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L'ex-député Zacharie Badiengila, alias Ne Muanda Nsemi, a été arrêté vendredi soir 24 avril à Kinshasa. |
L'ex-député Zacharie Badiengila, alias Ne Muanda Nsemi, a été interpellé à la mi-journée après un affrontement de près d'une heure entre la police et ses adeptes, ont indiqué les forces de sécurité. Des tirs et des détonations de gaz lacrymogènes ont été entendus, selon un témoin sur place.
L'opération avait commencé la veille quand la police avait encerclé la résidence de Ne Muanda Nsemi, qui s'était auto-proclamé président de la République démocratique du Congo début janvier en invoquant "un coup d'État divin".
Dès jeudi soir 23 avril, des dizaines d'adeptes de son mouvement "Bundu Dia Kongo" avaient défié les forces de sécurité autour de sa résidence sise le long d'une voie qui s'appelle... avenue Haute Tension.
Des officiels ont tenté de raisonner l'ex-député, dont le mouvement est à l'origine de trois épisodes de violences meurtrières ces derniers jours dans la province voisine du Kongo-Central à l'ouest de Kinshasa.
L'assaut de la police est intervenue "après échec de plusieurs négociations" pour amener Ne Muanda Nsemi à se rendre à la justice congolaise, a confirmé dans la soirée le ministre de l'Intérieur Gilbert Kankonde.
Blessé à la tête, Ne Muana Nsemi a été hospitalisé avant d'être conduit dans un commissariat d'où il doit être transféré au parquet.
Les autorités ont été longues à communiquer clairement sur le bilan humain de l'assaut.
Dans son communiqué publié vendredi soir 24 avril, le ministre de l'Intérieur évoque "un bilan provisoire" de "huit morts", sans autre précision. La mention "huit morts" a été inscrite à la main dans le corps du communiqué, qui fait état de "35 blessés" et 168 personnes arrêtées, dont huit femmes.
Séparatistes
"Du côté de la police, on a enregistré huit policiers grièvement blessés", ajoute le communiqué, laissant donc entendre que les morts se trouvent du côté des adeptes.
Joint par l'AFP, un témoin présent sur place affirme avoir vu une quinzaine de corps d'adeptes après l'assaut, ainsi que des dizaines de blessés de part et d'autre.
Des corps ont été évacués vers deux morgues de Kinshasa, a indiqué sans plus de précision une source onusienne à Kinshasa.
Dans un autre communiqué, le commissariat provincial de Kinshasa a salué le "professionnalisme" de la police, "malgré la résistance opposée" par les partisans du gourou politico-religieux, sans aucune mention du bilan humain.
La police a cependant condamné des policiers qui ont pillé "des biens trouvés dans la résidence de M. Zacharie Badiengila. Ces actes inacceptables seront punis".
La résidence de Ne Muanda Nsemi à Kinshasa, RDC. |
Photo : Reuters/VNA/CVN |
Depuis le 13 avril, une vingtaine de personnes, adeptes et policiers, ont été tuées dans trois accrochages dans la province du Kongo-Central voisine de Kinshasa, le long de la RN1.
Cette route est d'une importance vitale puisqu'elle relie Kinshasa (au moins dix millions d'habitants) à ses seuls débouchés maritimes, les ports de Matadi et de Muanda.
Partisans d'une scission d'une Kongo Central, les séparatistes du "BDK" voulaient s'en prendre aux "non-originaires" du Kongo-Central, c'est-à-dire aux Congolais venus d'autres provinces.
Fin mars, la police avait dispersé à Kinshasa un rassemblement des BDK qui violait l'interdiction de tout rassemblement public de plus de 20 personnes, une disposition de "l'état d'urgence sanitaire" décrété par le chef de l'État face au COVID-19.
Les Bundu Dia Kongo affirment vouloir reconstituer le royaume du Kongo tel qu'il existait au XVe siècle, avant la colonisation, de l'Angola au Gabon.
Ancien professeur de chimie, Ne Muanda Nsemi s'était déjà échappé de la prison centrale de Kinshasa en juin 2017.
Il avait fait sa réapparition publique début 2019 après l'investiture du nouveau président de la République Félix Tshisekedi.