'EI, à l'ouest de Jarablous".

Selon lui, il ne s'agit que de la première phase prévue: "Nous voulons débarrasser la zone frontalière entre Al-Rai et Jarablous de l'EI, avant de progresser vers le sud vers Al-Bab", le dernier bastion de l'EI près d'Alep, "et Minbej", contrôlé par des forces pro-kurdes.

Après le succès des combattants kurdes et arabes qui ont libéré Minbej de l'EI, cette coalition a annoncé vouloir avancer pour relier leurs deux autres "cantons" dans le nord de la Syrie, Kobane et Afrine.

Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu vendredi 2 septembre que la Turquie ne permettrait pas au groupe de créer un "couloir terroriste".

Ankara, en conflit avec le PKK sur son propre territoire, veut empêcher les Kurdes syriens de former une zone autonome continue le long de sa frontière avec la Syrie voisine, exigeant notamment qu'ils se retirent plus à l'est.

Vendredi 2 septembre, le président Erdogan a assuré que les combattants kurdes syriens ne s'étaient pas retirés à l'est de l'Euphrate, réfutant les déclarations des Etats-Unis selon lesquelles les YPG avaient traversé le fleuve.

Ces affrontements inquiètent Washington, allié de la Turquie et des milices kurdes qu'ils considèrent comme un allié efficace contre les jihadistes.


AFP/VNA/CVN

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