>>Fusillade à Munich : neuf morts, l'auteur un Germano-Iranien de 18 ans
Policiers et pompiers près du centre commercial Olympia Einkaufzentrum OEZ le 22 juillet 2016 à Munich. |
Policiers et pompiers près du centre commercial Olympia Einkaufzentrum OEZ le 22 juillet 2016 à Munich. Photo : AFP/VNA/CVN |
Des hurlements de sirènes qui déchirent la nuit estivale et des rues soudain désertes : Munich a connu un véritable état de siège dans la nuit du 22 au 23 juillet après l'attaque dans un centre commercial qui a fait neuf morts et dont l'auteur s'est suicidé.
Les forces de l'ordre ont un temps cru, sur la base de témoignages, que trois tireurs étaient en fuite. Il s'est avéré finalement qu'un seul homme était l'auteur des coups de feu qui ont également blessé 16 personnes: un jeune Germano-Iranien de 18 ans aux motifs non élucidés. Il s'est donné la mort après la fusillade.
Face au danger, la police de Munich a appelé les habitants de la troisième ville d'Allemagne, qui compte 1,5 million d'habitants, à rester chez eux. Les rues se sont alors rapidement vidées tandis que les transports urbains étaient temporairement interrompus dans cette ville d'ordinaire très animée, qui abrite le siège de nombre de fleurons de l'économie allemande.
Pendant plusieurs heures, plus aucun métro ni train régional n'ont circulé, et des hélicoptères ont survolé le nord de la ville où se situe le centre commercial visé, à quelques encablures du stade où se sont déroulés les Jeux olympiques de 1972. Les trains de grandes lignes s'arrêtaient en banlieue, la gare centrale de la capitale bavaroise ayant elle aussi été évacuée.
Dans un quartier proche du lieu de la fusillade, des parents et élèves célébraient la fête d'été de leur école quand ils ont été interrompus promptement, et ont filé chez eux, a constaté l'AFP. Plusieurs bars et cafés ont rapidement baissé leur rideau, tandis que la télévision allemande diffusait des images de rues désertes.
Un hélicoptère de la police a survolé une zone d'habitations à très basse altitude, selon un correspondant de l'AFP. Aux alentours du centre commercial -- qui compte quelque 130 magasins sur deux niveaux --, de nombreux véhicules de secours et de pompiers étaient stationnés. La situation est longtemps resté confuse, plusieurs témoignages semblant accréditer l'hypothèse de plusieurs tireurs.
Un policier assure la sécurité du site où s'est déroulé la fusillade à Munich. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Un homme, dont le nom n'a pas été donné mais qui était employé d'un des magasins du centre commercial, a indiqué avoir croisé un assaillant. "J'ai regardé dans sa direction, il a tiré sur deux personne et j'ai pris la fuite pour quitter le bâtiment en escaladant un mur. Et là il y avait des cadavres et des blessés", a-t-il témoigné.
Des hôtels et des habitants ont proposé des hébergements sur les réseaux sociaux aux personnes bloquées à Munich. Tandis que les forces de l'ordre bouclaient la ville, la solidarité s'est mise en place. La police a indiqué dans la nuit de vendredi à samedi que le drame était "très probablement" le fait d'un seul homme qui s'est donné la mort.
Que s'est-il passé?
La fusillade a éclaté le 22 juillet peu avant 16H00 GMT dans un restaurant McDonald's avant de se poursuivre dans une rue adjacente. Des témoins évoquent alors trois assaillants qui sont ensuite entrés dans le centre commercial situé près du stade olympique, dans le nord de la ville. Une vidéo amateur, postée sur les réseaux sociaux, montre des gens en train de fuir le restaurant et un homme vêtu de noir tirant à plusieurs reprises sur eux.
La gare centrale est dans un premier temps évacuée et les transports en commun (métro, bus, tramway) suspendus, avant de refonctionner vers 23h30 GMT. Au plus fort de l'intervention policière, le centre commercial était entouré par les forces de l'ordre, alors que des hélicoptères survolaient la ville. Il est situé non loin du lieu où un commando palestinien avait pris en otage des athlètes israéliens pendant les Jeux olympiques de 1972, tuant onze d'entre eux.
Après avoir annoncé 21 blessés, la police a réduit ce chiffre à 16 personnes, dont trois grièvement. Des enfants figurent parmi les blessés et de "jeunes personnes" parmi les décédés, selon la police. Tôt samedi matin, elle a annoncé sur Twitter que la fusillade était "très probablement" le fait d'un tireur isolé qui s'est ensuite donné la mort. Le chef de la police locale Hubertus Andrä a indiqué que l'auteur était un "Germano-Iranien de 18 ans de Munich" dont les motivations sont à ce stade "totalement non élucidées".
Évacuation du centre commercial Olympia Einkaufzentrum évacué le 22 juillet 2016 à Munich. |
Évacuation du centre commercial Olympia Einkaufzentrum évacué le 22 juillet 2016 à Munich. Photo : AFP/VNA/CVN |
Un attentat jihadiste ?
Dans un premier temps, un porte-parole de la police a indiqué à l'AFP que les autorités suspectaient un acte "terroriste". "Pour le moment, nous partons du principe qu'il s'agit d'une fusillade", a nuancé plus tard M. Andrä, ajoutant qu'on ne pouvait pour l'heure rien dire quant à une éventuelle motivation terroriste. Trois auteurs ont un temps été recherchés, avant que la piste d'un tireur unique ne s'impose.
Le motif de la fusillade n'est pas connu. Elle intervient alors que l'Europe est en état d'alerte après plusieurs attaques jihadistes notamment en France et en Belgique. Selon M. Andrä, le tueur a crié quelque chose au moment de passer à l'acte mais l'enquête n'a pour l'instant pas permis de préciser ses paroles. Mais certain médias, citant des témoins, affirme qu'il a crié "Allah Akbar" (Dieu est grand), suggérant une piste islamiste.
Un porte-parole de la police a toutefois déclaré ne pas avoir d'éléments établissant une motivation jihadiste. Ce drame est survenu aussi 5 ans jour pour jour après la tuerie d?Utøya, en Norvège, où un extrémiste de droite, Anders Behring Breivik, a massacré 77 personnes le 22 juillet 2011.
Cette fusillade survient quelques jours seulement après l'attaque de Wurzbourg, près de Munich, par un jeune demandeur d'asile de 17 ans qui a attaqué à la hache des passagers dans un train. Cinq personnes ont été blessées, dont deux grièvement. Le groupe État islamique (EI) a revendiqué l'attaque, la première que l'organisation jihadiste reconnaît en Allemagne.
AFP/VNA/CVN