Syrie : d'âpres négociations attendent les Américains et les Russes à Genève

Les chefs de la diplomatie américaine et russe, accompagnés de dizaines d'experts, étaient attendus le 12 septembre à Genève pour d'âpres négociations sur la mise sous contrôle international de l'arsenal chimique syrien, un objectif jugé insuffisant par l'opposition syrienne.

À la veille de ces discussions, prévues sur au moins deux jours, le président russe Vladimir Poutine s'est adressé au peuple américain pour mettre en garde contre une action militaire en Syrie.

Un recours à la force en dehors du cadre du Conseil de sécurité de l'ONU serait "inacceptable" et "constituerait un acte d'agression", a déclaré Valdimir Poutine, proche allié du régime syrien, dans une tribune publiée par le quotidien New York Times.

La rencontre les 12 et 13 septembre à Genève entre John Kerry et Sergueï Lavrov est censée rouvrir une voie diplomatique sur le conflit en Syrie, qui a fait depuis plus de deux ans et demi plus de 110.000 morts. Elle vise aussi à repousser une éventuelle action militaire punitive des États-Unis et de la France après le massacre à l'arme chimique du 21 août attribué au régime syrien par les Occidentaux.

Le secrétaire d’État américain John Kerry (gauche) va rencontrer le 12 septembre à Genève son homologue russe Sergueï Lavrov pour évoquer la situation en Syrie.
Le secrétaire d’État américain John Kerry (gauche) va rencontrer le 12 septembre à Genève son homologue russe Sergueï Lavrov pour évoquer la situation en Syrie.


À l'opposé, Moscou affirme que cette attaque qui a fait quelque 1.500 morts selon les services de renseignement américains a été le fait des rebelles.
Les Nations unies enquêtent sur ce massacre et leur rapport est attendu "probablement le 9 septembre", a déclaré le 12 septembre à la radio RTL le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. Même si les inspecteurs n'ont pas pour mandat de désigner un coupable, "il y aura certainement des indications" sur l'origine du massacre, a-t-il estimé. Paris a soumis à ses partenaires de l'ONU un projet de résolution qui prévoit, à propos du désarmement chimique de la Syrie, un éventuel recours à la force en cas de manquements à ses obligations, refusé jusqu'à présent par la Russie.
Selon le quotidien russe Kommersant, le plan de contrôle des armes chimiques en Syrie, remis cette semaine par la Russie aux États-Unis, comprend quatre étapes, dont la première est l'adhésion de Damas à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). La Syrie devra ensuite révéler la localisation de ses armes chimiques et le lieu de leur fabrication. La troisième étape consiste à autoriser les inspecteurs de l'OIAC à pénétrer en Syrie pour les examiner, avant enfin de décider, en coopération avec les inspecteurs, la manière dont il faudra détruire le stock chimique syrien, évalué par certains experts à 1.000 tonnes.
Le matin du 12 septembre, Laurent Fabius relevait que les 25 tonnes de produits chimiques découvertes en Irak lors de l'invasion américano-britannique de 2003 étaient toujours en cours de destruction dix ans plus tard.

Discussion réelle sur les mécanismes d'identification

Selon un responsable du département d'État, John Kerry et Sergueï Lavrov sont convenus d'avoir une "discussion réelle sur les mécanismes d'identification, de vérification et de destruction de l'arsenal d'armes chimiques (du président Bachar al- Assad) afin qu'il ne puisse plus jamais être utilisé".
Le général Sélim Idriss, chef de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles), a rejeté le 12 septembre le plan russe, le jugeant insuffisant.
À Genève, outre son homologue russe, M. Kerry a prévu de voir l'envoyé spécial de la Ligue arabe et de l'ONU pour la Syrie, Lakhdar Brahimi. L'ONU, Washington et Moscou ont depuis des mois le projet d'organiser une conférence internationale de paix, dite Genève 2, qui réunirait la communauté internationale autour du régime syrien et de l'opposition politique et armée.
Le 11 septembre, le Conseil de sécurité a cependant une nouvelle fois fait étal de ses divisions, en se séparant après seulement 45 minutes de discussions sans conclusion sur le projet de résolution visant à détruire l'arsenal chimique syrien.

                                                                                                                 AFP/VNA/CVN

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