>>Le gouvernement et les États américains s'écharpent sur la sortie du confinement
>>Les manifestations anti-confinement se multiplient aux États-Unis
Des émigrants à Ciudad Hidalgo, État méxicain de Chiapas, en route vers les États-Unis, en 2018. |
Élu en 2016 sur la promesse de construire un mur entre son pays et le Mexique, Donald Trump a fait de l'immigration un sujet-clé de sa présidence et de sa campagne de réélection avant le scrutin de novembre.
"Afin de protéger nos merveilleux travailleurs américains, je viens de signer un décret suspendant de manière temporaire l'immigration aux États-Unis", a-t-il déclaré lors de son point de presse quotidien.
Cette suspension, d'une durée initiale de 60 jours, vise à faire en sorte que les Américains au chômage "soient les premiers servis en matière d'emplois au fur et à mesure que notre économie rouvrira", a-t-il ajouté, assurant qu'il s'agissait aussi de "préserver nos ressources sanitaires pour les patients américains".
Contrairement à ce que le locataire de la Maison Blanche avait initialement laissé entendre, la suspension ne s'appliquera pas aux visas de travail temporaires mais aux seules cartes vertes qui offrent le statut de résident permanent.
Donald Trump à la Maison Blanche le 22 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Plus de 22 millions d'Américains ont perdu leur emploi depuis que la crise du coronavirus a soudainement paralysé l'économie.
Avec près de 46.000 décès, les États-Unis affichent le plus lourd bilan du monde. Ils dénombrent plus de 826.000 cas de COVID-19.
Et les hôpitaux dans certaines régions particulièrement touchées ont encore du mal à répondre à l'afflux de patients, alors que le pays a enregistré l'un de ses pires bilans journaliers mardi 21 avril, avec plus de 2.700 décès.
"Besoin d'emplois"
Donald Trump a toutefois jugé la semaine dernière qu'il était temps de faire "redémarrer l'Amérique", en laissant chacun des gouverneurs prendre la décision selon la gravité de l'épidémie dans son État.
Certains ont rapidement commencé à relâcher les règles de distanciation. Des plages de Floride ont été autorisées à rouvrir dimanche 19 avril, les gouverneurs du Texas et du Vermont ont prudemment relancé certaines activités dès lundi tandis que la Géorgie ira plus loin dès vendredi 24 avril.
Coiffeurs, salons de beauté et de tatouages, bowlings et autres petits commerces pourront ouvrir leurs portes bien que cet État du Sud ne réponde pas aux recommandations de la Maison Blanche, qui préconise notamment d'enregistrer 14 jours de baisse du nombre d'infections avant d'assouplir les mesures.
Son gouverneur républicain, Brian Kemp, a conseillé aux employés de respecter des distances de sécurité mais elles semblent difficiles à maintenir dans certaines de ces professions.
Du personnel médical de l'hôpital Montefiore, dans le Bronx à New York, accueille des patients atteints du COVID-19, le 7 avril. |
Dans les États encore sous ordre de confinement, des Américains multiplient depuis plusieurs jours les manifestations pour appeler à relancer l'économie.
"Nous avons besoin d'emplois. Les gens ne peuvent pas payer leurs loyers, ils ne peuvent pas s'acheter de nourriture", a déclaré Jason Roberge, venu protester mercredi 22 avril à Richmond, capitale de la Virginie.
"Liberté plutôt que peur", pouvait-on lire sur la pancarte brandie par un homme tandis que des automobilistes, agitant drapeaux américains ou au nom de Donald Trump, klaxonnaient.
Pour soutenir les petites entreprises en détresse et tenter de garantir leurs emplois, le Congrès doit approuver jeudi 23 avril un nouveau plan d'aide de près de 500 milliards d'USD, qui financera aussi les hôpitaux et renforcera la capacité de dépistage, un facteur jugé crucial pour pouvoir relancer l'activité économique.
Face aux États qui se préparent à une "réouverture", le gouverneur de New York, épicentre de la pandémie aux États-Unis, a lui lancé cet avertissement retentissant : "Nous ne pouvons pas être stupides".
"Je comprends la pression" que peuvent ressentir gouverneurs pour assouplir les règles, a déclaré le démocrate Andrew Cuomo, tout en rejetant catégoriquement l'argument voulant que la paralysie de l'économie et le confinement soient pire que le risque de voir l'épidémie se propager.
"Oui, il s'agit de votre vie (...). Vous pouvez faire ce que vous voulez. Sauf que vous êtes maintenant responsable de ma vie", a-t-il expliqué. "Il ne s'agit pas que de vous".
AFP/VNA/CVN