Mali
L'ONU renforce les effectifs de ses Casques bleus

Le Conseil de sécurité a augmenté le 30 juin de 2.500 hommes environ les effectifs de la force de l'ONU au Mali (Minusma) et l'a dotée d'un mandat plus offensif pour protéger les civils et son personnel face aux attaques croissantes des jihadistes dans le Nord de ce pays.

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La résolution, préparée par la France et adoptée à l'unanimité des 15 pays membres, renouvelle pour un an le mandat de la Minusma. Elle fait passer l'effectif autorisé des Casques bleus à 13.289 soldats (au lieu de 11.240) et 1.920 policiers (contre 1.440).

La Minusma a désormais pour "priorité stratégique" d'aider le gouvernement malien à appliquer l'accord de paix conclu il y a un an avec des groupes armés du Nord, à rétablir son autorité sur le nord et le centre du pays, et à organiser des élections crédibles.

Des membres de la Minusma le 18 mai à Gao, au Mali.

La mission est autorisée à "utiliser tous les moyens nécessaires pour accomplir son mandat" et "à adopter une position déterminée et ferme".

Cette résolution va en outre "permettre le déploiement de contingents européens très spécialisés comme des forces spéciales" ou des capacités de renseignement, a déclaré l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre.

Sanctions ciblés, opérations directes

Le gouvernement malien et des groupes armés actifs dans le Nord du pays ont signé en mai-juin 2015 un accord de paix, qui tarde à se concrétiser. Le Conseil de sécurité demande aux signataires "d'accélérer l'application de l'accord (...) afin que les populations du pays puissent bénéficier concrètement des avantages de la paix".

L'ONU devra définir avec Bamako des "critères et des échéances concrets" pour juger des progrès dans la mise en œuvre de l'accord. La résolution menace également de sanctions ciblées (gel des avoirs et interdiction de voyager) les fauteurs de trouble qui ne respecteraient pas l'accord ou s'attaqueraient à la Minusma.

Une autre priorité fixée aux Casques bleus est la protection des civils. Pour cela, ils devront "anticiper et écarter les menaces" des groupes armés et "les contrer", et prendre "des dispositions musclées", en particulier en patrouillant dans les zones où les civils sont en danger. Ils pourront même "mener des opérations directes" contre les jihadistes, mais seulement "en cas de menaces graves et crédibles".

L'ONU devra aussi prendre des mesures pour mieux protéger ses Casques bleus, qui ont payé un lourd tribut depuis leur déploiement en 2013. Depuis un an, la Minusma a eu 27 soldats tués et 112 blessés. Elle est devenue la plus dangereuse des 16 missions de l'ONU actuellement déployées.

Le Conseil demande que l'équipement, la formation et les capacités de renseignement et de reconnaissance de la force onusienne soient améliorés.

Est-ce suffisant ?

La résolution rappelle que les milliers de soldats français présents au Mali et plus largement au Sahel sont autorisés à prêter main forte aux Casques bleus quand ceux-ci font face à "une menace grave et imminente".

S'adressant au Conseil par vidéo-conférence, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a souligné que le texte adopté "intègre les attentes" du gouvernement malien, dont "une posture plus robuste et proactive de la Minusma". Il a réaffirmé l'engagement de Bamako à "tout mettre en œuvre pour une application diligente et intégrale de l'accord" de paix.

Pour Firhoun Maïga, membre de la coalition de groupes armés pro-Bamako signataires de l'accord, ce renforcement de mandat et de moyens permettra à la Minusma d'être plus efficace pour assurer la sécurité de ses hommes, mais pas nécessairement pour les civils maliens.

Il faudrait "une mission offensive pour lutter contre le terrorisme" et "aller au-delà pour sécuriser les populations", a-t-il dit.

Étudiant originaire du nord du pays, Amadou Maïga s'est dit "très content" de la décision prise à New York, ayant constaté à l'occasion de visite combien la peur des jihadistes bouleversait le quotidien dans cette vaste région.

"La seule solution est de faire en sorte que la Minusma combatte les jihadistes. Donc, je suis très content du renforcement du mandat et de l'effectif", si cela n'avait pas été le cas, les jihadistes allaient continuer à "tuer bêtement" les casques bleus et les civils, a-t-il dit.

AFP/VNA/CVN

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