Brésil
Sortie de prison mais pas de fêtes en famille pour Odebrecht

Marcelo Odebrecht, magnat du bâtiment au cœur du plus grand scandale de corruption de l'histoire du Brésil, sort de prison mardi 19 décembre, mais il ne sera pas accueilli à bras ouverts par ses proches pour les fêtes de fin d'année.

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Marcelo Odebrecht, le 1er mai 2013, à Lima.

Assigné à résidence, il va quitter sa cellule pour purger le reste de sa peine de dix ans de prison dans une villa luxueuse de Sao Paulo. Un confort assombri cependant par des tensions familiales dignes d'un feuilleton Dallas à la sauce brésilienne.

Surnommé "le prince" à son apogée, il était à la tête de la plus grande entreprise de BTP d'Amérique latine, avec des réalisations dans le monde entier, du stade de l'équipe de basket des Miami Heat à un barrage en Angola.

Il y a encore quelques années, ce PDG longiligne au regard perçant était l'un des hommes les plus influents du Brésil. Tout a basculé en 2015. Accusé de graisser la patte de dizaines de dirigeants à travers le monde pour obtenir des contrats, il a été arrêté, un des points d'orgue de l'opération "Lavage-express".

Cette enquête tentaculaire a révélé un réseau de corruption d'une ampleur inimaginable, dont Odebrecht est l'un des cas les plus emblématiques.

L'entreprise disposait même d'un service comptable dédié à ces versements occultes: le "secteur d'opérations structurées", plus connu en interne comme le "département des pots-de-vin".

Grand déballageAujourd'hui âgé de 49 ans, Marcelo Odebrecht n'est plus le PDG du groupe familial. Mardi 19 décembre, il va quitter sa prison de Curitiba (Sud), après avoir purgé deux ans et demi d'une peine de dix ans pour corruption et blanchiment d'argent.

Ses conditions de détention actuelles ne sont pas particulièrement sévères, avec un micro-ondes, un réfrigérateur et une télévision dans sa cellule, dont les portes peuvent rester ouvertes.

Mais à partir de mardi 19 décembre, l'ex-PDG passera du confinement d'une cellule de 12 m2 au confort d'une villa de 3.000 m2, comme l'expliquent les médias brésiliens. Une fois libéré, il se rendra à Sao Paulo en jet privé, pour regagner le quartier sélect de Morumbi, où vivent son épouse Isabel et leurs trois enfants.

Muni d'un bracelet électronique, il devra dans un premier temps rester confiné dans sa cage dorée 24 heures sur 24, avant d'être autorisé à en s ortirpar moments, courant 2020.

Quoi qu'il arrive, son retour risque d'être mouvementé. La plupart des membres de la famille Odebrecht sont éclaboussés par le scandale, mais c'est quand Marcelo a pris les rênes de l'entreprise, en 2008, que la corruption a atteint des sommets.

Après s'être longtemps montré défiant face aux accusations, il est passé à table en voyant l'étau de "Lavage-express" se resserrer.

L'entreprise a aussi dû s'acquitter d'une amende astronomique de 2,6 milliards de dollars aux gouvernements du Brésil, de Suisse et des États-Unis.

En retour, Marcelo Odebrecht a obtenu que sa peine soit réduite de 19 à 10 ans, avec une bonne partie à purger à domicile.

Scandale de corruption en Amérique latine.

Le père contre le fils Mais le fait qu'il soit passé aux aveux n'a pas été bien perçu par une partie de sa famille.

Selon le journal O Globo, son père, Emilio, ne lui a rendu visite que deux fois en prison. Un autre quotidien, Folha de Sao Paulo fait état de relations orageuses avec sa soeur, sa mère et d'autres membres du clan familial.

Trois oncles se seraient rangés du côté du père, un seul du côté du fils. "Il y avait deux groupes au sein de l'entreprise, celui du père a gagné", a expliqué un membre du conseil d'administration d'Odebrecht au site UOL.

La compagnie est à présent en pleine restructuration et les nouvelles règles interdisent que le PDG soit un membre de la famille. Emilio Odebrecht lui-même a annoncé vendredi 15 décembre qu'il quitterait la présidence du conseil d'administration en avril.

Daniel Vargas, professeur de droit à la Fondation Getulio Vargas de Rio, considère que le groupe Odebrecht "fait de gros efforts" pour en finir avec les vieilles pratiques.

Mais sa survie dépend d'une prise de conscience de l'ensemble du secteur du BTP au Brésil. "Sinon, comment Odebrecht peut-il rester compétitif sans prendre part à la corruption ?", se demande Daniel Vargas.

AFP/VNA/CVN

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