Souvenirs inoubliables d’un vétéran de Diên Biên Phu

Chaque année au mois de mai, les soldats de la campagne de Diên Biên Phu se remémorent fièrement leurs contributions à cette victoire historique. L’ancien combattant Pham Duc Cu en est un bon exemple. Rencontre.

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Pham Duc Cu brûle des bâtonnets d’encens au cimentière des morts pour la Patrie A1.

Un après-midi d’avril, il fait un soleil de plomb. Nous partons à la rencontre de l’ancien combattant Pham Duc Cu dans son logement, situé dans une ruelle du quartier de Nam Thanh, ville de Diên Biên Phu, province de Diên Biên (Nord-Ouest).

Vêtu d’un uniforme vert foncé fardé d’ordres et de médailles que le Parti et l’État lui ont décerné pour ses contributions à la campagne de Diên Biên Phu, ainsi qu’à l’œuvre d’édification nationale, l’homme a l’air grave avec sa silhouette plutôt fine et sa chevelure blanche argentée.

Il y a 65 ans, le jeune soldat Pham Duc Cu, originaire du district de Hung Hà, province de Thai Binh (Nord), et ses frères d’armes, alors âgés de 20 ans, ont intégré le régiment de canon anti-aérien 367 et ont directement participé à la campagne de Diên Biên Phu en 1954.

"Tirage" de 12 canons vers le champ de bataille

Avec un esprit et une volonté tenaces, les artilleurs ont contribué de manière significative à cette victoire célèbre. Malgré ses 89 ans, le vétéran Pham Duc Cu se rappelle parfaitement de ces années. Fondé en avril 1953 à Thai Nguyên (Nord), ce régiment était le premier du genre au sein de l’armée vietnamienne.

D’une voix claire et cohérente, il raconte qu’avant sa participation à la campagne, en 1952, il avait été choisi, ainsi que plusieurs autres soldats vietnamiens, à partir se former à l’artillerie en Chine pendant un an. Il est rentré au pays à la fin de 1953 pour participer à la bataille décisive du conflit. De décembre 1953 à janvier 1954, une des missions des artilleurs du régiment 367 était de transporter 12 canons pesant chacun 2,4 tonnes vers le champ de bataille.

Pham Duc Cu partage: "Jamais nous n’oublierons ces fameuses missions de +tirage+ des canons. Nous devions les déplacer de Nà Nhan jusqu’à la cuvette de Diên Biên Phu, soit une distance d’environ 20 km. Il fallait entre 80 et 100 personnes pour tirer un canon de 2,4 tonnes! Un tel déploiement devait obligatoirement se faire pendant la nuit afin d’éviter tout risque de se faire repérer par les avions et les éclaireurs ennemis. Ce travail était extrêmement difficile".

Pham Duc Cu accorde une interview exclusive au Courrier du Vietnam.
Photo: Nguyên Tùng/CVN

Sacrifice et volonté de fer

À l’approche du Nouvel An lunaire du Cheval de l’année 1954, les soldats du régiment 367 ont ainsi tiré les canons jusqu’à proximité de la colline Dôc Lâp (Gabrielle). L’armée française, alors présente sur cette colline, n’en savait encore rien. Un "miracle" rendu possible par le sacrifice et le volonté de fer des soldats du régiment, dont la mort héroïque de Tô Vinh Diên. "Nous étions présents pendant les 56 jours et nuits de la campagne. Une fois, j’ai même été enterré sous terre suite aux bombardements incessants de l’ennemi. Ce sont mes coéquipiers qui m’ont sauvé", raconte l’octogénaire.

En outre, les soldats du régiment 367 se sont efforcés de réaliser la promesse du général Vo Nguyên Giap: "Chaque escadron abat un avion de l’ennemi".


Don de reliques au musée

En écho au mouvement "Don des reliques concernant la campagne de Diên Biên Phu", l’ancien combattant Pham Duc Cu a offert plusieurs articles au Musée de victoire historique de Diên Biên Phu en 2013. Il s’agit d’un sac en cuir contenant des documents, un diagramme d’une formation de combat d’artillerie lors de la campagne de Diên Biên Phu, deux chiffons de toiles de parachute blanc, une toile de parachute de camouflage et un insigne attribué par le Président Hô Chi Minh. Ces objets ont été conservés par M. Cu pendant 59 ans.
 

D’après cet ancien combattant, pour pouvoir détruire la puissante force aérienne de l’ennemi, les artilleurs devaient faire preuve de grande cohésion et d’une capacité à travailler en équipe à toute épreuve. Les sept soldats étaient chargés d’un canon et chacun possédait une tâche propre: calcul de trajectoire, de distance, rechargement et ajustements de direction, entre autres. Le régiment 367 de Pham Duc Cu a abattu une cinquantaine.

Après 56 jours et nuits de combats sanglants, la bataille prend fin le 7 mai 1954 par la chute du camp retranché français, scellant la fin de la présence française en Indochine et l’émergence du Vietnam en tant que nation indépendante. Selon Pham Duc Cu, Diên Biên Phu a été une "étape marquante, éclatante, dans l’histoire nationale".

M. Cu est conscient qu’il a eu de la chance contrairement à ses camarades, tombés sur les champs de bataille.

"J’ai composé des vers et écrit de nombreux articles. Je suis un des fondateurs de l’Association de littérature et d’art de la province de Diên Biên. Ces dernières années, j’ai souvent participé à des échanges et des rencontres avec de nombreux élèves et jeunes locaux pour leur transmettre notre héritage historique et spirituel ainsi que l’amour de la Patrie", dit-il.

Au fil du temps, sur la terre héroïque de Diên Biên, la vie change doucement, mais les soldats de la célèbre bataille n’oublieront vraisemblablement jamais ceux qui sont tombés pour la Patrie.


Hoàng Phuong/CVN

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