>>Le Premier ministre britannique doit reprendre le travail à Downing Street
>>Le Royaume-Uni passe le cap "profondément tragique" des 20.000 morts
>>Grande-Bretagne : Boris Johnson est en très bonne forme
Boris Johnson devant le 10 Downing Street à Londres sur une photo prise le 18 mars. |
Après un mois de confinement, le chef du gouvernement conservateur est attendu sur sa stratégie, entre appels à remettre en route la machine économique le plus rapidement possible et crainte d'un relâchement qui viendrait anéantir le bénéfice des sacrifices jusqu'ici consentis. Avec 20.732 décès dans les hôpitaux de patients atteints par le COVID-19, le Royaume-Uni est l'un des pays les plus sévèrement touchés en Europe.
Le bilan s'annonce encore plus lourd avec les morts dans les maisons de retraite, qui se comptabilisent par milliers selon les acteurs du secteur. En très nette baisse, le dernier bilan communiqué dimanche recense 413 morts supplémentaires en milieu hospitalier, le chiffre le moins élevé depuis la fin du mois de mars. Le ministre de l'Environnement George Eustice a relevé au cours de la conférence de presse quotidienne de Downing Street des "signes encourageants".
L'un des responsables des services de santé britannique, Steven Powis, a souligné une réduction du nombre des patients admis dans les hôpitaux, ainsi qu'une diminution du nombre des malades en soins intensifs. Mais le gouvernement écarte tout assouplissement prématuré des mesures prises qui ferait courir le risque d'un deuxième pic. Boris Johnson, 55 ans, est rentré dimanche soir à Downing Street, selon ses services.
Depuis sa sortie de l'hôpital le 12 avril, il était en convalescence à Chequers, la résidence de campagne des Premiers ministres britanniques à une soixantaine de kilomètres de Londres, pendant que son équipe essuyait les critiques sur sa gestion d'une crise qui s'annonce encore longue. "En bonne forme", il a "hâte de reprendre les rênes lundi 27 avril", a assuré le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, qui l'a remplacé pendant son absence.
"Erreurs" et lenteur
Signes annonciateurs d'un retour aux affaires, Boris Johnson s'est entretenu au téléphone, au cours de la semaine écoulée, avec le président américain Donald Trump et la reine Elisabeth II.
Le Royaume-Uni a observé des "signes encourageants" avec une forte baisse du nombre des morts dues au nouveau coronavirus. |
Pendant son hospitalisation, le leader conservateur a passé trois jours en soins intensifs. Il a à cet égard affirmé que les choses "auraient très bien pu basculer", saluant le personnel du service public de santé britannique, le NHS, auquel il "doit la vie". "Impatient" de s'entretenir avec le Premier ministre, le chef de l'opposition Keir Starmer (travailliste), lui a adressé une lettre dans laquelle il réitère ses critiques.
Selon le nouveau patron du Labour, des "erreurs" ont été commises et le gouvernement a été "trop lent", que ce soit sur le confinement, le dépistage ou les équipements de protection dont manquent cruellement les soignants mais aussi les maisons de retraite. À l'instar de plusieurs pays européens, certaines parties du Royaume-Uni, l'Écosse en tête, ont commencé à lever le voile sur leur stratégie de sortie du confinement.
En attendant le retour aux commandes de Boris Johnson, son gouvernement s'est attaché à tempérer l'impatience. Selon Dominic Raab, le pays se trouve à une "étape délicate et dangereuse" de la crise. Le gouvernement a néanmoins annoncé qu'il prévoyait, quand le nombre des cas de contamination aura nettement reculé, de déployer une application pour retracer les contacts des personnes malades ou présentant des symptômes.
Quant aux conséquences pour l'économie, la Banque d'Angleterre a averti jeudi 23 avril que le Royaume-Uni aurait à affronter la pire récession "depuis plusieurs siècles". Martelant quotidiennement qu'il prend ses décisions sur la base des conseils des spécialistes, l'exécutif a vu éclater samedi 25 avril une polémique autour de la présence de Dominic Cummings, un conseiller controversé souvent dépeint comme le mauvais génie de Boris Johnson, à plusieurs réunions du comité scientifique chargé de conseiller le gouvernement.
Si Downing Street, étrillant au passage les médias, a souligné que les conseillers politiques ne jouaient "aucun rôle" actif au sein de ce comité, l'opposition travailliste juge que cette affaire vient mettre à mal la confiance des Britanniques dans l'indépendance de cet organisme.
AFP/VNA/CVN