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Le patron de SoftBank, Masayoshi Son, lors de la présentation des résultats du groupe. |
Cette méga-acquisition devrait être finalisée d'ici mars 2022, sous réserve de l'approbation de nombreuses autorités réglementaires dans le monde entier. Nvidia va payer plus de la moitié (21,5 milliards d’USD) avec ses propres actions. Le prix de 40 milliards de dollars est un montant maximum car le versement d'une tranche de 5 milliards d'USD, payable soit en numéraire soit en actions Nvidia, sera conditionné "à l'atteinte par Arm d'objectifs spécifiques de performance financière", a précisé le groupe américain.
SoftBank Group devrait posséder entre 6,7% et 8,1% du capital de Nvidia à l'issue de l'opération. C'est l'une des plus importantes fusions-acquisitions mondiales annoncées depuis le début de l'année, et qui promet de faire de Nvidia un mastodonte du secteur des semiconducteurs. Fondée en 1990 en Angleterre, Arm est un spécialiste des microprocesseurs avec une part de marché mondiale écrasante dans les smartphones. Mais ses puces, fabriqués sous licence, se retrouvent aussi dans d'innombrables capteurs, objets connectés et services de cloud (informatique à distance).
Nvidia, dont les cartes graphiques sont notamment très utilisées par l'industrie du jeu vidéo, a vu ses ventes grimper en flèche depuis la crise du coronavirus. Ses produits sont aussi de plus en plus présents dans l'intelligence artificielle et les centres de données.
SoftBank s'envole en Bourse
SoftBank Group avait acheté 100% de Arm en 2016 pour environ 31 milliards de dollars. Il envisageait initialement de réintroduire Arm en Bourse, mais a expliqué lundi 14 septembre que l'accord avec Nvidia devrait permettre "de mieux matérialiser le potentiel de Arm", tout en créant davantage de valeur pour ses propres actionnaires. "Arm a sous-performé" sous la houlette de SoftBank Group, a déclaré lundi 14 septembre Amir Anvarzadeh, stratégiste chez Asymmetric Advisors basé à Singapour.
La vente à Nvidia "va faire sourciller" de grands acteurs mondiaux des semiconducteurs, car leurs partenariats avec Arm pourraient être désormais compromis, le groupe américain étant l'un de leurs concurrents. "Ils auront besoin de garanties", voire pourraient demander à être associés au rachat d’Arm, a ajouté M. Anvarzadeh. L'action SoftBank Group, qui avait beaucoup souffert la semaine dernière, bondissait de 10,25% à 6.461 yens vers 04h15 GMT à la Bourse de Tokyo.
SoftBank Group avait acheté 100% de Arm en 2016 pour environ 31 milliards d’USD |
Son envol était aussi lié à des spéculations dans la presse selon lesquelles SoftBank Group songerait à racheter toutes ses actions en circulation et quitter ainsi la Bourse de Tokyo. Une sortie de la cote offrirait moins de contraintes au groupe en termes de transparence de ses comptes, alors qu'il est en train de muer toujours davantage vers une pure société d'investissement.
"Spéculateur" sans génie
SoftBank Group a initié dès ce printemps un méga-programme de cessions d'actifs pour renforcer ses liquidités et financer d'énormes rachats de ses propres actions. Il a considérablement réduit sa présence dans les télécoms, ayant vendu des parts conséquentes de ses actions T-Mobile US et SoftBank Corp, sa filiale japonaise de téléphonie mobile. Il a aussi monétisé une partie de ses actions dans le géant chinois du commerce en ligne Alibaba, en les utilisant comme garanties pour emprunter.
Mais un nouveau virage stratégique de SoftBank Group inquiète aussi ses actionnaires: plutôt que de miser essentiellement sur des start-up, le groupe investit désormais dans des champions technologiques déjà cotés en Bourse. Selon plusieurs médias, SoftBank Group aurait ainsi investi des dizaines de milliards d’USD dans des valeurs technologiques américaines sous forme de dérivés actions, ce qui aurait influé sur l'envolée de l'indice Nasdaq cet été.
Le repli du Nasdaq depuis début septembre a jeté un doute sur le bien-fondé d'un tel pari, d'autant que SoftBank Group reste pour l'instant muet sur le détail de ses récentes opérations boursières. Pour certains observateurs, SoftBank Group est en train de se transformer en un fonds spéculatif géant, avec des conséquences hautement imprévisibles dépassant de loin son propre périmètre.
Masayoshi Son, l'emblématique Pdg du groupe nippon, "n'est pas un génie, mais un spéculateur" qui a perdu beaucoup de sa crédibilité après une série d'échecs cuisants, selon M. Anvarzadeh. "Quand il y a une bulle technologique, il n'est jamais très loin".
AFP/VNA/CVN