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Des partisans du leader chiite irakien Moqtada Sadr célèbrent la victoire de son courant aux élections législatives sur la place Tahrir à Bagdad, le 11 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Près de deux mois après la tenue du scrutin, la commission électorale a confirmé la victoire du courant sadriste aux dépens de l'Alliance de la conquête, vitrine politique des anciens paramilitaires du Hachd al-Chaabi, qui n'a eu de cesse de crier à la fraude.
Dans un communiqué, plusieurs forces, dont l'Alliance de la conquête, ont rejeté les résultats, accusant la commission électorale de les avoir truqués. Elles ont assuré qu'elles poursuivraient l'action intentée en justice pour faire "annuler les élections".
Les résultats définitifs étaient attendus depuis plusieurs semaines dans un contexte de tensions larvées qui ont culminé début novembre avec une attaque de drones piégés contre la résidence à Bagdad du Premier ministre Moustafa al-Kazimi qui en est sorti indemne. L'attaque n'a pas été revendiquée.
Lors d'une conférence de presse à Bagdad, les membres de la commission électorale ont lu tour à tour les noms des 329 députés du nouveau Parlement et le nombre de voix obtenus par chacun. Le taux de participation s'est élevé à 44%.
Selon les résultats envoyés à la presse par la commission, le parti de l'influent leader chiite Moqtada Sadr a obtenu 73 sièges, ce qui en fait le premier bloc au Parlement.
L'Alliance de la conquête a remporté 17 sièges contre 48 dans l'assemblée sortante.
"Ni manipulation, ni fraude"
Dénonçant des fraudes, des partisans du Hachd al-Chaabi organisent depuis des semaines un sit-in à l'une des entrées de la zone verte, tentant parfois de pénétrer par la force dans ce secteur ultrasécurisé accueillant instances gouvernementales et ambassades.
"La communauté internationale a soutenu les élections irakiennes (...) car aucune manipulation ou fraude n'ont été enregistrées", a indiqué en soirée la commission électorale dans un communiqué.
Composition du parlement irakien après les législatives anticipées du 10 octobre dont les résultats définitifs ont été publiés le 30 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Malgré son échec, le Hachd al-Chaabi reste un acteur incontournable sur la scène politique.
Le Hachd a fait son entrée pour la première fois au Parlement en 2018, surfant sur les victoires contre les jihadistes du groupe État islamique (EI).
Il peut aussi compter sur le jeu des alliances : l'un de ses partenaires incontournables, l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, a effectué une percée notable, sa "coalition de l'État de droit" remportant 33 sièges.
Les résultats définitifs doivent être envoyés au Tribunal fédéral pour être entérinés. Le Parlement pourra ensuite tenir sa session inaugurale et élire ensuite le président de la République.
"Risque d'escalade"
En parallèle, les négociations doivent se poursuivre sur la formation du gouvernement.
Dans un Irak multiconfessionnel et multiethnique, ce processus s'accompagne d'interminables tractations et les grands partis dominant la communauté chiite, majoritaire en Irak, doivent traditionnellement arriver à un compromis, indépendamment du nombre de députés.
Répétant inlassablement que le futur Premier ministre sera désigné par son courant, Moqtada Sadr réclame un gouvernement composé des formations politiques ayant obtenu les scores les plus élevés.
Fait inédit, il pourrait chercher à construire sa propre majorité parlementaire en s'alliant à d'autres formations, hors de la communauté chiite. Des analystes évoquent une possible coalition avec l'influent chef sunnite du Parlement Mohamed al-Halboussi (37 députés pour son courant Taqadom), et le Parti démocratique du Kurdistan (31 députés).
"Il s'agit de voir qui cèdera face à la pression de l'autre camp", estime l'analyste Hamdi Malik, du Washington Institute, en parlant du courant sadriste et du Hachd. "Jusqu'à présent, aucun des deux camp n'a cédé. C'est pourquoi le risque d'escalade et d'affrontements est élevé à ce stade."
AFP/VNA/CVN