Ouri Dadush, directeur du Programme économique international, a déclaré dans une interview donnée à Xinhua que "2011 était une année décevante, mais pas catastrophique".
Selon lui, les économies les plus développées auraient pu enregistrer une meilleure croissance cette année. Le taux global de croissance dans le monde est d'environ 4%, dépassant celui des dix années ayant précédé la crise. Cependant, ces 4% sont essentiellement attribuables à la croissance rapide des pays en développement.
L'ancien directeur des affaires commerciales de la Banque mondiale a déclaré que les perspectives de la croissance pour l'année 2012 étaient plutôt sombres, et que l'on aurait affaire, dans le meilleur des cas, à une économie mondiale tournant au ralenti par rapport à cette année.
Ce ralentissement est lié à des incertitudes croissantes, notamment en ce qui concerne l'évolution de la crise de la dette européenne et ses retombées, la reprise encore faible aux États-Unis et le ralentissement du processus de réformes structurelles dans les pays émergents.
À son avis, les marchés émergents devraient subir le contrecoup des difficultés rencontrées par les pays développés, en particulier l'aggravation de la crise de la dette. Cet impact pourrait s'avérer profond, et se transmettre aux pays émergents par trois canaux différents.
Premièrement, au vu des liens économiques considérables entre l'Europe et les économies émergentes, la forte baisse de la demande pourrait porter atteinte aux exportations des pays en développement et réduire les échanges internationaux. "Le commerce sera en déclin, et les importations vers la zone euro seront en baisse", a indiqué l'expert.
En second lieu, le choc financier pourrait accroître la volatilité des marchés. Si une pression trop forte pèse sur les banques européennes, le résultat pourrait être une paralysie du système bancaire mondial. Les banques européennes sous pression devront en effet réduire leurs prêts aux marchés émergents, entraînant par conséquent une "crise du crédit, dont nous avons déjà constaté les signes avant-coureurs".
Enfin, les inquiétudes engendrées par la crise de la zone euro risquent de se propager au reste du monde, dans un contexte d'importante globalisation, et d'émousser la confiance dans les marchés.
Quant à d'éventuelles politiques économiques et financières qui permettraient de neutraliser ces turbulences, M. Dadush a déploré l'absence de solution miracle, la situation variant grandement d'un pays à l'autre. Néanmoins, il a indiqué que les marchés émergents bénéficiaient dans l'ensemble d'une marge de manoeuvre supérieure à celle des pays développés, et disposaient encore d'un certain nombre d'options pour faire face à la crise.
XINHUA/VNA/CVN