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Le drapeau de l'enseigne de joaillerie Tiffany à New York. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Leurs fiançailles avaient fait les gros titres en novembre dernier, lorsque le numéro un mondial du luxe avait annoncé vouloir croquer la prestigieuse marque new-yorkaise pour le montant record de 16,2 milliards d’USD. Mais la crise sanitaire est notamment passée par là. Après avoir annoncé fin août qu'ils repoussaient de trois mois - à fin novembre 2020 - la date butoir pour boucler leur rapprochement, LVMH a annoncé mercredi 9 septembre qu'il avait décidé de réunir son conseil d'administration "après une succession d'événements de nature à fragiliser l'opération d'acquisition de la société Tiffany".
LVMH a en particulier fait état "d'une lettre du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères (Jean-Yves Le Drian, NDLR) qui, en réaction à la menace de taxes sur les produits français formulée par les États-Unis, demande au groupe LVMH de différer l'acquisition de Tiffany au-delà du 6 janvier 2021". "Nous n'avons pas d'autre choix que d'appliquer les termes de cette lettre" qui "s'imposent à LVMH" a souligné lors d'une conférence de presse le directeur financier de LVMH, Jean-Jacques Guiony.
La question du prix d'achat de Tiffany, devenu trop cher au regard des dégâts de la crise, a régulièrement agité les marchés. "LVMH, qui était le seul acheteur naturel" pour le joaillier américain, a sans doute eu le "sentiment qu'il était en droit de négocier une baisse de prix", avec un cours de Tiffany qui s'éloignait de plus en plus de 135 dollars par action prévus au départ, a expliqué un opérateur boursier sous couvert de l'anonymat. Le titre, qui dévissait de 11% sous le coup de cette annonce mercredi à Wall Street, évoluait déjà largement sous ce prix mardi soir à la clôture (près de 122 dollars).
M. Guiony a toutefois assuré mercredi 9 septembre : "nous n'avons jamais essayé de renégocier les termes de cette transaction". Le conseil d'administration de LVMH indique également avoir "pris note de la demande de Tiffany de repousser le délai limite de réalisation de l'accord du 24 novembre 2020 au 31 décembre 2020". Mais il ajoute aussi avoir "décidé de s'en tenir aux termes" de l'accord conclu en novembre 2019 prévoyant une date limite pour la clôture de l'opération au plus tard le 24 novembre 2020, et a "acté, qu'en l'état, LVMH ne serait donc pas en mesure de réaliser l'opération d'acquisition de la société Tiffany & Co".
Plainte de Tiffany
Dans un communiqué séparé, Tiffany a lui annoncé qu'il attaquait en justice aux États-Unis le groupe de Bernard Arnault, l'accusant d'avoir fait traîner des démarches réglementaires. Le joaillier indique avoir saisi un tribunal de l'État du Delaware : "Nous regrettons d'avoir à prendre cette décision mais LVMH ne nous a pas laissé d'autre choix que d'ouvrir une procédure de litige pour protéger notre groupe et nos actionnaires", a déclaré Roger N. Farah, président du conseil d'administration, cité dans le communiqué.
Tiffany affirme que LVMH n'avait pas, à la date du 24 août 2020, lancé certaines demandes auprès d'autorités compétentes pour leur feu vert concernant l'opération, notamment l'Union européenne ou Taïwan. "Mauvaise foi", s'est récrié M. Guiony au sujet de l'Union européenne en particulier. Selon lui, Tiffany, qui y est associé, sait très bien que les procédures sont dans une "situation extrêmement classique en matière d'anti-trust".
Le joaillier dit vouloir "obtenir une décision" du tribunal du Delaware "avant le 24 novembre, obligeant LVMH à remplir ses obligations et boucler la transaction selon les termes convenus". Tiffany a souffert de la fermeture de ses magasins en raison des mesures de confinement, enregistrant une perte nette de 65 millions d’USD entre février et avril, contre un bénéfice de 125 millions d’USD un an plus tôt. L'activité de Tiffany "est clairement solide", a affirmé mercredi 9 septembre Alessandro Bogliolo, le patron du joaillier, cité dans le communiqué. Il souligne que "le groupe est déjà revenu à la profitabilité après seulement un trimestre de pertes".
AFP/VNA/CVN