>>COVID-19 : l'Autriche se confine, la colère gronde en Europe
>>Le chancelier autrichien Sebastian Kurz annonce sa démission
Le nouveau chancelier d'Autriche, Karl Nehammer, après sa prestation de serment à la Chancellerie à Vienne, le 6 décembre. |
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Pas de période de grâce pour cet ex-militaire à la carrure imposante, âgé de 49 ans, qui a prêté serment peu après 13h00 (12h00 GMT) devant le président Alexander Van der Bellen, sous les ors du palais de la Hofburg à Vienne.
Sa première mission, lui a rappelé le chef de l'État, sera de gérer la pandémie de COVID-19 et de "ne pas faire de fausses promesses".
Dans un bref discours, Karl Nehammer a souligné l'urgence. "Il est plus que jamais nécessaire de se mettre rapidement au travail", a-t-il déclaré.
Dès mercredi 8 décembre, il annoncera les modalités du sortie du confinement, instauré le 22 novembre pour 20 jours.
"Le coronavirus pèse sur les gens. Et pour beaucoup, la limite du raisonnable est dépassée", a-t-il dit, promettant "dialogue et écoute" - des qualités louées chez ce responsable conservateur - pour surmonter les "divisions".
"Consensuel"
Face à la flambée du nombre de contaminations, l'Autriche s'est distinguée dans l'Union européenne en confinant en novembre les non-vaccinés, puis les vaccinés : magasins, restaurants, lieux culturels et sportifs ont baissé le rideau, seules les écoles restant ouvertes.
C'est aussi le premier pays de l'UE à avoir décrété la vaccination obligatoire, à compter de février 2022.
Selon le projet de loi qui a filtré dans les médias, l'amende encourue pour toute personne de plus de 14 ans qui n'aurait pas sauté le pas sera de 600 euros, un montant renouvelable tous les trois mois.
Biographie de Karl Nehammer, chancelier autrichien. |
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Karl Nehammer devra composer avec une partie de la population opposée avec virulence à cette mesure. Samedi encore 4 décembre, plus de 40.000 manifestants sont descendus dans les rues de Vienne.
Dans ce contexte délétère, le nouveau chancelier, qui affiche barbe de trois jours et tempes grisonnantes, apparaît à même d'apporter de la stabilité après la récente valse des chanceliers : le pays alpin de 8,9 millions d'habitants en a connu cinq depuis 2016.
"C'est un choix d'équilibre", souligne le politologue Patrick Moreau, spécialiste de l'Autriche.
Considéré par les commentateurs comme "loyal" envers sa formation conservatrice de l'ÖVP, il avait intégré le gouvernement début 2020.
Sans être de son cercle très proche, il est "un fidèle par excellence de Sebastian Kurz", dont il partage la ligne dure sur le droit d'asile.
Mais contrairement à l'ancien chancelier qui avait réussi une conquête à la hussarde du parti, "il est un représentant du vieil ÖVP (...) et un personnage très consensuel", poursuit-il.
Polémique naissante
Selon l'expert, cet élément devrait "faciliter" le travail et "stabiliser" la coalition avec les Verts, le partenaire des conservateurs au gouvernement.
Ce tandem inédit a été mis à rude épreuve cette année par plusieurs différends idéologiques mais surtout par les affaires judiciaires en série.
Sebastian Kurz avait été mis en cause une première fois en mai pour faux témoignage présumé, puis en octobre dans un scandale de corruption qui lui a coûté son poste de chancelier.
Remplacé par Alexander Schallenberg, auparavant ministre des Affaires étrangères, le responsable de 35 ans était resté à la présidence du parti conservateur. Mais il a finalement préféré jeter l'éponge la semaine dernière.
Depuis la chute de Sebastian Kurz, l'ÖVP, au pouvoir depuis 1987, a perdu sa première place dans les sondages.
Le nouveau chef du gouvernement devra donc redorer le blason de son parti et tenter de garder le cap jusqu'aux prochaines élections de 2024.
Pour mieux imprimer sa marque et tourner la page Kurz, Karl Nehammer a d'emblée décidé de procéder à un vaste remaniement.
Mais à peine ses ministres sont-ils nommés qu'il doit déjà éteindre une polémique naissante.
Son successeur à l'Intérieur, Gerhard Karner, est le maire d'une ville abritant un musée jugé peu critique sur le chancelier autrichien Engelbert Dollfuss (1892-1934), qui mit en place un régime comportant des références au fascisme italien et réduisant les libertés publiques.
Les Verts ont demandé à l'édile de "clarifier" sa position sur le sujet.
AFP/VNA/CVN