>>Rachat de Fox : ComCast jette l'éponge, la voie est libre pour Disney
Lancement du nouveau Star Wars produit par Disney à New York le 14 décembre. |
L'entreprise légendaire fondée par Walt Disney en 1923 va mettre la main sur les studios de cinéma 20th century Fox et les regrouper avec ses propres studios. Elle va aussi acquérir plusieurs chaines de télévision, mais pas la chaine d'informations Fox News.
L'opération s'élève à 52,4 milliards de dollars et grimpe à 66,1 milliards avec la reprise de dette.
Disney et 20th Century Fox vont avoir une formidable force de frappe dans le cinéma. Les deux studios ont produits récemment le Crime de l'Orient-Express, Kingsman : le Cercle d'or, Logan, La Planète des Singes ou encore Hidden Figures (Fox), Pirates des Caraïbes, La Belle et la Bête, Cars 3 et Stars Wars : Les Derniers Jedi (Disney).
Dans la télévision, outre ses propres chaînes ABC et le bouquet de chaînes sportives ESPN, Disney détiendra désormais les chaînes FX et National Geographic et va se renforcer à l'international en devenant propriétaire des chaînes indiennes Star ainsi que des 39% détenus par la Fox dans l'opérateur de télévision européen Sky, présent au Royaume-Uni, en Irlande, Allemagne, Autriche et Italie.
Concurrencer Netflix et Amazon
Ces actifs entrent dans la stratégie de Bob Iger, le Pdg de Disney, de transformer le groupe en un géant des médias et du divertissement pouvant concurrencer Netflix, Amazon, Facebook ou encore Apple.
Selon la société d'investissement Raymond James, 31% des Américains estiment que les services de streaming (Amazon, Apple Video, Hulu...) constituent désormais leur première source de contenus vidéos.
L'opération "renforce" Disney "dans les contenus et le divertissement", a d'ailleurs souligné le groupe californien jeudi, qui prévoit de lancer prochainement son propre service de "streaming" afin de nouer des relations directes avec les spectateurs sans devoir passer par les câblo-opérateurs.
Disney prend à cet égard le contrôle de Hulu, un service de streaming populaire aux États-Unis, en récupérant la participation de la Fox qui s'ajoutera à celle qu'il détient déjà.
"Cela leur donne une plateforme pour affronter Netflix et Amazon, notamment à l'international", estime l'expert indépendant Alan Wolk. Et Disney va avoir accès à des données sur l'auditoire, ce qui va lui permettre d'affiner son offre de contenus, ajoute-t-il.
Le mandat du Pdg de Disney, à qui certains prêtent des ambitions présidentielles, a été prolongé jusqu'en 2021 malgré des rumeurs annonçant l'arrivée de James Murdoch, fils de Rupert, dans l'équipe dirigeante pour prendre sa succession. Il y aura des discussions "pour savoir s'il y a un rôle pour lui ou non dans notre entreprise", a déclaré M. Iger au sujet de James Murdoch.
Le dirigeant espère également relancer l'offre de Disney dans la télévision au moment où les spectateurs américains délaissent la télévision par câble et satellite, très chère aux États-Unis pour s'orienter vers d'autres supports.
La transaction marque également un tournant important dans l'empire des médias bâti par Rupert Murdoch, 86 ans, sur un mélange d'informations populaires et de scandales.
Difficile intégration ?
Le milliardaire d'origine australienne, qui a cédé une grande partie des commandes de son empire à ses deux fils, James et Lachlan, ne conservera plus que la grande chaîne hertzienne américaine Fox, proche de Donald Trump, les stations locales, les chaînes d'informations et des chaînes sportives comme Fox Sports. Ces actifs vont être regroupés dans une nouvelle entité cotée séparément en Bourse.
Il aura aussi toujours le contrôle de ses journaux (Le Wall Street Journal et le New York Post aux États-Unis, le Sun, le Times et le Sunday Times entre autres au Royaume-Uni) qui composent la société indépendante News Corp.
Les termes financiers de l'accord signé avec Disney prévoient que les actionnaires de 21st Century Fox vont détenir 25% du nouveau Disney.
Pour autant, il reste encore à obtenir le feu vert des autorités de la concurrence américaines, une étape qui s'annonce ardue car la plupart des médias américains vont être détenus par une poignée de grands groupes : Comcast (NBCUniversal), Disney-Fox, Viacom, Sony Pictures et Lions Gate.
Le ministère américain de la Justice a récemment bloqué le rachat pour 85,4 milliards de dollars de Time Warner (Studios de cinéma Warner Bros, le bouquet de chaînes à péage HBO...) par l'opérateur télécoms AT&T et ce-dernier pourrait devoir se séparer d'actifs comme la chaîne d'informations CNN, une des cibles favorites du président Donald Trump.
L'agence de notation financière S&P Global Ratings a souligné jeudi 14 décembre que la principale difficulté pour Disney sera non seulement d'intégrer les activités de 21st Century Fox aux siennes mais aussi de répondre aux préoccupations des autorités de la concurrence qui pourraient exiger des cessions en échange de leur accord.